Une personne sur six aura un AVC dans sa vie, avec des conséquences fonctionnelles diverses, visibles ou invisibles. Toutes les classes d’âge est sont concernées. À l’occasion de la journée mondiale de l'accident vasculaire cérébral, le centre hospitalier Emile Roux du Puy-en-Velay reçoit le grand public dans le hall d’accueil ce vendredi 3 décembre 2021 de 9h à 17h. Le principe de cette journée est de sensibiliser les personnes sur les signes d'alerte de l'AVC (leur caractère possiblement transitoire), l'appel au 15, dépister certains facteurs de risque (hypertension artérielle, diabète) et proposer des solutions pour diminuer le risque d'AVC avec des conseils diététiques.
Au programme : un stand d'information sur les signes de l'AVC et comment diminuer le risque, l’évaluation de votre tension artérielle et de votre glycémie capillaire, mais aussi des conseils en matière d’alimentation.
Pour cette journée des soignants de l'unité neurovasculaire, l'infirmière coordinatrice du programme d'éducation thérapeutique du patient à risque neurocardiovasculaire, une diététicienne et le service Synapse, c’est-à-dire l’équipe de neurologie des Dr Dassa et Sulmon, seront également présents.
À 15h, le Dr Jérémie Dassa, neurologue, donnera une mini conférence au self de l'hôpital. Cette conférence est ouverte à tout le monde. (Pass sanitaire obligatoire)
Première cause de mortalité chez les femmes en France
« L’AVC est l’affaire de tous : enfants, jeunes, adultes, seniors, insiste Ingrid Haon, animatrice de la filière AVC en Haute-Loire à l’hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay, il s’agit d’un problème majeur de santé publique ». En effet, l’AVC représente la deuxième cause de mortalité en France toute population confondue avec 30 000 décès par an. C’est la première cause chez les femmes. 160 000 AVC surviennent par an en France (soit un toutes les quatre minutes). En moyenne en Haute-Loire, un AVC est pris en charge chaque jour au Centre Hospitalier Emile Roux. Il s’agit de la 1ère cause de handicap acquis de l’adulte.
Des symptômes souvent non douloureux
Les symptômes devant éveiller des soupçons d’AVC sont de survenue soudaine et latéralisée, ils sont divers, parfois isolés, parfois associés, et la plupart du temps non douloureux ce qui rend leur identification parfois difficile. « D’où l’importance de ce type de journées d’information, encore trop insuffisamment connues », indique Ingrid Haon.
« Environ deux millions de neurones sont perdus par minute au cours d’un infarctus cérébral qui vient de s’installer ».
Les symptômes devant éveiller des soupçons d’AVC :
Un moyen mnémotechnique peut être utilisé : « VITE »
V Visage paralysé
I Inertie d'un membre
T Trouble de la parole
E En urgence appellez le 15
Une déformation du visage (surtout de la partie inférieure) : la bouche est déviée d’un côté. Un seul côté du visage est touché
Un affaiblissement brutal d’un ou plusieurs membres d’un côté du corps : soit la main, le bras, la jambe se traduisant par une maladresse, une sensation d’engourdissement voire au maximum une paralysie totale d’un membre ou de la moitié du corps.
Des troubles de la parole avec une difficulté à articuler correctement
Des troubles du langage à proprement parlé, avec plusieurs possibilités :
Une difficulté à trouver ses mots
La production d’un discours incompréhensible par l’entourage
Des troubles de la compréhension de la part de la personne victime
Une incapacité totale à parler
Des troubles de la vision
Une gêne d’un côté du champ visuel
Une vision dédoublée (en utilisant les deux yeux)
La perte de vision d’un œil, rarement des deux en même temps
Il peut aussi s’agir de troubles de l’équilibre, de vertiges, de troubles de la coordination ou de la marche
Une céphalée atroce, brutale, inhabituelle (douleur dans une partie de la tête, y compris le crâne, le haut du cou, le visage et l'intérieur de la tête)
AIT : prendre une mise en garde au sérieux
L’AVC reste une maladie dont les principaux facteurs de risques sont évitables avec une prévention adaptée. « La rapidité de prise en charge lorsque les symptômes évocateurs d’AVC apparaissent est un élément essentiel pour limiter le risque de décès et de séquelles fonctionnelles », souligne Ingrid Haon qui illustre : « environ deux millions de neurones sont perdus par minute au cours d’un AVC ischémique (infarctus cérébral) qui vient de s’installer ».
Dès les premiers symptômes, il s’agit donc d’appeler immédiatement le «15». En effet, plus l’AVC est pris en charge tôt dans un hôpital ayant une Unité Neuro Vasculaire, comme au Centre Hospitalier Emile Roux, mieux il peut être traité et moins importante en seront les séquelles fonctionnelles.
L’appel au « 15 » est donc essentiel même si les symptômes faisant évoquer un AVC régressent complètement en quelques minutes, correspondant possiblement à un accident ischémique transitoire (AIT). Cela peut être, en effet, annonciateur de la survenue de symptômes plus durables dans les heures ou les jours suivants, appelé « syndrome de menace ». En effet, 25% des AVC constitués sont précédés d’un AIT. Ces AIT sont expliqués par l’existence d’un caillot obstruant transitoirement une artère cérébrale mais disparaissant spontanément en quelques minutes, ils sous-tendent une « source » de caillot à diagnostiquer et à traiter le plus rapidement possible.
Il existe une filière spécifique de prise en charge déclenchée via cet appel au Centre Samu 15. Elle est active 24/24H 365 jours par an, par l’intermédiaire, pour les nuit et week-ends d’un système de télémédecine avec le CHU de Clermont-Ferrand à laquelle participent l’équipe des neurologues de l’hôpital Emile Roux. Cette filière fait intervenir le service de radiologie, le service d’accueil des urgences, le neurologue et le laboratoire afin de désobstruer l’artère occluse le plus rapidement possible.
Que faire en attendant les secours pour le malade victime d’AVC ou le témoin ?
Après avoir appelé le 15, suivre les conseils du médecin régulateur du centre 15 et :
- allonger la personne avec un oreiller sous la tête et la laisser allongée jusqu’à l’arrivée des secours ;
- noter l’heure à laquelle les signes d’AVC sont apparus ;
- regrouper les ordonnances et les résultats des dernières prises de sang réalisées pour les transmettre aux équipes médicales.
ATTENTION :
- Ne pas faire boire ni manger
- Ne donner aucun médicament
- Ne faire aucune injection même si c’est le traitement habituel
L’AVC est la deuxième cause de démence chez les séniors
Les AVC sont souvent responsables de séquelles lourdes, l'accident pouvant toucher des grandes fonctions neurologiques, telles que la motricité (hémiplégie), la sensibilité (anesthésie, douleurs), le langage (aphasie), la vision (perte de vision d’un œil ou d’un champ visuel), mais aussi des troubles des fonctions intellectuelles, ce qui entraîne de nombreuses difficultés de réinsertion socio-professionnelle et/ou une perte d’autonomie fonctionnelle. L’AVC représente également la deuxième cause de démence chez les séniors.
Un AVC est une perturbation de la circulation sanguine dans le cerveau, on en distingue deux grands types :
L’AVC ischémique (80% des cas), on parle aussi d’infarctus cérébral lorsqu’une artère cérébrale est obstruée avec arrêt de la circulation en aval et nécrose et desctruction du tissu cérébral privé d’oxygène et de sucre en aval.
L’AVC hémorragique (20% des cas), on parle d’hémorragie cérébrale lorsqu’une artère cérébrale se rompt, le sang se répand dans le tissu cérébral, entrainant sa destruction par dilacération.
Dans les deux cas, les symptômes physiques sont identiques et seule l’imagerie cérébrale (scanner ou IRM) permet de poser un diagnostic et en particulier de différencier les deux types d’AVC.
« La précocité de la levée de l’occlusion de l’artère bouchée en cas d’infarctus cérébral est déterminante pour limiter l’étendue de la séquelle définitive », précise Ingrid Haon. Le traitement d’urgence consiste à désobstruer l’artère occluse par deux moyens : une perfusion intraveineuse spécifique, appelée fibrinolyse (ou thrombolyse), qui consiste à faire fondre le caillot ou le retrait mécanique du caillot par thrombectomie mécanique réalisée par un neuroradiologue expérimenté en CHU, qui s’adresse aux occlusions artérielles les plus graves car les plus précoces dans l’arbre artériel cérébral (par des caillots de plus grande taille). L’opération consiste à retirer mécaniquement le caillot en passant par l’interieur des artères (ponction initialement de l’artère fémorale) par l’utilisation d’un stent (ressort) amovible qui prends dans ses mailles le caillot en question.
En cas d’hémorragie cérébrale, le traitement d’urgence consiste à faire baisser rapidement les chiffres de pression artérielle et d’enlever l’effet d’un traitement anticoagulant éventuel pris par le patient.
La prévention : surveiller tabac, alcool, obésité, hypercholestérolémie, diabète, hypertension artérielle et apnée du sommeil
« Nous pouvons tous agir sur les facteurs de risques, appelés cardio-vasculaires), qui sont dit modifiables », insiste Ingrid Haon :
L’hypertension artérielle, qui est le facteur le plus puissant (surveiller régulièrement sa tension)
L’arythmie cardiaque par fibrillation atriale (prendre régulièrement son pouls, consulter un cardiologue en cas de palpitation ou de perception d’un pouls irrégulier)
Le diabète (à dépister régulièrement)
Le surpoids ou l’obésité (Indice de masse corporelle > 25 kg/m²)
L’excès de mauvais cholestérol (LDLc > 1.6 g/L, à dépister régulièrement)
Le tabagisme actif ou passif
La sédentarité (moins de 30 minutes d’équivalent de marche rapide par jour)
Une alimentation mal équilibrée (trop riche en mauvaises graisses, d’origine animale ou en sucres rapides, ou en sel)
Une consommation excessive d’alcool (la consommation ne doit pas être quotidienne et se limiter à 1 à 2 verres)
Le syndrome d’apnée du sommeil non traité (à dépister en cas de somnolence excessive la journée)
Enfin, Ingrid Haon précise que le centre hospitalier Emile Roux possède depuis début 2018 un service spécialisé au sein du service de Neurologie, appelé Unité Neuro-vasculaire (UNV), comprenant des lits de soins intensifs, « avec une prise en charge spécifique des patients victimes de cette pathologie de par la spécialisation et l’expérience des personnels médicaux et paramédicaux qui y interviennent ».
Quelques sites de référence utiles