Toutes les générations étaient présentes en ce samedi 5 février dès 14 heures à la place Cadelade au Puy-en-Velay. Enfants, parents, grands-parents, syndicats affichés ou pas, partis politiques, Resf 43, la Ligue des Droits de l’Homme, Attac, associations diverses et variées, ou simple électrons libres, dense a été le cortège pour combattre leur ennemi commun : l’extrême droite, le fascisme et le capitalisme.
« Alerta, alerta antifascita ! ». « Siamo tutti antifascisti ». « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! »...Les gorges ont scandé des slogans plus de deux heures durant en longeant le périmètre interdit par l’arrêté préfectoral acté le jeudi 3 février. Les participants ont remonté le boulevard du Breuil, emprunté le boulevard Alexandre Clair, descendu celui du Président Bertrand, pour finalement s’immobiliser devant la préfecture, lieu des discours.
« Si nous laissons installer cette pandémie d’idées nauséabondes, alors il sera trop tard »
« Je suis là car il est urgent de soigner cette gangrène avant qu’elle ne s’étende totalement au corps de la société et de la politique, insiste un manifestant trentenaire. Regardez ce qu’il se passe au Puy et dans le département ! Cette librairie des Arts Enracinés qui est un repère de fascistes en plein cœur de ville, la présence de Jeune Nation et de Civitas dans certaines manifestations, des templiers illuminés qui jouent aux soldats de Dieu, des autocollants de la Rose Blanche retrouvés un peu partout...»
Il martèle bruyamment : « L’urgence est là ! Si nous attendons trop, si nous laissons installer cette pandémie d’idées nauséabondes, alors il sera trop tard pour soigner ce mal ! »
« La libraire n’est pas arrivée là par hasard. Elle est là parce qu’il y a un terreau. L’extrême droite intégriste catholique essaie de placer ses billes sur le Puy depuis un moment, déjà ». Aurélien de RAFAHL
Une autre manifestation en même temps
La traditionnelle mobilisation anti-pass était également de la partie mais nettement moins dense avec une cinquantaine de personnes. Ils ont emprunté un itinéraire différent pour ne pas se confronter aux autres manifestants, animés par des luttes et des sensibilités différentes.
« Ce n’est pas une librairie, c’est un local d’extrême droite »
Sylvain, membre du RAFAHL, explique le pourquoi de ce collectif. « Le groupe s’est créé suite à l’implantation de la librairie fasciste, rue Raphaël. D’autre part, l’extrême droite ne cesse de germer un peu partout dans le département, surtout depuis quelques mois. La présence des nationalistes à Saint-Jeures, Araules, Recharinges...la montée de l’extrême droite est claire ! »
Aurélien, lui-aussi adhérent au RAFAHL, évoque leur combat contre la librairie des Arts Enracinés. « Cette librairie, en vrai, elle est ridicule ! Ils ont cinq bouquins horribles qui se battent en duel et ils n’ont pas de clients. C’est pas eux le danger. Le danger est que ce commerce représente un point d’ancrage pour tous les faschos du coin et au-delà. Ce n’est pas une librairie, c’est un local d’extrême droite ».
Il ajoute : « On a rien contre les librairies ! Les livres et la culture, c’est très important. Mais là c’est un repère de partisans d’extrême droite, très actifs pour diffuser leurs idées immondes et attirer d’autres groupes extrêmes comme ce qui est en train de se passer au Puy et en Haute-Loire ».
« Grâce aux actions de ceux qui nous veulent du mal, la librairie a de plus en plus de succès. Ils médiatisent notre activité. Ce qui est bien pour nous ». Maxime Sanial, patron de la librairie des Arts Enracinés.
« Ce sont eux qui m’ont cassé ma devanture récemment »
La mobilisation a été suivie par une poignée de policiers. Néanmoins, dans le centre de la cité ponote, ce sont plusieurs cars de CRS qui ont été déployés pour sécuriser tous les accès à la librairie des Arts Enracinés. Son patron, Maxime Sanial, croix noire celtique accrochée sur sa chemise, porte un regard sceptique sur ces mobilisations. « Ce sont des gens qui nous accusent d’être violents alors que ce sont eux qui m’ont cassé ma devanture récemment. Ils veulent interdire une librairie, donc ils revendiquent le monopole de la culture. C’est vraiment navrant ».
À la question de savoir s’il a peur de cette fronde dirigée contre lui et sa boutique, il répond : « Pas vraiment car il y a la police qui nous protège tout le temps et nous avons des amis qui sont là au cas où pour sécuriser. C’est vrai que ça nous ne laisse pas indifférents mais cela renforce notre volonté de continuer à diffuser ce que l’on croit être bon. Nous sommes pour l’instant les seuls à le faire ici ».
D’après le collectif RAFAHL, d’autres mobilisations auront lieu « tant que cette librairie sera là et active. Nous marcherons, nous gueulerons, nous chanterons et nous continuerons sans relâche et sans fatigue ce combat contre cette bête sournoise, fléau de la société et de l’humanité toute entière que représente l'extrême droite ».
Ambiance de la manifestation contre les idées d'extrême droite ▼