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Pour mettre enfin un terme à l’incurie dans l’habitat

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/09/2021 à 12:00

L’incurie ? C’est lorsque qu’un logement est si encombré de détritus ou d’objets qu’il est presque impossible de se mouvoir...et d’y vivre dignement. Pour faire face à ce phénomène d’insalubrité, le Département et l’ARS ont constitué ensemble l’Équipe Pluridisciplinaire d’Intervention dans l’Habitat (EPIH).

Mardi 28 septembre, ils étaient une cinquantaine à participer à la conférence sur l’incurie dans les logements altiligériens, réunion donnée entre les murs du Conseil départemental. Ensemble, il ont écouté les interventions du psychiatre Nicolas Chauliac, la sociologue Mathilde Sorba ou encore de Christine Buttard, infirmière et coordinatrice du dispositif Incurie en Savoie.

L’incurie n’est pas chose aisée à définir. Car il est très compliqué de préciser quelle est la limite d’un désordre « normal » dans un habitat. Pour caractériser ce phénomène présent dans le département et apporter des solutions, le Conseil départemental et l’Agence Régionale de Santé se sont associés pour créer une EPIH, Équipe Pluridisciplinaire d’Intervention dans l’Habitat.
Fabienne Camus, cheffe du service Habitat au Département de la Haute-Loire, et Laurence Ploton, ingénieure au service Santé environnement à l’ARS, restituent le contenue de la conférence.

Fabienne Camus et Laurence Ploton. Photo par Nicolas Defay

Déjà, quelle est la définition de l’incurie dans un logement ?

Laurence Ploton : « D’une manière générale, c’est lorsqu’il y a une accumulation très exagérée de tout et n’importe quoi dans une habitation et en dehors de ce lieu ».

Fabienne Camus : « C’est simplement quand ça déborde ! Cela peut aboutir à des dangers pour la personne elle-même avec des risques sanitaires et infectieux mais aussi d’éboulement et d’incendie. Il faut aussi mentionner les nuisances éventuelles pour les autres qu’elles soient olfactives ou visuelles ».

Comment êtes-vous alertés du problème sur un logement précis ?

Laurence Ploton : « Nous sommes souvent renseignés par un membre de la famille, un oncle, un frère, une sœur. Les vigies sont aussi des voisins, des travailleurs sociaux, des élus comme les maires des petites communes, ou encore les aides à domiciles, les soignants, les bailleurs, les pompiers ou les policiers municipaux ».

Quel est le profil des personnes en proie à une incurie dans leur habitation ?

Laurence Ploton : « Le dispositif de notre EPIH n’a été constitué qu’en octobre 2019 et a été freiné par le contexte sanitaire. Nous n’avons donc pas une analyse parfaite sur le sujet. Néanmoins, les données recueillies depuis démontrent que ce sont des personnes vivant seules, en général de plus de 50 ans. Nous avons déjà accumulé une cinquantaine de dossiers. Tout le département est concerné ».

Fabienne Camus : « Les victimes peuvent habiter dans l’hyper-centre du Puy comme dans une maison isolée en milieu rural. Et toutes les situations sociales sont rencontrées, du cadre de la fonction publique à la retraite comme des agriculteurs, par exemple ».

Quelles ont été les analyses apportées par le psychiatre Nicolas Chauliac sur le sujet ?

Fabienne Camus : « Nous pouvons retenir que ce laisser-aller est inhérent au laisser-aller du corps et aux soins. D’autre part, certaines situations évoquées à la conférence ont ce point commun d’un problème de santé important à l’instar d’un AVC (accident vasculaire cérébrale, Ndlr). Quand on prend en charge les gens au cœur d’une incurie, on se rend compte que ces derniers ont souvent été victimes d’un évènement qui ont bousculé leur existence. Ce ne sont pas donc des victimes en proie à des désordres psychiatriques comme on pourrait le penser mais plutôt suite à un dérèglement ou un accident neurologique ».

Comment est née l’Équipe Pluridisciplinaire d’Intervention dans l’Habitat ?

Laurence Ploton : « On savait qu’il y avait un besoin sur le département de la Haute-Loire car nous étions confrontés à des situations que, en droit commun, nous ne pouvions régler. Nous sommes arrivés avec un petit stock de dossiers à la fin 2019 qui s’est rapidement intensifié au fil des mois. Avec cette nouvelle équipe, nous suivons les personnes sur le long terme. Il y a certes le nettoyage à effectuer pour supprimer l’encombrement. Mais l’accompagnement de ces personnes est en général pour toujours ».

Comment se passe une intervention chez une personne confrontée au problème d’incurie ?

Laurence Ploton : « L’équipe est en duo entre des professionnels de l’ASEA (Association pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte, Ndlr) et ceux de l’hôpital Sainte-Marie. Ce sont toujours deux personnes de ces structures qui interviennent. Il y a donc un travailleur social de l’ASEA choisi au cas par cas selon la personne à rencontrer dans son logement. Cela peut-être un assistant social, un éducateur, un jeune, un moins jeune, un homme ou une femme. Et d’autre part, un infirmier psychiatrique. Ils interviennent ensemble afin que le travail soit complet et bien fait ».

Pourquoi cette journée a été si importante selon vous ?

Fabienne Camus : « Car il est extrêmement nécessaire d’opérer un travail de sensibilisation auprès des différents partenaires associés à la résolution du problème. L’EPIH va intervenir à un moment donné avec de gros moyens mais on sait qu’on ne guérit jamais de ça. Il faut donc maintenir un étayage avec les victimes tout au long de leur vie. D’où l’importance de cette sensibilisation de tous les acteurs qui vont prendre le relais de cette veille afin qu’ils deviennent des vigies de l’incurie et qu’ils renseignent l’équipe spécialisée quand les limites semblent dépassées ».

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