« Dans le monde de l’action sociale, nous avons aujourd’hui des directions de technocrates méprisants et autoritaires. Les professionnels n’en peuvent plus. Les licenciements pour inaptitudes, les burn-out, les suicides ...tout ça, nous ne le connaissions pas avant. Cette réalité est à présent devenue une banalité ».
Par la voix d’Axelle Gerbier, éducatrice spécialisée et secrétaire adjointe de la CGT 43 santé sociale, ce sont environ 300 salariés du secteur médico-social et du social, regroupés devant les portes de l’ARS de la rue de Vienne au Puy, qui expriment leur colère et leur désarroi quant à l’avenir de leur profession.
« Les salariés sont en recherche de sens de leur métier. Beaucoup partent pour faire quelque chose de totalement différent. Et de moins en moins se dirigent vers nos professions à cause de cette perte de sens. Pourtant, jamais auparavant on n’avait eu autant besoin de nous dans le contexte que nous connaissons tous aujourd’hui. » Axelle Gerbier
« Preuve d’un irrespect total pour nos professions »
Exclus du Ségur de la Santé et de la prime de 183 euros versée à certains corps de métiers et pas à d’autres, ils pointent du doigt cette incohérence. « Le secteur de la Santé se mobilise pour appuyer sur le côté discriminatoire de cette fameuse prime, explique Axelle Gerbier. Pourquoi sommes-nous mis au ban sur le sujet ? D’un côté, le Gouvernement nous définit comme indispensable à la gestion de crise sanitaire et sociale, et de l’autre il refuse de nous octroyer cette prime ? » Elle ajoute : « Au-delà de cette considération financière qu’il nous interdit, il fait surtout preuve d’un irrespect total pour nos professions ».
Saviez-vous que… ?
La valeur du point de la convention 66 à laquelle sont rattachés les professionnels du secteur médico-social a augmenté en dix ans de...8 centimes.
« Nous devons combattre et faire pression jusqu’à ce que le Gouvernement cède »
Salariés du médico-social, de l’association de la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte (ASEA), de l’ADPEP 43, de l’Adapei 43, de l’Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés (Apajh), ceux des maisons d’enfants, ceux de l’hôpital Sainte-Marie et d’Émile-Roux, et bien d’autres... « C’est inédit que tant de monde du médico-social se réunisse ainsi devant l’ARS (Agence Régionale de Santé, Ndlr), souligne Amandine Rabeyrin de la CGT hospitalière Émile-Roux. Ça montre bien le niveau d’exaspération et d’angoisse au sein des professions en question. Mais il ne faut rien lâcher. Nous devons combattre et faire pression jusqu’à ce que le Gouvernement cède de son côté ! »
Une délégation de quelques personnes a rencontré le directeur de l’ARS départemental. « Oui, il nous a écoutés, admet Amandine Rabeyrin. Et après ? Il nous a dit qu’il ferait remonter nos revendications à Lyon qui ferait remonter à leur tour au ministère de la Santé. Nous craignions que rien ne se passe ensuite. Mais nous serons là pour lui rappeler que nous savons nous regrouper en force ».
« Le Gouvernement semble nous entendre sans nous écouter. Ce qu’il nous dit ne sont que des mots et l’attitude des dirigeants est d’un mépris incroyable à destination de nous, salariés, mais aussi aux familles et aux jeunes qu’on accompagne comme on peut ». Axelle Gerbier
« Le mot hécatombe n’est pas exagéré pour caractériser la profession »
Ce que souhaitent les professionnels du secteur médico-social ? « On demande à être reconnu devant le Ségur, on demande de meilleures conditions de travail, on demande que nos métiers aient de nouveau un sens, on demande des formations et un salaire décent pour que nos métiers redeviennent attractifs !, martèle Axelle Gerbier. Je pense que le Gouvernement n’en a pas conscience mais le secteur est dans une souffrance sans précédent. Le mot hécatombe n’est pas exagéré pour caractériser la profession ».
Elle déplore encore : « Ce n’est pas seulement nous que le Gouvernement foule du pied. C’est aussi les enfants, les adolescents, les adultes en souffrance qui en subissent les conséquences ».