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« Dessous la dure écorce » : Une ode à la fragilité et la beauté du monde

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 19/05/2022 à 06:00

D’innombrables élèves la connaissent comme la « prof » d’italien au lycée Roche Arnaud. D’innombrables militants l’écoutent régulièrement dans les manifs sous la bannière de la FSU. Aujourd’hui romancière, Louise Pommeret présente son premier ouvrage, un récit de « lutte contre la maladie qui ronge les corps, un récit de lutte contre les puissants qui abîment la terre de la Haute-Loire ».

« D’un geste de la main, Camille indiqua le futur tracé : il faudra détruire tout ça, abattre les arbres, effrayer les nids, piétiner les pieds de myrtilles, écraser les ronces, renverser les murets que d’autres avaient mis des années à bâtir et des décennies à entretenir ».

Camille, c’est le personnage principal de « Dessous la dure écorce ». « Cette femme est prise en étau entre deux combats et sur deux scènes différentes, explique la romancière Louise Pommeret. Sur la scène publique et politique, elle est engagée dans un collectif de militants, d’habitants, et de paysans résidant dans le Meygal, luttant contre le projet d’une déviation routière entre deux villages ».

Elle continue : « Pour le côté privé, Camille accompagne son père dans la maladie, un cancer qui l’étouffe lentement jour après jour ». Le père et la montagne, le corps et la terre, atteint chacun par des tumeurs qui les consument indéniablement. « Le mal que subissent le père de Camille et les montagnes du Meygal investit tous les recoins sur son passage. Ces deux corps fragiles, ces deux natures vivantes, deviennent alors une Zone À Défendre ».

La sortie en librairie du roman "Dessous la dure écorce" des éditions de L'Aube est prévue ce jeudi 19 mai

À la rencontre de l'auteure...

Louise Pommeret dédicace son roman ce samedi 21 mai entre 10 et 12 heures à la libraire L’arbre à livres au Puy-en-Velay.
Et le 19 juin, au café des Huches à Saint-Etienne Lardeyrol.

« Dessous la dure écorce » est publié aux éditions de L’aube dans la collection Regards Croisés.
Prix : 21 euros.

Le même mal qui trace sa route

« Cela faisait longtemps que je voulais écrire quelque chose sur la maladie, confie Louise Pommeret. Enfant, j’ai vécu le cancer avec mon père. Mais je n’arrivais pas à saisir le déclic, l’étincelle pour me lancer. Quand le lancement du grand chantier de la Région concernant la RN 88 a été médiatisé, j’ai trouvé là une analogie logique entre les deux combats ».

Quand les nodules se repaissent des poumons et du corps de Gilbert, le père de Camille, alimentés par toutes ces années à étaler du goudron par terre, l’autre cancer colonise des territoires de nature, des coins de vie et de verdure pour « soumettre à sa logique productiviste, sa logique de profit, une logique qui est à l’exact contraire de celle de la montagne ».

Aux premiers jours du printemps, Camille apprend que son père est atteint d’un cancer : la tumeur essaime à toute vitesse et trace sa route dans le corps qui tente de se défendre. Au même moment, les autorités donnent leur aval à un immense chantier qui va détruire le massif du Meygal et le vivant qui s’y niche.

"Dessous la dure écorce" est l’histoire d’une double lutte. La scène politique, où un petit monde militant s’acharne à porter les voix de la montagne et à faire vivre des solidarités abîmées. La scène privée, qui réunit père et fille dans le combat contre une maladie qui révèle les échecs d’une vie soumise au travail. La résistance de Camille ouvre peut-être une chance de renaître au pays des sucs volcaniques, raconté dans ses rythmes et ses couleurs, son abondance et sa précarité.

« L’angoisse que peut susciter la perte de cette beauté ! »

Gilets jaunes dans les ronds-points. La RN 88. Le Meygal, La préfecture du Puy-en-Velay. La lutte des Sucs... Si le roman foisonne de noms et d’événements que les Altiligériens connaissent, le roman reste une fiction inspirée de la réalité. « C’est un roman qui est très enraciné en Haute-Loire, admet Louise Pommeret. À travers lui, je pense que j’ai voulu témoigner de la beauté immense de ce département duquel je suis tombée amoureuse en m’installant ici il y a cinq ans. » Elle ajoute : « Et aussi de l’angoisse que peut susciter la perte de cette beauté ! »

Chaque mot est pesé au milligramme dans les 280 pages du roman.
Chaque mot est pesé au milligramme dans les 280 pages du roman. Photo par Nicolas Defay

« Des êtres fragiles mais des êtres plus forts que tout »

Beaucoup de mots hurlent des maux. Et « Dessous la dure écorce » est une ode à la fragilité et la beauté du monde. Mais c’est aussi une déclaration d’amour pour les petits contre les grands, les invisibles contre les puissants. « Dans le livre, j’ai tenté de mettre à l’honneur un autre pan de ce qui fait la beauté avec un grand B, livre Louise Pommeret. Celle des relations humaines, des liens qui peuvent se tisser dans un territoire entre les habitants, des gens optimistes et idéalistes, des êtres fragiles mais des êtres plus forts que tout. »

En une phrase, elle résume alors la puissance des histoires et des héros cachés sous l'écorce des pages : « En fait, j’ai voulu célébrer la beauté d’un monde qui ne se résigne pas, un monde qui ne se résignera jamais ».

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