Partout le même bruit. Celui des pelles en métal qui raclent le béton et le goudron dans les rues du Monteil et des Moulins, à Brives-Charensac.
Des enfants, leurs parents et grands-parents, des cousins, des amis, des voisins… devant les maisons situées entre le square Jean Moulin et le secteur des Bories, c’est un spectacle dantesque qui se joue. « Nous enlevons la boue qui s’est engouffrée de partout dans notre notre garage, notre salon et notre cuisine, montre la propriétaire d’une maison dressée à quelques mètres de Loire. Plein de choses sont foutues, pourries et irrécupérables. On a l’impression qu’on n'arrivera jamais à ôter toute cette saleté ».
« J’ai le cœur lourd, ce matin »
Elle souffle : « J’avoue que là, j’ai un peu les jambes coupées devant l’ampleur de la tâche. Et c’est sans parler encore des assurances qui vont tout faire pour ne rien payer ou nous demander des documents qu’on n’aura pas. J’ai le cœur lourd, ce matin. »
Des matelas imbibés d’eau marron, des tables et des portes, des meubles, des jouets, des tapis… impossible de répertorier toutes les choses exposées sur les trottoirs devant chaque habitation endommagée.
« Les éléments que nous avions hier soir décrivaient déjà un bilan dramatique et catastrophique. »
Le maire de la ville, Gilles Delabre, et son premier adjoint, Jean-Paul Bringer, passent de maison en maison, d’immeuble en immeuble, soutenir les gens et les équipes à l’œuvre dans cet énorme chantier. « Actuellement, nous sommes en train de faire le point et le diagnostic, partage ce dernier. Les éléments que nous avions hier soir décrivaient déjà un bilan dramatique et catastrophique concernant les équipements de la commune ».
Il décrit : « Le boulodrome, la passerelle de la Chartreuse et l’aire de jeux pour les enfants sont dévastés. La problématique qui reste la plus importante est celle des personnes impactées. Car elles sont nombreuses à avoir leur maison lourdement touchée. »
« Je n’ose imaginer ce qu’il se serait passé si les travaux du plan Loire de 1996 n’avaient pas été réalisés ! »
Jean-Paul Bringer ajoute : « Ces habitants ont l’habitude d’être confrontés à ce genre d’écueil. Mais personne ne s’attendait à ce que cette crue soit aussi forte que celle de 2008. Et je n’ose imaginer ce qu’il se serait passé si les travaux du plan Loire de 1996 n’avaient pas été réalisés ! »
D’après l’élu, il a été mesuré 1 200 m³ d’eau à Goudet, au plus fort du débit, le jeudi 17 octobre. À titre de comparaison, c’est 2 000 m³ d’eau lors de la crue mortelle de 1980
« Nous nous attendions à ce que bien plus de communes nous apportent leurs aides. »
Gilles Delabre, sur le pied de guerre depuis les premières alertes, met en exergue un certain élan de solidarité… qu’il souhaiterait plus dense : « La commune d’Espaly-Saint-Marcel et celle du Puy-en-Velay sont venues nous prêter main forte avec des agents et du matériel. Mais pour être franc, nous nous attendions à ce que bien plus de communes nous apportent leur aide. »
« Elle était désespérée de voir toute cette eau chez elle. »
Concernant les habitants, le maire de Brives-Charensac, partage : « Beaucoup se sont évacués eux-mêmes, en allant chez des amis ou auprès de leur famille. Pour ceux qui avaient des étages, ils se sont réfugiés en hauteur. »
Avant de terminer : « Mais il y a des conséquences psychologiques à tout ça, comme pour cette dame âgée que j’ai rencontrée ce matin. Elle était désespérée de voir toute cette eau chez elle. J’ai préféré appeler les pompiers pour qu’ils la prennent en charge, inquiet qu’elle ne supporte pas le choc et soit victime d’un ennui de santé. »
Ci-dessous, une vidéo et des photos témoignant du désordre engendré par le crue 2024 à Brives-Charensac ▼