Dans le contexte du très contesté accord de libre échange du Mercosur, des mobilisations agricoles ponctuent l’actualité. De la FDSEA à la Confédération paysanne, des opérations revendicatives et de sensibilisation à la population noircissent densément les pages des médias.
Entre les murs du Palais du Luxembourg et du Palais Bourbon, le sujet fait également trembler les bancs des parlementaires. Début novembre, d’une plume commune, Laurent Duplomb, sénateur de la Haute-Loire, et Franck Menouville, sénateur de la Meuse, proposent que soit libérée « la production agricole française des entraves normatives ».
Vulgairement, cela veut dire tapisser à nouveau et massivement les cultures françaises de pesticides pour qu’elles soient aussi compétitives que les cultures chimiquement traitées des pays étrangers. Pour la « conf » paysanne, cette analyse apparaît à la fois simpliste, dangereuse et totalement inefficace pour une équité commerciale entre les produits agricoles issus du monde entier.
« C’est un retour en arrière inacceptable et c’est un leurre ! »
« Cette idée est clairement une de celles que nous redoutions, déplore Marie-Lise Brice, porte-parole de la confédération paysanne 43. Ce sont des clauses miroirs qui n’ont aucun sens, censées garder nos standards. Les conséquences seraient une production agricole française polluée et de mauvaise qualité ». Elle lance : « C’est un retour en arrière inacceptable et c’est un leurre ! »
« On peut mettre autant de pesticides qu'on veut, ils n’arrêteront ni le gel printanier, ni les problèmes climatiques locaux »
Cette éleveuse bovin lait du côté de Craponne-sur-Arzon, experte sur le sujet, poursuit ses arguments à contre-courant de ceux du sénateur. « Laurent Duplomb affirme, en fait, qu’il est nécessaire de polluer des cultures françaises afin de produire plus et à bas-coût. Non seulement, ceci va engendrer des problèmes de santé pour toute la population du pays, mais c’est aussi une illusion d’esprit d’imaginer que cette méthode rendra nos produits compétitifs ».
Elle développe en ce sens : « Même avec la réintroduction des pesticides, le libre échange entraîne une rupture de solidarité totale entre les consommateurs et les paysans. Cette année, nous avons eu une récolte catastrophique de céréales. Les cours n'ont pourtant jamais été aussi bas parce que les récoltes ont été très bonnes en Ukraine. Donc, on peut mettre autant de pesticides qu'on veut, ils n’arrêteront ni la pluie, ni le gel printanier, ni les problèmes climatiques locaux ».
« En fait, ils vont à l'encontre de l'intérêt général »
Marie-Lise Brice termine en ces mots : « Ceux qui votent les lois, à l’instar de Laurent Duplomb, le font sans prendre en considération les petits paysans et l’ensemble de la population. En fait, ils vont à l'encontre de l'intérêt général ».
Laurent Duplomb remet en cause la Confédération paysanne
« À mon sens, la Confédération paysanne n’est plus un syndicat agricole, mais une ONG ! Qui peut dire aujourd’hui, les yeux dans les yeux aux agriculteurs, "les normes nous protègent et il faut qu’il y en ait plus", à part la Confédération paysanne ? », Laurent Duplomb.
Laurent Duplomb a tenu à ce son propos soit accompagné de deux photos issues du journal 20 minutes ▼▼▼