« C’est vrai qu’il est plus pâlichon que d’habitude, partage Didier, un habitant de la commune d'Espaly-saint-Marcel, promenant son chien à proximité de la Borne. Mais ça ne me déplaît pas. On va s’y habituer avec le temps ».
Michelle, septuagénaire, confie de son côté : « Je préférai vraiment le beige d’avant ! Peut-être que les années vont lui faire prendre des couleurs. Là, on dirait presque une statue en plastique. Il n’y a plus de relief ».
« Comme ça, il est très bien en crème. Couleur de la pureté pour un saint. C’est normal ». Le graffeur Dege, fine fleur des couleurs et des nuances
Sollicités également sur la toile pour connaître les avis, les commentaires s’entrechoquent.
« Pureté, lumineuse et simplicité, écrit Patricia. J’ai été impressionnée par la beauté de la statue. Cependant, les maisons et les rues devraient être aménagées pour une valorisation de l’ensemble du patrimoine local ».
Séverine, autre internaute, lance : « C’est juste horrible cette couleur. Je l’ai vue 40 ans en beige. Ça me choque ».
La statut Saint-Joseph fait partie de l'horizon espaviot depuis plus d'un siècle.
Photo par Nicolas Defay
« Les habitudes créent un lien fort à notre environnement quotidien. Alors ce léger changement de teinte paraît pour certain plus violent ». Sonia
« Cela renvoie à la pureté, le religieux, la spiritualité, la sobriété »
Enfin, Sonia développe, quant à elle, la symbolique de la couleur : « Au-delà des "j’aime, je n'aime pas" qui est une appréciation propre à chacun, je préfère me concentrer sur ce que renvoie le blanc. C’est, il me semble, une teinte adaptée à un saint. »
Elle ajoute : « Cela renvoie à la pureté, le religieux, la spiritualité, la sobriété. Les habitudes créent un lien fort à notre environnement quotidien. Alors ce léger changement de teinte paraît pour certain plus violent. Une mise en lumière de la statue par ce blanc est plutôt intéressante ».
Le Saint homme, âgé à présent de 116 ans, pourra bientôt exposer son corps tout neuf et accueillir de nouveau les visiteurs avant la fin de cette année
Selon maintes sources, le blanc caractérise la pureté, l'innocence, le mariage...
Photo par Nicolas Defay
Mais la Vierge serait-elle alors un brin coquine ?
Si, effectivement, le blanc caractérise une image de pureté, voir de virginité, pourquoi la femme de Saint-Joseph, dressée à quelques encablures de son époux, est toute de rouge vêtue.
D'après d'innombrables sources, le rouge est décrit à chaque fois comme symbole de la vie et de courage, mais également de passion, d'érotisme, de séduction, de feu et d'interdit. « Je me suis aussi poser la question pour le rouge de la statue de la Vierge au Puy, admet Sonia. Je n’ai rien trouvé de pertinent. »
Elle poursuit : « Elle a revêtu plusieurs couleurs au fil du temps pour arriver au rouge. Le choix de cette couleur n’est certainement pas là par hasard. Elle est hautement symbolique même si le discours officiel est plus banal ».
La statut Notre-Dame-de-France, debout sur le Rocher Corneille.
Photo par François Villesèche
« Le rouge renvoie effectivement à des valeurs contradictoires, à la fois à la vie et à la mort, au pouvoir »
Sonia précise en ce sens : « Le rouge renvoie effectivement à des valeurs contradictoires, à la fois à la vie et à la mort, au pouvoir, etc. Mais le rouge a aussi une forte symbolique dans la religion catholique, porté par certains religieux. On peut supposer qu’elle incarne la force de la vie, mais c’est juste une hypothèse… et une « jolie » vision assez simpliste. C’est très intéressant de regarder le symbolisme des couleurs à travers les époques et les sociétés ».
Elle en a vu de toutes les couleurs
Pour rappel, la statue Notre-Dame-de-France a été construite en 1860 à partir des canons capturés lors du siège Sébastopol. D’après les archives qui ponctuent les livres d’histoire locale, la madone du Rocher Corneille est passée par plusieurs couleurs. Du bronze pour sa première tenue, elle la troque, 12 ans plus tard, pour une robe rouge cuivré. En 1957, c’est crise d’ado ! Elle envoie le rouge au diable pour se parer de vert.
Mais durant l’année érotique (1969), la Vierge Marie redevient écarlate, teinte par l’entreprise bien connue du secteur, Peretti. En 2013, à l’époque de sa dernière rénovation, c’est le même traitement qui est appliqué avec ce pigment rouge « tuile », choix des élus de la pieuse cité ponote.
Saint-Joseph, de nouveau en forme après près de onze mois de rénovation.
Photo par Nicolas Defay
