Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur
9 + 3 =
Trouvez la solution de ce problème mathématique simple et saisissez le résultat. Par exemple, pour 1 + 3, saisissez 4.

Antenne 4G à Mazeyrat : «  Faut-il arrêter l’antenne nous-mêmes ? »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 09/06/2022 à 16:45

Ras-le-bol général. Tel est le sentiment des exploitants du Gaec du Coupet et de la FDSEA sur l’immobilité des services de l’État à appliquer les dernières décisions de justice. Face au silence et à l’inaction, des démarches « sévères » vont être discutées et décidées dans les jours à venir.

Le lundi 23 mai 2022, c’est l’euphorie pour la famille d’éleveurs du Gaec du Coupet implanté à Mazeyrat d’Allier. Après plusieurs audiences judiciaires en 11 mois, la justice exige que l’antenne 4G bâtie à 250 mètres de la structure agricole soit coupée temporairement. Ceci afin que des expertises constatent ou non ses effets nocifs sur le cheptel.

D'après le jugement du tribunal administratif de Clermont-Ferrand rendu le lundi 23 mai : « Il est enjoint à l’État et à la SA Orange d’arrêter le fonctionnement de l’antenne de radiotéléphonie mobile implantée sur la commune de Mazeyrat d’Allier, ainsi qu’à tous les opérateurs, pendant une durée de deux mois, à compter d’une date arrêtée en concertation avec l’expert judiciaire, M. Puyt, en lien avec le préfet de la Haute-Loire, aux fins d’organisation de la sécurité et des appels de secours dans la zone concernée, la cessation de fonctionnement devant être effectif dans un délai de trois mois au plus ».

L'affaire dépasse le département. Frédéric Salgues interviewé par France Info.
L'affaire dépasse le département. Frédéric Salgues interviewé par France Info. Photo par Nicolas Defay

Silence de la préfecture ?

Zoomdici a sollicité les services de la préfecture de la Haute-Loire pour connaitre les décisions que le préfet Eric Etienne entend soumettre concernant l'arrêt de l'antenne ordonnée par la justice. Un possible communiqué sur le sujet est envisagé mais sans certitude.

« Nous avions effectué toutes les analyses possibles et inimaginables »

Entre temps, Orange décide de faire appel au Conseil d’État, plus haute juridiction en matière de justice, pour contrecarrer le jugement du tribunal administratif clermontois. Malgré tout, en dépit de ce pourvoi, cela ne suspend en rien la décision du 23 mai. Mais depuis cette date...rien. L’antenne émet toujours.

« C’était une grand satisfaction ce jour là !, partage Frédéric Salgues, l’un des exploitants du Gaec du Coupet. On attendait ça depuis longtemps. Au niveau des normes, nous savions très bien que les experts n’auraient rien trouvé d’anormal. Nous avions effectué toutes les analyses possibles et inimaginables avec des autopsies des animaux, des prises de sang, des analyses de l’eau, du lait, du fourrage… » Près d’une cinquantaine de bêtes sont mortes en moins d’une année, soit plus d’un tiers du troupeau.

« En attendant, mes vaches continuent de mourir, mes bêtes continuent de souffrir, ma ferme continue de sombrer. Pendant qu’ils réfléchissent derrière leur bureau, c’est l’avenir de toute ma famille qui part en lambeaux ». Frédéric Salgues

« Pourquoi je dois continuer à regarder mon cheptel crever ! »

Frédéric Salgues se désole alors : « Malgré le fait que nous ayons gagné en justice lors de la dernière audition, rien ne bouge ! Certes, le préfet et les ministères concernés ont jusqu’au 20 août pour décider du jour de l’arrêt des ondes. Mais ça fait 11 mois qu’on subit ce cauchemar chaque jour. Là, la justice s’est prononcée en notre faveur. Et nous devons encore patienter ? Mais pourquoi ? Pourquoi je dois continuer à regarder mon cheptel crever, ma production de lait s’effondrer alors que l’antenne doit être arrêtée par décision de justice ! »

« Quand l’antenne n’était pas là, le cheptel se répartissait sur toute la surface du bâtiment. Maintenant, comme aujourd’hui, elles se tiennent dès qu’elles le peuvent dans le coin le plus reculé de l’antenne ». Frédéric Salgues

Cette vache tient à peine debout, d'autres ont la mâchoires bloquée, d'autres aveugles.
Cette vache tient à peine debout, d'autres ont la mâchoires bloquée. Photo par Nicolas Defay

« Les excuses qu’on nous sert pour faire durer cette agonie sont les appels d’urgence. Mais c’est faux ! »

Aux côtés des éleveurs, le syndicat de la FDSEA est présent dans l’exploitation pour montrer leur solidarité et surtout formuler une mise en garde aux représentants de l’État. « C’est bien au préfet de notifier une date pour l’arrêt du relais !, martèle Anne Rogues, Directrice de la FDSEA Haute-Loire. Alors, qu’il le fasse enfin ! Les excuses qu’on nous sert pour faire durer cette agonie sont les appels d’urgence qui passent par cette antenne. Mais c’est faux ! Nous avons pris des informations auprès du SDIS et du SAMU. Eux-mêmes nous ont dit qu’ils fonctionnent sans. Il y a un an, quand l’antenne n’existait pas, les appels d’urgence, de secours et de sécurité passaient bien ! »

Remontée et totalement excédée par la situation, elle pose alors la question : « Faut-il arrêter l’antenne nous-mêmes ? À ce problème, nous avons décidé ensemble, agriculteurs, syndicats, élus, bureau et conseil d’administration au complet, de nous réunir ce soir ou demain pour y répondre ! »

« Avec les deux dernières décisions de justice au profit du Gaec du Coupet, deux jurisprudences ont été générées sur le sujet, ce qui est historique. Ce n’est pas le moment de lâcher ». Anne Rogues

Douze génisses épargnées un temps

Parce que les minutes qui passent dans le Gaec du Coupet sont autant de poison qui se dilue dans le corps des animaux selon les éleveurs, ces derniers ont déplacé une douzaine de génisses à quelques kilomètres de là, au vert, dans un champs. « Le comportement des animaux est visiblement à l’opposé de ce que l’on constate ici », assure Anne Rogues. Elle répète encore : « Qu’on suspende cette antenne pour prouver ou non ses effets délétères sur le troupeau ! Et qu’on laisse les experts faire leur boulot ! »

Nicolas Merle de la FDSEA, Yannick Salgues du Gaec...et l'antenne de la discorde.
Nicolas Merle de la FDSEA, Yannick Salgues du Gaec...et l'antenne de la discorde. Photo par Nicolas Defay

« Le préfet sait qu’on est sur les start in bloc, qu’on est motivés, en colère et qu’on veut une réponse maintenant ! » Anne Rogues

« Mettre en œuvre des actions syndicales bien plus sévères que de simples représentations »

Même son de cloche de Nicolas Merle, Vice-président de la FDSEA 43 et agriculteur à Saint-Martin-de-Fugères. « Le préfet nous dit que ce n’est pas lui le responsable. Les ministères concernés, à savoir celui de l’Agriculture, du Numérique et de l’Économie, nous communiquent la même chose. Ils se font passer lentement la patate chaude pendant que cette famille s’épuise à grande vitesse ».

Comme sa camarade syndicaliste, il tape du point sur la table : « Puisqu’il en est ainsi, nous allons réfléchir comment accélérer l’arrêt de l’antenne et mettre en œuvre des actions syndicales bien plus sévères que de simples représentations ».

« Orange est une grosse entreprise très liée avec l’État pour la couverture du réseau. Mais quand il y a ce genre de problèmes qui menacent l’avenir et donc la vie des personnes, l’État se doit d'intervenir au plus vite ». Nicolas Merle

 « Ce qui est certain est que l'antenne a des conséquences sur mon propre corps »

Nathan Salgues est le fils de Frédéric. Il sait son avenir professionnel des plus menacés par l'hécatombe qui touche sa ferme et ses animaux. « Qu'est ce que je peux faire ?, demande-t-il. Qu'est ce que je peux dire ? Je suis extrêmement inquiet par ce qu'il se passe. Et je suis dégouté par les pouvoirs publics qui semblent être complétement désintéressés par ce que nous vivons au quotidien ».

À la question de savoir d'où lui viennent toutes ses blessures qui maculent ses mains, il répond : « Depuis l'installation de l'antenne, j'ai des sortes de crevasses qui se forment sur ma peau. Quand je pars loin du relais pendant quelques jours, elles se referment. Est-ce que leur cause est physique ? Psychologique ? Je ne sais pas. Mais ce qui est certain est que l'antenne a des conséquences sur mon propre corps ».

Et d'après son oncle Yannick Salgues qui termine en ces mots : « Il y a une psychose qui s'est installée depuis quelques temps dans le village. Les gens se posent beaucoup de questions sur la nature des ondes et leurs effets sur eux-mêmes, leurs enfants et leur famille toute entière ».

Nathan Salgues, profondément affecté par la situation.
Nathan Salgues, profondément affecté par la situation. Photo par Nicolas Defay

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
Valider