Roland Lonjon, vice-président délégué aux finances, a été le porte-voix de la CAPEV (Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay) lors du dernier Conseil communautaire, à propos du bouillant sujet de la déviation RN 88.
Par le biais d’un courrier en date du 12 juillet 2024, la Préfecture de la Haute-Loire a toqué à la porte de la « Com d’Agglo » pour qu’elle partage son analyse actualisée sur le bien-fondé de la déviation entre Saint-Hostien et Le Pertuis.
« La Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui fait de l’environnement la priorité »
Autant attaquer par les aspects qui vont faire grincer des dents tous les protecteurs de l’environnement de Haute-Loire et au-delà…
D’après le rapport de la CAPEV, « La Région s’inscrit dans une démarche visant l’excellence en termes de préservation de l’environnement. (…) La Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui fait de l’environnement la priorité, compte s’appuyer sur ce chantier pour faire la démonstration de son ambition et de son expertise pour la conduite d’un projet routier où la préservation des ressources, les économies d’énergie et la réduction des gaz à effet de serre seront des priorités ».
La Communauté d’Agglomération assure également que : « Les emprises nécessaires au projet font l’objet de mesures de compensation non seulement rendues nécessaires par la réglementation de l’environnement, mais également inédites par le niveau d’exigence du maître d’ouvrage ».
« Comment est-ce possible que la Communauté d'Agglomération n'émette aucune réserve, ne souligne aucune zone d'ombre ? » Celline Gacon
« Que deviendra le millions de m3 de déblais ? »
Celline Gacon, écologiste, a souhaité intervenir : « Je partage le soucis des maires du Pertuis et de Saint-Hostien. Et les opposants ne sont pas contre une déviation mais contre le projet de la Région qui s'avère extrêmement coûteux, financièrement et écologiquement. Je regrette fortement que seul ce projet ait été pris en compte car des alternatives existaient ».
Elle poursuit sur le volet de l'environnement : « Les compensations des zones humides doivent être trouvées. Ce qui n'est pas le cas. Et que deviendra le millions de m3 de déblais ? ».
Sébastien Masson, maire du Pertuis rétorque alors : « La Région travaille sur les compensations ! En tant qu'élu de terrain, ça me fait bondir quand il est question des opposants au Pertuis. Car il y a en fait très peu ! Ce sont des gens de l'extérieur qui manifestent ».
Il soulève ensuite : « Par contre, je reçois beaucoup de personnes qui me demandent quand sera enfin terminée la déviation ».
« Ce projet n'a jamais été fermé depuis 50 ans. Pourquoi n'êtes vous pas intervenus avant, durant toutes ces années ? » Isabelle Verdun
Sa consœur, Isabelle Verdun, maire de Saint-Hostien, s'adresse directement à Celline Gacon : « Ce projet, on en parle depuis 50 ans. Les terres agricoles ont été achetées et tous les terrains appartiennent à l'Etat. Où étaient les opposants pendant toutes ces années ? »
« La RN88 présente en un taux d’accident corporel significativement supérieur à la moyenne nationale »
L’argument qui revient souvent pour justifier un tel projet routier est la sécurité. Roland Lonjon indique en ce sens : « La RN 88 présente en un taux d’accident corporel significativement supérieur à la moyenne nationale. Celui-ci est de 21 pour 100 millions de véhicules/km tandis qu’il est près de 25 pour la RN 88 ».
L’élu communautaire précise qu’entre 2013 et 2020, 23 accidents ont été comptabilisés sur la RN 88 entre Yssingeaux et Saint-Pierre-Eynac avec un total de 10 victimes, 23 blessés hospitalisés et 7 blessés légers.
« J'ai signé l'acte de décès de ce jeune »
Celline Gacon contredit en ces mots : « Sur cette portion de route, celle-là même dont il est question ce soir, un seul accident mortel a eu lieu. Et il n'a pas été provoqué par la vitesse mais par l'état sous stupéfiant ou sous alcool du conducteur ».
Le maire du Pertuis lui a répondu ainsi : « J'ai signé l'acte de décès de ce jeune qui était effectivement sous l'emprise de stupéfiant. Et croyez-moi que ce n'est pas chose facile. Et je pense sincèrement que, s'il y avait eu un terre-plein central, le garçon aurait juste reçu une bonne engueulée de son père car il aurait cabossé sa voiture ».
Sébastien Masson ajoute encore : « Au Pertuis, il y a 80 élèves à l'école. Et beaucoup traversent la RN 88 pour la rejoindre ou en partir. Je vous invite, madame Gacon, à traverser le passage piéton pour vous rendre compte de la dangerosité de cette route ».
Isabelle Verdun complète de son côté : « Je reçois tous les poids-lourds de la France ! C'est intenable pour les habitants de la commune ».
« Jamais Celline Gacon n'a remis en cause la nécessité d'une déviation de ces deux bourgs »
Laurent Johanny, élu de l’opposition, fait remarquer que : « c'est un sujet d'ampleur. Et nous pensons bien évidemment aux difficultés que rencontrent quotidiennement les deux maires impactés. Mais jamais Celline Gacon n'a remis en cause la nécessité d'une déviation de ces deux bourgs ».
Il termine son intervention en évoquant l'aspect politique du projet : « C'est un projet politique très fort, qui s'avère être une première en France car chapeauté par la Région, alors que cela devrait être l'Etat. Et il est vrai que les impacts sur la nature sont très denses. En cela, je m'étonne, comme Celline Gacon, qu'aucune réserve n'ait été formulée ».
Quatre élus contre le projet et une abstention, pour donner un avis favorable
Après avoir rappelé, selon l'Agglo, les atouts économiques, logistiques et routier du projet, Roland Lonjon a mentionné que l’étude d’impact a reçu un avis favorable en Commission Finances et Administration Générale. Il a alors appelé les élus à « émettre un avis très favorable », avis qui sera ensuite confié aux mains du Préfet de la Haute-Loire.