DYS. Trois lettres qui terrorisent les parents et affectent les enfants. DYS pour dyspraxie, dyscalculie, dysphasie, dyslexie...suivis d’une vingtaine d’autres troubles à la même racine qui ralentissent ou dévient l’enfant dans son apprentissage scolaire.
Et pendant que les copains et copines épargnés par ce dysfonctionnement surmontent sans forcer les exigences du système éducatif classique, les camarades « Dys » stagnent malgré eux et les montagnes d’efforts et de volonté entreprises.
« L’idée n’est pas de garder des enfants en dehors du schéma éducatif public. L’idée, c’est de leur permettre de rejoindre à tout moment le système classique quand ils s’y sentent prêts ». Mathilde Michel
« Les enfants qui ne se sentent pas bien dans le système éducatif traditionnel »
Après 20 ans au service de l’Éducation nationale, après quatre enfants atteints de ce genre de troubles divers et variés, Mathilde Michel ouvre une école accueillant ces élèves là. « Mais pas que !, insiste-t-elle. Le Chemin des lutins est là pour accueillir tous les enfants qui ne se sentent pas bien dans le système éducatif traditionnel. Dans ce le schéma classique, on va faire apprendre la même chose en même temps aux enfants. Pour certains, ce n’est pas possible. »
Les enfants dit « haut potentiel », c’est à dire en avance dans un domaine mais en retard sur un autre, les élèves victimes de phobie scolaire, les écoliers avec des troubles de l’attention...tous auront à la rentrée scolaire de septembre un écrin d’apprentissage scolaire adapté selon leurs atouts et leur faiblesses.
« La nature est au cœur de notre programme pédagogique. Pourquoi essayer de compter jusqu’à 5 en s’aidant d’un dé alors que l’enfant peut aller ramasser trois feuilles et deux cailloux pour ensuite les utiliser et créer quelque chose. L’important est de donner un sens à l’apprentissage ». Mathilde Michel
Orthophonistes, psychomotriciens et kinésiologues
L'école sera située dans une ancienne crèche au cœur du quartier de la Bouteyre à Chadrac. « Pour l’instant, les ouvriers sont en train de rénover l’intérieur, décrit Mathilde Michel. Elle sera composée d’une grande salle de classe pouvant accueillir jusqu’à 24 élèves, une pièce réservée à la sieste des plus petits, une salle de lecture, une cuisine et des toilettes adaptées pour les Personnes à Mobilité Réduite et les enfants en bas âge. »
Elle soulève également : « Un espace est destiné aux professionnels tels que les orthophonistes, psychomotriciens et kinésiologues qui graviteront autour des enfants ».
« Les grands aident les petits, les petits sont stimulés par les grands. Tout le monde est gagnant »
Mathilde Michel a choisi le modèle de la classe unique pour dispenser plusieurs pédagogies combinant entre autres les pratiques Montessori, Freinet et par la Nature.
« L’école a été pensée en multi-niveaux dans un même espace pour les enfants de 3 à 11 ans, de la Petite section à la Sixième. C’est un choix qui permet d’apporter une richesse incroyable avec le rassemblement d’âges différents. Les grands aident les petits, les petits sont stimulés par les grands. Tout le monde est gagnant ».
Concernant l’encadrement éducatif, cela dépendra du nombre d’élèves inscrits à la rentrée. « On aura bien évidemment un enseignant au centre du dispositif, explique la future directrice. Il sera accompagné par des intervenants bénévoles ou sous contrats aidés. » Elle ajoute : « Marion Viennot, spécialiste des troubles du langages, diplômée en musicothérapie sera un pilier de l’équipe en place ».
« Entre 1 900 et 2 300 euros par année scolaire »
Le Chemin des lutins est une école alternative privée hors contrat. Elle n’est rattachée à aucune religion ni aucune entité issue d’une mouvance sectaire ou ambiguë. « Parce que nous ne sommes pas sous contrat avec l’Éducation nationale, nous devons nous autofinancer par le biais des inscriptions, des dons et du mécénat, admet Mathilde Michel. Afin que l’école soit accessible au plus grand nombre, j’ai opté pour des tarifs d’inscription en fonction des coefficients familiaux. La fourchette se situera ainsi entre 1 900 et 2 300 euros par année scolaire ».
Une vision sur l’avenir ? « Pour l’instant, j’ouvre sans le collège car ce n’est pas dans mes compétences. Mais à voir plus tard ! Mettre une modalité pour accueillir les enfants jusqu’à la troisième, pourquoi pas. Cela dépendra du budget et comment payer les enseignants supplémentaires ».