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L'enquête débute le 2 avril 2024. À cette date-là, Zoomdici publie un premier long article sur une anomalie concernant une vingtaine de panneaux routiers disséminés sur le bassin ponot. Ces derniers indiquent la Forteresse de Saint-Vidal comme possédant un Jardin Remarquable.

Or, ce label qui appartient à l’État, octroyé exclusivement par le Ministère de la Culture (la Drac), requiert un nombre très dense d'exigences qualitatives pour espérer le décrocher.

En Haute-Loire, un seul site le détient

Selon le site du Ministère de la Culture et celui de Parcs et Jardins, un unique lieu en Haute-Loire possède cette distinction exceptionnelle tant ses critères d’obtention sont exigeants. Il s’agit du Parc du Château Lafayette, dans la commune de Chavaniac-Lafayette.

Pourtant, le château de Saint-Vidal serait, lui aussi, détenteur d'un Jardin Remarquable d'après l'idéogramme ID 16e apposé sur les indications routières depuis... 2019.

Autrement dit, pendant six ans, en dépit des avertissements des différents préfets de Haute-Loire, Vianney d'Alençon a pu bénéficier de cette publicité frauduleuse sans que rien ne bouge à l'horizon.

"Retirer le label Jardin remarquable dont vous ne pouvez vous prévaloir"

Pour rappel, Yves Rousset, préfet de 2017 à 2019, a envoyé un courrier directement à Vianney d’Alençon. Le 18 mars 2019, il l’avertit en ces termes que "l’apposition de l’idéogramme ID 16e, marque déposée et propriété de l’État depuis 2004, n’a jamais fait l’objet d’une demande d’attribution (…) et n’a donc, de ce fait, jamais fait l’objet d’un accord de la Drac en charge de son instruction, après visite des jardins concernés".

Yves Rousset a invité le châtelain à "procéder dans les meilleurs délais à la dépose de ces panneaux afin d’y retirer le label Jardin remarquable dont vous ne pouvez vous prévaloir".

Pour que les automobilistes ne tombent plus dans le panneau

Le temps passe... et se lasse. Il a fallu attendre que Zoomdici, alerté par des passionnés du patrimoine, mettent les pieds dans le plat en avril 2024 pour que les automobilistes ne tombent plus dans le panneau.

Résultat, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Auvergne-Rhône-Alpes nous confirme, le 7 avril 2024, que la Forteresse de Vianney d’Alençon ne pouvait prétendre à ce panneau routier.

Quand la préfecture montre les muscles

Six mois plus tard, le préfet d'aujourd'hui, Yvan Cordier, avait, de son côté, assuré le 2 octobre 2024 : "Je compte bien interroger le service compétent sur la bonne complétude de la procédure. Je suis vigilant sur le sujet. J'attends encore le retour de la Drac pour voir ce qu'on peut faire à l'égard de ces panneaux".

Chose dite, chose faite. Jeudi 22 mai 2025, la préfecture nous partage ce mail : "En lien avec le propriétaire de la forteresse de Saint-Vidal, la Drac et la préfecture ont demandé le retrait de la mention « Jardin remarquable » des panneaux, compte tenu de l'actualisation de son statut. Ce retrait a été réalisé par les services du Département et de la Direction Interdépartementale des Routes du Massif Central, selon les voies concernées".

Nous avons demandé au service de l'État si Vianney d'Alençon risquait des poursuites judiciaires ou administratives, nous n'avons pas obtenu de réponse sur ce sujet. 

"Une éventuelle mise en œuvre similaire sur les panneaux situés sur le réseau national"

En fin d’année 2024, le Département a été en contact avec la secrétaire de M. d’Alençon. "Un accord a été trouvé pour procéder au masquage de l’idéogramme « Jardin remarquable » sur les panneaux signalétiques, dans l’attente d’une éventuelle demande de labellisation", souligne le Conseil départemental. 

L’intervention a été réalisée par le centre d’exploitation du Puy, qui a recouvert les idéogrammes à l’aide d’autocollants. "Environ vingt panneaux, situés sur le réseau départemental, ont été concernés par cette opération, précise le Département. Par ailleurs, la préfecture a récemment pris contact avec nos services pour connaître le procédé utilisé, en vue d’une éventuelle mise en œuvre similaire sur les panneaux situés sur le réseau national".

Vianney d'Alençon nous répond

Zoomdici a sollicité les services de Vianney d'Alençon sur le sujet. À la question de savoir si la Drac était venue sur les lieux, l'assistante du châtelain nous répond par un premier mail daté du 22 mai 2025 à 10 heures : "La Drac est venue des dizaines de fois sur le site et nous n’avons jamais obtenu de réponse au dossier déposé par les équipes de la Forteresse en 2019".

Avant de nuancer dans un second mail à 15 h 50 : "La Drac est venue des dizaines de fois dans le cadre de l’étude du Monument historique, mais pas dans le cadre du dossier de demande de classement Jardins remarquables".

Une affirmation qui confirme donc l'avertissement du préfet d'Yves Rousset, mais qui n'explique pas comment le label de l'État s'est retrouvé sur les fameux panneaux 

"Rien ne s’opposait à l’obtention de cette distinction"

Et à la question de savoir si Vianney d'Alençon compte obtenir officiellement le label, la réponse a été celle-ci : "Les jardins du château de Saint-Vidal répondent à plusieurs conditions du label Jardins remarquables à juste titre : sa composition, son intérêt historique, son intégration dans le site, la qualité de son entretien et c’est bien pour cette raison que le dossier a été déposé et que rien ne s’opposait à l’obtention de cette distinction".

Nous avons demandé aux services de Vianney d'Alençon de nous faire parvenir des photos des jardins de la Forteresse de Saint-Vidal, de cette année ou des années précédentes. Voici les trois images partagées par leurs soins :