Ensemble, ils démontrent une force et une volonté impressionnantes, une solidarité aussi dense que rapide. Ensemble, ce sont les habitants de la Haute-Loire, les entreprises, les institutions et les collectivités. Afin d’illustrer ce mouvement d’entraide, la presse a été conviée à l’initiative du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) dans ses locaux à Taulhac pour constater comment le fait de serrer les coudes peut déplacer des montagnes.
« C’est une initiative nationale, précise Bernard Souvignet, président de l’Association des Maires de France 43. Mais on ne peut que se féliciter de l’engouement des Altiligériens et de toutes les forces vives du département à se mobiliser aussi vite et avec autant d’entrain ! »
Du foyer altiligérien aux familles ukrainiennes
D’après Bernard Souvignet, les dons des citoyens arrivent par centaines et de façon quotidienne. Ils sont déposés dans les 257 mairies que compte la Haute-Loire ou les 58 points de regroupements du SDIS qui maillent le département. Ils sont ensuite regroupés dans les trois grands centres des pompiers au Puy-en-Velay, Yssingeaux et Brioude.
Au final, ils sont confiés à la Protection Civile dont les services se chargeront de les acheminer soit en Ukraine directement, soit dans les pays voisins tels que la Pologne ou la Roumanie, pays accueillant des milliers de nouveaux réfugiés chaque jour.
« Actuellement, ce sont 2 millions de personnes qui ont fui l’Ukraine, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées. Il est fort probable que ce chiffre atteigne les 5 millions à la fin du mois, soit 10 % de la population ukrainienne ». Olivier Cigolotti, sénateur de Haute-Loire, vice-président de la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées
Une liste précise des dons à fournir
Même du côté des entreprises, la solidarité galope. « Par exemple, l’entreprise Multitransport nous a proposé deux semi-remorques et ses conducteurs pour acheminer les produits en Pologne », explique le Capitaine des pompiers Jean Pestre.
À propos des articles donnés, le Colonel des pompiers Christophe Glasian rappelle l’importance de bien respecter la liste précise des dons souhaités. « Nous recherchons exclusivement des lits de camps, des sacs de couchage, des couvertures de survie, du matériel électrique comme des projecteurs, des rallonges ou des générateurs ».
Il continue encore : « Concernant l’hygiène, nous manquons de gels et savons corporels, du dentifrice, des brosses à dents, des couches et du lait maternisé, des médicaments non périmés, des serviettes hygiéniques, des rasoirs... »
« 2 500 ressortissants ukrainiens ont pour l’instant été accueillis en France. Beaucoup de réfugiés préfèrent rester dans un pays frontalier à l’Ukraine comme la Pologne, la Roumanie ou la Hongrie, en espérant un règlement de crise rapide et favorable. » Olivier Cigolotti
« Tout le matériel de secours est vivement attendu ! »
Enfin, à destination des structures médicales et paramédicales, le SDIS lance un appel dans le même sens : « Des gants à usage unique, des masques chirurgicaux, du matériel de suture, des blouses médicales, des bandages élastiques, des garrots, des lecteurs de glycémie, des pansements, des solutions antiseptiques, des respirateurs, défibrillateurs et moniteurs…, décrit Christophe Glasian. Tout le matériel de secours est vivement attendu ! »
Son collègue Jean Pestre mentionne aussi que les dons financiers sont les bienvenus, nécessaires pour l’achat de matériel spécifique en particulier médical. Dans ce cas-là, les chèques remis dans les mairies ou les points de regroupements des pompiers sont à libeller à l’ordre de « UDSP 43-Ukraine ». (UDSP : Union Départementale Sapeurs Pompiers)
« Depuis la fin du conflit mondial de 1945, nous n’avons pas connaissance d’un afflux aussi dense de personnes déplacées en proportion de la population d’un pays ». Olivier Cigolotti
« Il faut que les dons soient acheminés aux bons endroits et aux bonnes personnes »
« C’est juste beau, cette solidarité !, partage Marie-Agnès Petit à la tête du Conseil départemental. La Haute-Loire est fortement mobilisée comme à son habitude. Et je constate aussi l’importance de la coordination qui est mise en action pour récolter, acheminer et confier les dons jusqu’à la Protection civile ».
À ses côtés, le préfet Eric Etienne soulève plusieurs sujets. « Le partenariat est exemplaire. Mais la collecte doit être très organisée pour être efficace. Aussi, il faut que les dons soient acheminés aux bons endroits et aux bonnes personnes ».
« Avant le début de la crise, il y avait un peu plus de 2 000 ressortissants français en Ukraine. Depuis lundi 7 mars à 18 heures, nous pouvons affirmer qu’il ne reste plus qu’environ 300 Français dans le pays assiégé ». Olivier Cigolotti
Protection temporaire... qu'es aquò ?
Elle découle d'une directive européenne adoptée le 20 juillet 2001. Elle est accordée à un groupe, dans son ensemble, qui fuit un conflit. L'objectif ? Eviter l'engorgement des systèmes d'asile alors que l'on sait d'office que ces personnes répondront aux critères de protection. Depuis sa création, la directive n'a jamais été appliquée.
« Nous avons déjà recensé plus de 450 couchages assurés en Haute-Loire »
L’accueil des réfugiés est un autre point souligné par Eric Etienne. « Actuellement, nous avons déjà recensé plus de 450 couchages assurés en Haute-Loire. En parallèle, la préfecture délivrera des protections spéciales et temporaires d’un an et renouvelables plusieurs années aux réfugiés accueillis chez nous. Il faudra urgemment penser à la question scolaire des ressortissants, les questions de santé, de protection sociale, de traduction... »
« En Haute-Loire, des entreprises en souffrent et bientôt l’ensemble des citoyens »
Pour terminer, le préfet de la Haute-Loire s’inquiète des répercussions à long terme du conflit. « Nous effectuons à la fois une sortie de crise sur le sujet du Covid et une rentrée de crise avec la guerre menée par Vladimir Poutine, lance Eric Etienne. Il va y avoir des conséquences économiques très marquées et négatives au niveau des importations et des exportations. Déjà en Haute-Loire, des entreprises en souffrent et bientôt, par ricochet, l’ensemble des citoyens ».