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Antenne 4G à Mazeyrat : «Aujourd’hui, nous mourons. Pas physiquement, pas encore. Nous mourons émotionnellement »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 20/06/2022 à 17:30

Ce lundi 20 juin, plus d’une centaine de personnes s’est réunie devant la préfecture de la Haute-Loire pour entourer les éleveurs du Gaec du Coupet. Une délégation a rencontré les services de l’État pour comprendre pourquoi la décision de justice ordonnant de couper l’antenne 4G n’a toujours pas été respectée.

Devant le bâtiment public, des agriculteurs de Mazeyrat d’Allier et des communes voisines, des amis et des sympathisants, les syndicats des Jeunes Agriculteurs Haute-Loire (JA) et la FDSEA 43, des représentants de la Chambre d’Agriculture. Une centaine de personnes sont là, les visages figés, à attendre devant les portes de la préfecture. Sur place, Frédéric, Yannick, Géraldine et Nathan Salgues patientent eux aussi, las, fatigués de ce film qui ne semble pas avoir de fin.

Une centaine de personne est là pour encourager la famille du Gaec du Coupet.
Une centaine de personne est là pour encourager la famille du Gaec du Coupet. Photo par Nicolas Defay

« Pourquoi l’État ne veut pas couper l’antenne ? »

« Aujourd’hui, nous voulons rappeler à M. le préfet de faire le nécessaire auprès du ministre pour arrêter les ondes de l’antenne, souffle Frédéric Salgues. C’est vrai, ils ont jusqu’au 21 août pour décider d’une date mais la justice a exigé son arrêt pendant deux mois quoi qu’il se passe. Pourquoi attendre ? »

La mâchoire verrouillée, il ajoute : « Ça fait bientôt un an que le relais est installé, un an que mes bêtes subissent et tombent les unes après les autres. Nous avons fait toutes les analyses, fait venir tous les experts, sommes allés à toutes les audiences judiciaires. Pourquoi l’État ne veut pas couper l’antenne et vérifier si le mal à l’œuvre provient des ondes ou pas ? »

« Il est enjoint à l’État et à la SA Orange d’arrêter le fonctionnement de l’antenne de radiotéléphonie mobile implantée sur la commune de Mazeyrat d’Allier, ainsi qu’à tous les opérateurs, pendant une durée de deux mois, à compter d’une date arrêtée en concertation avec l’expert judiciaire, M. Puyt, en lien avec le préfet de la Haute-Loire, aux fins d’organisation de la sécurité et des appels de secours dans la zone concernée, la cessation de fonctionnement devant être effective dans un délai de trois mois au plus ».

La famille Salgues aux côtés des JA et de la FDSEA Haute-Loire.
La famille Salgues aux côtés des JA et de la FDSEA Haute-Loire. Photo par Nicolas Defay

« C’est notre famille entière qui dépérit. Ce Gaec, c’est notre vie »

Frédéric Salgues, visiblement à bout de ces épisodes à répétition, confie : « Chaque animal qui s’en va, chaque vache qui devient malade, chaque litre de lait en moins, c’est notre famille entière qui dépérit. Ce Gaec, c’est notre vie. Cette ferme, c’est notre pain et notre avenir. Aujourd’hui, par son silence, l’État nous montre que nous lui importons peu, finalement. Qu’une famille se meurt doucement, ce n’est pas grave. »

Il partage encore : « Peut-être que l’intérêt prioritaire de l’État est de ne surtout pas contrecarrer ses intérêts économiques. Mais nous, nous voulons juste vivre avec ce que nous avons bâti pendant des années. Aujourd’hui, nous mourons. Pas physiquement, pas encore. Mais nous mourons émotionnellement ».

45 bêtes, soit un quart du cheptel, sont mortes depuis l’installation de l’antenne 4G à 250 mètres de la ferme du Coupet à Mazeyrat. Du jamais vu, selon l’analyse des JA et de la FDSEA.

Les personnes présentes écoutent les discours des syndicats agricoles.
L'attroupement en train d'écouter les discours des syndicats agricoles. Photo par Nicolas Defay

"CE N'EST PAS DE MON FAIT", DIXIT LE PRÉFET

Après une heure de concertation avec Eric Etienne, préfet, les 9 membres de la délégation en sont sortis dépités. D'après Anne Rogues, Directrice de la FDSEA : "Le préfet nous a répété que ce n'était pas de son fait, que ce n'était pas de son ressort de décider de l'arrêt de l'antenne. Or, c'est pourtant indiqué dans le jugement rendu le 23 mai".

"Nous avons demandé une entrevue d'urgence avec le ministre Bruno Le Maire pour que les choses s'activent enfin. Ce jeudi 23 juin, nous montons à Paris pour interpeller le réseau national face à ce problème qui n'en finit pas"

« Il faut absolument que le Préfet arrête l’antenne »

Présents dans la manifestation, Claude Font et Laurine Rousset, respectivement Président de la FDSEA 43 et Présidente des Jeunes Agriculteurs Haute-Loire.

« Force est de constater que la loi ne s’applique pas, tonne Claude Font. Il faut absolument que le Préfet arrête l’antenne conformément aux décisions de justice mentionnées le 23 mai dernier. »

Sa consœur Laurine Rousset complète : « Certes, il reste du temps avant que l’échéance des trois mois soit terminée. Mais plus tôt le relais sera coupé, plus vite on saura si les ondes ont un effet néfaste sur les animaux ».

"Le Préfet nous a pris pour des moins que rien"

Contacté par téléphone, Frédéric Salgues nous confie son ressenti après sa réunion avec Eric Etienne : "Je suis sidéré, dégoûté et très inquiet. Et en plus de nous retrouver devant un mur, le Préfet nous a pris pour des moins que rien. J'ai l'impression qu'il veut seulement que l'on pète un plomb et qu'on s'attaque directement à l'antenne, rendant notre geste illégal. Je suis atterré par son attitude !"

« Que l’État s’oppose ainsi à cette décision de justice est particulièrement grave selon nous »

Après que le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rendu son jugement le 23 mai, les opérateurs Orange, SFR et Free ont fait appel au Conseil d’État le vendredi 8 juin pour contester cette exigence de couper l’antenne pendant deux mois.

Le lendemain, le Ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique saisit à son tour l’instance judiciaire. « On ne comprend pas et on peut clairement dire que nous sommes choqués !, lance Claude Font. Que l’État s’oppose ainsi à cette décision de justice est particulièrement grave selon nous. »

Laurine Rousset termine en ces termes : « Si le préfet est juste, il agira dans le bon sens. Qu’est ce que le bon sens dans cette histoire ? L’humain ou les intérêts financiers des opérateurs téléphoniques ? »

« Notre intervention est un ultimatum. Nous ne visons pas particulièrement le Préfet. Mais le politique doit prendre une décision ! Selon ce qui a été décidé ou pas, nous agirons en fonction dans les jours à venir ». Claude Font

Photo par Nicolas Defay

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