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Manifestation contre le pass sanitaire : "Si j'étais le président, je ferais très attention"

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 22/07/2021 à 06:30

Mercredi 21 juillet, nombreuses ont été les personnes devant la préfecture du Puy à se mobiliser contre les récentes directives du gouvernement. Organisée par le syndicat Force Ouvrière, la marche a été dense, suivie par environ 750 individus issus de toutes les générations.

L'appel indiquait 18 heures, devant la préfecture. Et doucement, la place du sable s'est alourdie de monde pour faire face au bâtiment d'Etat. Ensemble, jeunes et vieux, poussettes et cannes, syndicalistes et électrons libres, ont marché dans le même sens comme un seul corps mouvant de plusieurs centaines de mètres. Il a remonté l'avenue du Breuil pour s'engouffrer en hurlant dans le boulevard Saint-Louis puis est descendu par la rue Pannessac et la rue Crozatier. Le cortège s'est ensuite retrouvé à nouveau devant la préfecture plus fourni encore qu'à son départ.

Les raisons de la colère ?  Le projet de loi "relatif à l'adaptation de nos outils de gestion de la crise sanitaire". Ce projet a été récemment discuté en commission à l'Assemblée nationale puis en séance plénière mercredi 21 juillet. Il sera ensuite confié au Sénat ce jeudi 22 juillet avant la commission mixte paritaire de ce weekend pour que députés et sénateurs parlent d'une même voix.

Photo par Nicolas Defay

Gorges échaudées et pancartes levées

Devant cette route législative à grande vitesse, où se jouent l'extension ou non de l'état d'urgence sanitaire, la présentation d'un pass sanitaire pour accéder aux lieux de vie quotidiens, ou encore l'obligation à certains professionnels de se faire vacciner sous peine de sanctions salariales, des foyers d'exacerbations s'enflamment un peu partout dans le pays. Au Puy-en-Velay, ce sont ainsi près de 750 personnes (2 000 selon le syndicat FO) qui ont déambulé, gorges échaudées et pancarte levées.

Une bataille de chiffre : Selon les services de la préfecture, les manifestants étaient 450. Selon notre comptage, environ 750. Selon le syndicat Force Ouvrière, plus de 2 000.

Photo par Nicolas Defay

"Ce pass sanitaire est un pass licenciement"

"Oui, je pense véritablement que nous nous dirigeons tout droit vers une dictature, partage Pascal Samouth, secrétaire général de Force Ouvrière. Rien que le fait d'obliger des garçons de café à contrôler leurs clients pour savoir s'ils sont détenteurs d'un pass sanitaire s'apparente à des mesures dictatoriales." L'instigateur de la manifestation rajoute : "D'autre part, ce pass sanitaire est un pass licenciement. Les chefs d'entreprises et les directeurs de structures seront enclins de plus en plus à demander à leurs employés s'ils sont bien vaccinés. Regardez ce qui est prévu pour les soignants".

"J'ai déjà vécu dans un pays en proie à une dictature, confie Brigitte, infirmière. Et non, nous n'en sommes pas encore là. Mais nous nageons en plein régime autoritaire qui prend de plus en plus d'ampleur". Brigitte, infirmière

"La prolongation de cette situation (…) pourra justifier leur licenciement"

Un tas de professions est effectivement concerné par l'obligation de se faire vacciner sous peine de sanctions financières. Personnels de santé et médico-sociaux, les ambulanciers et les pompiers, les employés à domicile pour les attributaires de l’allocation personnalisée d’autonomie, ceux exerçant dans les établissements accueillant des personnes âgées ou handicapées, et bien d'autres.

À compter du 15 septembre 2021, elles devront avoir été vaccinées pour pratiquer leur activité. Sinon ? Sinon "il leur sera interdit d’exercer l’activité en question, et la prolongation de cette situation pendant plus de deux mois pourra justifier leur licenciement", est-il précisément écrit dans le projet de loi en articles 5 à 8 enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 20 juillet 2021.

Article 5

I. – Doivent être vaccinés, sauf contre‑indication médicale reconnue, contre la covid‑19 :

1° Les personnes exerçant leur activité dans :

a) Les établissements de santé mentionnés à l’article L. 6111‑1 de la santé publique, ainsi que les hôpitaux des armées mentionnés à l’article L. 6147‑7 du même code ;

b) Les centres de santé mentionnés à l’article L. 6323‑1 du même code ;

c) Les maisons de santé mentionnées à l’article L. 6323‑3 du même code ;

d) Les centres et équipes mobiles de soins mentionnés à l’article L. 6325‑1 du même code ;

e) Les centres médicaux et équipes de soins mobiles du service de santé des armées mentionnés à l’article L. 6326‑1 du même code ;

f) Les dispositifs d’appui à la coordination des parcours de santé complexes mentionnés aux II et III de l’article 23 de la loi n° 2019‑774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé ; 

g) Les centres de lutte contre la tuberculose mentionnée à l’article L. 3112‑2 du code de la santé publique ;

h) Les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic mentionnés à l’article L. 3121‑2 du même code ;

i) Les services de médecine préventive et de promotion de la santé mentionnés à l’article L. 831‑1 du code de l’éducation ;

j) Les services de santé au travail mentionnés à l’article L. 4622‑1 du code du travail et les services de santé au travail interentreprises définies à l’article L. 4622‑7 du même code ;

k) Les établissements et services médico‑sociaux mentionnés aux 2°, 3°, 5°, 6°, 7°, 9° et 12° de l’article L. 312‑1 du code de l’action sociale et des familles ;

l) Les établissements mentionnés à l’article L. 633‑1 du code de la construction et de l’habitation, qui ne relèvent pas des établissements sociaux et médico‑sociaux des 6° et 7° du I de l’article L. 312‑1 du code de l’action sociale et des familles, dédiés à l’accueil des personnes âgées ou handicapées ;

m) Les résidence‑services dédiés à l’accueil des personnes âgées ou handicapées mentionnées à l’article L. 631‑13 du code de la construction et de l’habitation ;

n) Les habitats inclusifs mentionnés à l’article L. 281‑1 du code de l’action sociale et des familles ;

2° Les professionnels de santé mentionnés à la quatrième partie du code de la santé publique lorsqu’ils ne relèvent pas du 1° ;

3° Les personnes, lorsqu’elles ne relèvent pas du 1° ou du 2°, faisant usage du titre :

a) De psychologue mentionné à l’article 44 de la loi n° 85‑772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d’ordre social ;

b) D’ostéopathe ou de chiropracteur mentionné à l’article 75 de la loi n° 2002‑3030 du 4 mars 20202 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ;

c) De psychothérapeute mentionné à l’article 52 de la loi n° 2004‑806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique ;

4° Les étudiants ou élèves dans les professions mentionnées au présent 2° et 3°, ainsi que les personnes travaillant dans les mêmes locaux que les professionnels mentionnés au 2° ou que les personnes mentionnées au 3° ;

5° Les professionnels employés par un particulier employeur mentionné à l’article L. 7221‑1 du code du travail effectuant des interventions au domicile des personnes attributaires des allocations définies aux articles L. 232‑1 et L. 245‑1 du code de l’action sociale et des familles ; 

6° Les sapeurs‑pompiers et les marins‑pompiers des services d’incendie et de secours, les pilotes et personnels navigants de la sécurité civile assurant la prise en charge de victimes, les militaires des unités investies à titre permanent de missions de sécurité civile mentionnés au premier alinéa de l’article L. 721‑2 du code de la sécurité intérieure ainsi que les membres des associations agréées de sécurité civile au titre de l’article L. 725‑3 du même code ;

7° Les personnes exerçant l’activité de transport sanitaire mentionnée à l’article L. 6312‑1 du code de la santé publique, ainsi que celles assurant les transports pris en charge sur prescription médicale mentionnés à l’article L. 322‑5 du code de la sécurité sociale ;

8° Les prestataires de services et distributeurs de matériels mentionnés à l’article L. 5232‑3 du code de la santé publique.

II. – Les dispositions du I ne s’appliquent pas aux personnes chargées de l’exécution d’une tâche ponctuelle au sein des locaux dans lesquels les personnes mentionnées aux 1°, 2°, 3° et 4° du I exercent ou travaillent.

III. – Un décret peut, compte tenu de l’évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques, suspendre, pour tout ou partie des catégories personnes mentionnées au I les obligations qu’il prévoit.

Photo par Nicolas Defay

"Tout cela prend une tournure dangereuse où il sera difficile de faire marche arrière"

"J'ai déjà vécu dans un pays en proie à une dictature, confie Brigitte, infirmière. Et non, nous n'en sommes pas encore là. Mais nous nageons en plein régime autoritaire qui prend de plus en plus d'ampleur. Le flicage dans tous les secteurs, la multiplication des contrôles, la division des gens…tout cela prend une tournure dangereuse où il sera difficile de faire marche arrière".

Guy Vallery de La Libre pensée partage cette analyse. "On s'enfonce doucement sans trop en prendre conscience dans une politique très autoritaire et de contrôle. Nos libertés de décider par nous-mêmes sont mises à mal tout comme notre liberté de pensée. La politique employée est construite de façon à diviser les citoyens pour mieux les affaiblir et donc les diriger".

"Si j'étais lui, je ferais très attention. Car un soulèvement de masse pourrait bien se réveiller bientôt à force de trop tirer sur la corde. Et ça, quelle que soit la situation vaccinale des individus". Un participant vacciné

"Je suis vacciné et pourtant je suis là"

"Liberté !" a été le mot scandé prioritairement. "Nous ne sommes pas là pour nous  battre contre le vaccin et les vaccinés, insiste l'une des participantes. On est mobilisé contre les directives du gouvernement qui ne nous laisse aucun choix."

Un témoignage acquiescé par Christian, un ponot à jour de ses deux vaccins anti-covid. "Je suis vacciné et pourtant je suis là. Car il n'est pas possible de laisser ce gouvernement obliger les gens à se faire vacciner contre leur volonté. Je suis écœuré par la manière opérée par Emmanuel Macron. Diviser autant les gens en mettant en confrontation vaccinés et pas vaccinés me révulse. Si j'étais le président, je ferais très attention. Car un soulèvement de masse pourrait bien se réveiller bientôt à force de trop tirer sur la corde. Et ça, quelle que soit la situation vaccinale des individus".

Photo par Nicolas Defay

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