Le cadre est à la hauteur de l’évènement. Sur les terres de Françoise Balme Du Garay, propriétaire du château de la Durianne au Monteil, deux magnifiques rapaces ont découvert leur nouveau chez-soi, après avoir passé quelque temps dans la clinique de la Ligue de Protection des Oiseaux clermontoise.
« Nous en avons déjà lâché trois, hier, dans la ferme de Claude Vérot à Rosières, précise Franck Chastagnol, très grand défenseur des oiseaux au sein de la LPO. Aujourd’hui, nous allons installer deux autres chouettes effraies, toutes deux âgées de deux mois, dans un nichoir au château de la Durianne ».
Il poursuit : « La propriété de Françoise Balme du Garay est idéale, car c’est une ferme en bio, donc dénuée de pesticide. Il y a de grands espaces, des arbres et l’altitude est appropriée. Une chouette effraie ne s’aventure guère à plus de 800 mètres d’altitude ».
Une Dame blanche de plus en plus rare
L’érudit des volatiles explique encore que « L’Effraie des clochers » ou « Dame blanche » est clairement en voie de disparition. Selon les données des naturalistes et des associations spécialisées, il ne resterait à peine qu’une trentaine de couples en Haute-Loire. Entre 10 000 et 20 000 de ces rapaces disparaîtraient du ciel de France chaque année, fauchés par la route et les empoisonnements.
« Les petits sont nés au début du mois d’octobre. On espère qu’ils pourront prendre leur premier envol à la fin du mois de novembre ». Franck Chastagnol
« La fermeture des greniers, des clochers ou encore des pigeonniers ont privé les chouettes de nombre d’abris indispensables à leur survie et à leur reproduction, se désole Franck Chastagnol. D’autant plus qu’en général, une femelle ne fait qu’une nichée dans l’année, parfois deux exceptionnellement ».
« C’est un oiseau extrêmement silencieux grâce à ses plumes en forme de peigne »
Le chargé de mission de la Ligne de Protection des Oiseaux Haute-Loire tient l’un des deux seigneurs de plume. L’animal majestueux est grand comme l’espace de deux mains. Son visage est incroyable, dessiné d’un cœur blanc entouré d’un plumage à la teinte cuivrée.
En dépit de la douceur de son corps, soyeux comme un duvet, l’oiseau porte un bec acéré tout autant que les serres qui terminent ses fines pattes. « À l’âge adulte, elle pèse 300 grammes environ, avec une envergure de 90 centimètres, nous éclaire Franck Chastagnol. En vol, c’est un oiseau extrêmement silencieux grâce à ses plumes en forme de peigne qui lui permettent de planer en pleine discrétion. C’est de cette façon qu’elle peut surprendre ses proies qui sont principalement des rongeurs ».
La LPO pose gracieusement des nichoirs à qui veut contribuer à sauver les rapaces. Ces dispositifs sont fabriqués par les bénévoles de la Ligue et sont installés dans une grange ou un pigeonnier, à la campagne ou à la ville. Contact : 04 37 61 05 06
Quand la bêtise humaine tue
Si un oiseau portait bien son nom, c’était la chouette effraie. Jadis, au temps où la religion apparaissait comme la Vérité et les superstitions des faits avérés, la chouette représentait une sérieuse menace pour la paix de l’âme.
Au Moyen Âge et jusqu’au XXᵉ siècle, c’était elle qu’on clouait contre les portes pour conjurer le mauvais sort. La raison ? Elle était associée à la tromperie, profitant de la nuit pour chasser au moment où ses proies évoluaient en aveugle, pendant qu’elles volaient dans le noir, le regard clair.