Un certain Mark Twain a dit un jour : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Le collège du Haut-Allier à Langeac et celui de Boris Vian à Retournac pourraient s’être inspirés de cette formule.
Comme dans 200 collèges en France et seulement six dans l’académie de Clermont-Ferrand, les jeunes étudiants confient leur « drogue numérique » dès leur arrivée à l’école, aux bons soins du Conseiller principal d’éducation (CPE).
« Si nous avions pu le faire pour la totalité des effectifs, nous l’aurions fait »
Depuis le 7 octobre, les « cinquièmes » du collège Boris Vian sont les heureux élus à s’embarquer dans le navire baptisé « Smartphone... Tolérance zéro ». « Sur les 75 élèves, environ 40 % détiennent un téléphone connecté, explique Bruno Rohaut, principal de l’établissement. Depuis une semaine, leur appareil est entreposé chaque matin dans l’une des six boites destinées à cet effet. Ils le reprennent, ensuite, le soir ».
Pourquoi un seul niveau et pas l’ensemble des classes ? « Si nous avions pu le faire pour la totalité des effectifs, nous l’aurions fait, confie le chef d’établissement. Mais nous n’avons pas assez de casiers actuellement ».
La construction des casiers par les élèves eux-mêmes
Bruno Rohaut ajoute : « Pour l’instant, nous sommes plus sur un mode d’expérimentation jusqu’à la fin décembre. Mais nous avons réfléchi à un projet pédagogique très intéressant. Notre professeur d’art plastique travaille sur un prototype de petits casiers qui pourront être installés dans l’enceinte du collège et servir prochainement aux élèves de 3ᵉ et de 6ᵉ. »
Il précise aussi : « Et si nous avons besoin d’aide, la Capeb (syndicat patronal de l’artisanat du bâtiment, Ndlr) est prête à nous donner un coup de main pour la construction d’une grande structure en bois. »
« Une fois tous les téléphones déposés, je les mets dans une armoire sécurisée »
Jean-Pierre Ziry, CPE depuis un an au collège Boris Vian, détaille les gestes types d’un élève concerné par l’interdiction des smartphones en classe : « L’élève arrive en général vers 8 heures dans l’établissement. Il a alors jusqu’à 8 h 30 pour venir devant les tables en question. L’élève décline son nom. Il place lui-même son téléphone dans une enveloppe à bulles avant de marquer une croix de dépôt. Une fois tous les téléphones déposés, je les mets dans une armoire sécurisée et verrouillée que je range dans ma salle, également fermée à clé ».
Le Conseiller Principal d’Éducation poursuit : « À partir de 16 h 30, l’élève revient devant nous. Il coche la case de retour et récupère son téléphone. Il est impossible, en ce sens, de subtiliser l’appareil d’un autre camarade ».
Parce que cette logistique demande forcément du temps, le chef d’établissement a prié les enseignants de laisser les élèves partir deux minutes avant la dernière sonnerie afin d’éviter les retards aux ramassages scolaires.
« S’ils ne jouent pas le jeu, ils s’exposent à une sévère sanction »
À la question de savoir si cette mesure est véritablement devenue une stricte obligation, l’explication s’avère tout de même une réponse de normand : « Nous invitons simplement les élèves à suivre le protocole, nuance Jean-Pierre Ziry. Ceci étant dit, s’ils ne jouent le jeu, ils s’exposent à une sévère sanction ».
Avant de mentionner : « Mais comme l'a dit Monsieur le recteur, nous sommes dans l'éducatif. Nous sommes dans la construction d’une confiance mutuelle avec les élèves, confiance qui apparaît, jusqu’à présent, forte et sincère ».