Lorsqu'ils se rendent chez leur médecin traitant, la coupable est rapidement identifiée : l'escherichia coli, ou E. coli.
« Notre médecin a immédiatement confirmé : "Vous vous êtes baignés dans l'Allier ? C'est normal que vous soyez malade, il y a la bactérie E. coli." »
Escherichia quoi ?
Escherichia coli. Drôle de nom direz-vous. On vous l'accorde. Mais il s'agit en fait d'une bactérie résidant dans le tube digestif de l'être humain et des animaux à sang chaud, et leurs déjections. Elle est, selon l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, régulièrement responsable des gastroentérites classiques, qui se guérissent généralement en quelques jours, sans gravité (sauf pour les personnes très fragiles).
La fondation rivières précise sur son site web : « E. coli est une bactérie d’origine fécale que l’on retrouve dans les tubes digestifs de mammifères, dont les humains et les oiseaux. L’E. coli représente 90 % des coliformes fécaux. Bien que la majorité des souches d’E. coli ne soient pas pathogènes, certaines le sont, et la bactérie reste un excellent indicateur de contamination fécale dans les cours d’eau. Une concentration élevée représente alors un risque élevé de présence de bactéries pathogènes. »
Fallait-il interdire la baignade ?
Cette contamination subie par la famille serait ainsi, selon elle, due à la présence de cette bactérie en nombre trop important dans l'Allier.
Une possibilité que l'ARS, contactée par téléphone, dément : « Après vérification, nous pouvons confirmer que le seuil d'E. coli sur ce site de baignade n'est pas au-dessus des seuils inoffensifs pour l'Homme. »
Pourtant, on trouve sur son site web d'autres données : selon les derniers contrôles datant du 23 juillet 2024, on trouverait une concentration de E. coli de 930/100 ml. Un résultat bien au-delà de la valeur limite bon/moyen.
Cécilia Haas, cheffe du service communication de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes nuance : « Effectivement les résultats E. coli sont supérieurs à la valeur guide, valeur en dessous de laquelle l'eau est qualifiée de bonne qualité. Mais les résultats sont inférieurs à la limite impérative (1800 germes/ 100ml), valeur en dessus de laquelle la baignade est interdite au regard du risque sanitaire. »
Un classement sur 4 saisons
Une signalétique « site dont l'eau est de qualité insuffisante » est par ailleurs visible sur la carte du site. Pour le directeur de cabinet de la préfecture, Benoît De Lagarde, « ce classement est notamment la conséquence d’une analyse très mauvaise (pollution importante en E.Coli) au cours de la saison estivale 2023, liée à un démanchonement de l’évacuation de la station d’épuration d’Alleyras située en amont de Monistrol-d'Allier, provoquant une pollution de l’Allier jusqu’au site de baignade. Ce sont les résultats du contrôle sanitaire qui ont donné l’alerte et l’enquête a permis de mettre en évidence l’origine de la pollution. Les travaux avaient été réalisés sans délais ».
En effet, conformément à la directive européenne de 2013, la qualité des eaux de baignade est évaluée selon plusieurs niveaux de qualité déterminés par les résultats obtenus lors des analyses menées pendant les 4 saisons précédentes : insuffisante, suffisante, bonne et excellente.
Ce classement est européen. Il prend à la fois en compte les dénombrements en bactéries, c'est-à-dire le nombre de bactéries observées par unité de volume (ici mL) mais aussi la variation de ces dénombrements à travers le temps.
« À ce jour, les baignades de Haute-Loire sont toutes conformes et ouvertes au public sans restriction », rassure le directeur de cabinet de la préfecture
Monistrol-d'Allier est par ailleurs le seul site répertorié de Haute-Loire dont la qualité de l'eau est qualifiée d'insuffisante. Elle est suffisante à Aurec-sur-Loire et au Monastier-sur-Gazeille. Elle est bonne à Prades et à Vieille-Brioude. Les sites de Champagnac-le-Vieux, Chilhac, Goudet, La Chaise Dieu, Langeac, Lapte, Villeneuve-d'Allier et les lacs du Bouchet et de Devesset obtiennent la mention "excellent". À noter que le site de Lavoûte-Chilhac est non classé, mais ses derniers prélèvements se sont avérés bons.
Alors avant d'aller vous baigner, n'hésitez pas à vérifier l'état de l'eau sur la carte (cliquez ICI).
De nouveaux prélèvements toutes les 2 semaines
L'ARS, pour s'assurer de la bonne qualité de l'eau, réalise des prélèvements toutes les deux semaines.
Ainsi, la responsable de communication de l'organisme avance : « Les Escherichia Coli sont des germes fécaux. Cette bactérie apparait donc dans les déjections humaines et animales (animaux à sang chaud). Elles peuvent souiller les eaux (dont les eaux de baignade) mais aussi les aliments. Escherichia Coli se transmet à l’homme principalement par des aliments contaminés, comme de la viande hachée crue ou mal cuite et du lait cru. La contamination fécale de l’eau et d’autres aliments, ainsi que la contamination croisée lors de la préparation de la nourriture (avec du bœuf, d’autres produits carnés, des surfaces ou des ustensiles de cuisine contaminés) provoquent aussi des infections. Comme exemples d’aliments impliqués dans des flambées d’E. coli , on peut citer des hamburgers mal cuits, du salami, du jus de pomme frais non pasteurisé, des yaourts, des fromages à base de lait cru. Nous ne connaissons pas la date de la baignade de cette famille. »
Et elle souligne que pour l'heure n'avoir reçu aucun signalement sanitaire de suspicion de contamination suite à la baignade à Monistrol-d'Allier ni ailleurs.
Ainsi, elle confirme l'autorisation de la baignade sur ce site, n'excluant pas que cette famille ait été contaminée par un autre biais.
« Le dernier contrôle sanitaire a eu lieu hier : les paramètres physiologiques sont bons. Nous aurons les résultats bactériologiques demain, une culture de 48 heures étant nécessaire. »