C'est un sujet très sensible en période de crise parce qu'il touche l'ensemble des Français. La hausse des prix de l'énergie pèse sur les factures d'électricité et de gaz des ménages. L'inflation globale amorcée par la reprise économique et renforcée par des pénuries bien réelles dans de multiples secteurs d'activité donnent des sueurs froides tant aux ménages qu'à l'exécutif.
De quoi compliquer les fins de mois de nombreuses familles
Combinées ces hausses représentent plusieurs centaines d'euros dans le budget annuel des ménages. De quoi compliquer les fins de mois de nombreuses familles, d'autant plus que l'électricité et le gaz ne sont pas les seuls à voir leurs prix s'enflammer: c'est aussi le cas des carburants dont le coût progresse aussi. Si le prix du gazole reste au dessous de ses niveaux lors de la crise des Gilets Jaunes, ceux du sans-plomb 95 et du 98 sont supérieurs à cette période. Le mois dernier, l'inflation en France atteignait 2,1 % sur un an, une hausse tirée notamment par l'énergie (+14,4 % selon l'INSEE).
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Electricité: + 60% en 15 ans
Le prix de l'électricité a augmenté sur plusieurs années bien qu'il soit revu moins souvent que celui du gaz. Par rapport à une base 100 établie en janvier 2015, le tarif réglementé moyen pour un client résidentiel a longtemps stagné avant de grimper une première fois mi 2019, de 7,7 %. Une nouvelle forte hausse a eu lieu juste avant la crise sanitaire, début 2020. Depuis lors, les prix n'ont cessé d'augmenter. L'indice est désormais établi à 122,74 et il connaîtra une nouvelle hausse, certes "lissée" par le gouvernement, "un maximum de 4%", en février 2022.
Là encore, la facture a explosé pour les consommateurs. Pour des puissances de 6 à 9 kVA, la facture annuelle, charges comprises, a grimpé de 62% en quinze ans et de 2,2% en un an.
Gaz: une envolée des prix depuis mi-2020
D'après les calculs de la CRE (Commission de régulation de l'énergie), l'envolée des tarifs réglementaires se ressent durement dans le portefeuille des ménages ayant souscrit à une offre au tarif règlementé. Pour les consommations annuelles qui se situent entre 6000 et 30 000 kWh, la facture, charges incluses, s'est considérablement alourdie, bondissant de 50% par rapport au niveau du début de l'année. Une hausse de plus de 500 euros en quelques mois. Ce constat aurait pu s'aggraver encore, une nouvelle hausse massive étant attendue en novembre avant les annonces de l'exécutif. Le niveau actuel devrait donc rester en vigueur jusqu'au printemps 2022.
"Lissage" gouvernemental à quelques mois des élections
A quelques mois de l'élection présidentielle, le Premier Ministre Jean Castex a annoncé un blocage des prix du gaz jusqu'au printemps prochain "pour gérer la bosse hivernale". Par ailleurs, le gouvernement compte empêcher la hausse massive des prix de l'électricité attendue en février prochain, en diminuant une taxe. La hausse sera donc contenue durant les prochains mois, "au moins jusqu'en avril" annonce-t-on du côté de Matignon. Mesures minimales fort opportunes à quelques mois, quelques semaines, de l'élection présidentielle.
Depuis l'ouverture à la concurrence et la libéralisation du secteur de l'énergie, les prix de l'électricité ou du gaz sont à la hausse en France mais également partout en Europe. C'est encore plus important pour les habitants de Haute-Loire, confrontés à des hivers rigoureux.
La Haute-Loire est le troisième département métropolitain le plus exposé à la fragilité énergétique
Si les grands pôles urbains abritent le plus de ménages vulnérables, le plus fort risque de vulnérabilité se situe dans les zones de montagne isolées. La vulnérabilité énergétique dans les grands centres urbains touche surtout les ménages pauvres. Celle des territoires ruraux est davantage liée à un habitat plus énergivore. Mais les territoires les plus ruraux concentrent également des populations plus pauvres que la moyenne régionale, ce qui amplifie d’autant leur risque d’être en situation de fragilité énergétique. Le Cantal est ainsi le premier département métropolitain le plus exposé et la Haute-Loire le troisième, selon l'INSEE.
Une augmentation de 10% des prix de l'énergie conduirait à plus de 400 000 ménages supplémentaires en situation de précarité.
De toute évidence, une augmentation de 100 euros du chèque énergie ne suffira pas à endiguer la précarité énergétique. D'autant plus que la gestion économique et sociale du Covid a fortement dégradé la situation financière d'un certain nombre de ménages et notamment les plus pauvres.
Le médiateur national de l'énergie a rappelé qu'il faudrait doubler le montant moyen du chèque énergie pour qu'il atteigne 300 euros au lieu de 150 actuellement. L'observatoire de la précarité énergétique rappelle que les aides nécessaires s'élèveraient à 3,1 milliards d'euros par an soit 710 euros par logement par an et qu'une augmentation de 10% des prix de l'énergie conduirait à plus de 400 000 ménages supplémentaires en situation de précarité.