Ils étaient un peu plus d' une centaine, ce jeudi matin, à manifester devant la préfecture du Puy. L’appel, national, était lancé par neuf syndicats de retraités. Ils réclament une revalorisation des pensions face à la flambée des prix, un bulletin de pension papier, une sécurité sociale à 100%, la création de centres de santé publics, ou encore un service public de l'aide à l'autonomie à domicile et en établissement.
Quelque 120 personnes se sont rassemblées sur la place du Breuil, au Puy-en-Velay ce jeudi 24 mars 2022. La CGT (Confédération Générale du Travail), FO (Force Ouvrière), la FSU (Fédération Syndicale Unitaire) étaient présents pour manifester sur la situation des retraités et se battre contre les réformes actuelles et à venir.
« Comment vivre décemment ? Entre une retraite qui augmente seulement de 1,1% par an et une inflation à 4 ou 4,5% ? », scande Gilbert Ducarouge, représentant FSU. La situation économique, la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine... tous ces facteurs impactent sévèrement la vie des Français, et parmi eux, pas moins de 15 millions de retraités. Sous les couleurs de leurs drapeaux respectifs, les syndicats sont unanimes sur leurs revendications.
Des pensions déséquilibrées entre les hommes et les femmes
Le pouvoir d'achat en priorité. Gilbert Ducarouge déplore : « la situation est d'une gravité extrême ; intenable ». Il cite des sources de la CARSAT (Caisse d'Assurance Retraite et Santé au Travail) chiffrant « la retraite moyenne en Haute-Loire à 729€ par mois et avec une distorsion entre les hommes et les femmes ».
La fermeture des services publics et la dématérialisation sont visés comme deuxième angle de tir. « Non ! La Maison France Services ne remplace pas les services publics ; ce n'est qu'un palliatif », assure Sabine Bouquet, secrétaire de l'Union départementale des retraités CGT. D'après elle, il est indispensable que les retraités puissent encore et toujours rencontrer en personne les différents prestataires : « mettre quelqu'un derrière un ordinateur qui traite les demandes est une déshumanisation des services ». L'expansion de la dématérialisation est « une exclusion claire des retraités », explique-t-elle. Sabine Bouquet rappelle que s'équiper en informatique a un coût, tant au niveau du matériel que de l'abonnement mensuel.
La santé et la dignité au cœur des revendications
Joseph Deléage, représentant FO, s'oppose fermement au départ en retraite à 65 ans. « On veut pouvoir partir du travail en bonne santé ; la retraite à 62 ou 63 ans aujourd'hui, c'est déjà presque trop... ». Il considère que l'ajout de trimestres de cotisations est « une régression sociale de 40 ans ».
Les représentants syndicaux souhaitent également que les personnes âgées puissent vivre dignement dans les EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Pour cela, ils demandent des contrôles stricts de ces établissements, dernièrement connus pour leurs dérives. « Il est nécessaire d'augmenter le nombre de personnel, un soignant pour un résident », clame-t-il. Quant à la prise en charge de la dépendance, Sabine Bouquet estime qu'elle doit impérativement être « incluse dans le cadre de la solidarité commune et des budgets de la sécurité sociale ».
La dernière revendication porte sur le système annuel de revalorisation des retraites, considéré désuet et peu productif.
Une rencontre a eu lieu, peu avant le rassemblement, entre les divers syndicats et Raphaëlle Korotchansky, sous-préfète au plan France Relance en Haute-Loire. Gilbert Ducarouge (FSU) déplore l'absence du préfet Eric Etienne puisqu'il explique se confronter à « un interlocuteur dépourvu de moyens de décision ». En somme, aucune réponse n'est apportée aux manifestants si ce n'est la promesse de faire remonter leurs revendications.
Ce jeudi marquait la 12e mobilisation des retraités depuis le début du quinquennat
« Les retraités sont les oubliés de ce quinquennat, nous refusons d'être les invisibles du prochain » ; c'est sur cette phrase, assumée par Gilbert Ducarouge que l'événement se termine. Certains des manifestants se rejoignent autour de la buvette installée par la CGT. « On voulait que les gens puissent se retrouver pour un moment convivial après le rassemblement », sourit l'une des bénévoles.
Laura Badiou