Ils viennent des quatre coins de la France et ont répondu à l’appel de Dege, graffeur altiligérien, désormais très connu sur le bassin ponot pour ses différentes fresques réalisées. Ensemble, comme un être à 12 mains, les six artistes ont fusionné leur style et leur savoir-faire pour constituer une fresque à la fois géante, subjuguante et colorée. Iguane, araignée, perroquet, oiseau, lettrage, flore...un morceau des tropiques d’environ 50 m² colore maintenant le paysage entre le stade de foot d’Aiguilhe et le Rocher Saint-Michel. « Nous allons utiliser 90 bombes de peintures pour l’ensemble de l’œuvre, partage Dege. Nous avons commencé à 9 heures ce matin (samedi 19 juin, Ndlr) et nous terminerons demain matin ».
Un festival du graf à Aurec
Commandé par l’association Aiguilhe Animation, le tableau s’avère être une première en Haute-Loire. « C’est inédit dans notre département qu’autant de graffeurs se réunissent pour faire une même fresque, assure Florian Vayer, responsable du magasin Sikkens à Brives et fournisseur d’une partie de la peinture. Mais ce record sera rapidement battu car plus de professionnels encore sont attendus à Aurec-sur-Loire pour un festival du graf à la fin septembre ».
Lüle, l’oiseau et le personnage
L’équipe de Dege est aujourd’hui composée de 5 garçons et une fille. « Mon pseudo est Lüle, partage-t-elle. Je viens de Bordeaux et c’est la première fois que je découvre le Puy-en-Velay, une ville que je n’ai pas eu encore la chance de visiter mais qui a l’air sacrément belle. » Elle ajoute : « Ça fait environ 10 ans que je graffe en tant que professionnelle. Pour ce « jam » (ce tableau), je m’occupe de faire l’arbre, l’oiseau et le personnage ». Lüle fait partie du collectif VEC, Vivre En Couleur, avec Dege et trois autres graffeurs présents.
« Le graf casse les barrières et les frontières du Monde »
À ses côtés, c’est Ynoxe. Il vient tout droit de Brives-la-Gaillarde et joue de la peinture depuis près de 20 ans. C’est le lettreur du groupe, un style qui tranche par rapport aux autres, ces derniers réalisant des animaux ou des choses réelles. « C'est vraiment chouette d'être là car nous faisons ça pour le plaisir, sans contrainte, s'exprime-t-il. Le graf, ça a quelque chose de magique en soi. Sa richesse est le mélange des genres. On peut être riche, pauvre, homme ou femme, issu de n'importe culture ou de pays, être blanc, noir, arabe ou juif, on s'en fou. On est une fusion de couleur. Le graf casse les barrières et les frontières du Monde ».
« Pour moi, c’est un mode de vie. Je vis pour le graf »
Ensuite vient Dege ou Camille Alberni, notre fierté altiligérienne dans l’univers du graffiti. « Ça fait 17 ans que je fais ça à présent, précise-t-il modestement. D’un autre côté, je possède une entreprise de décoration intérieure haut de gamme. Pour ce tableau à Aiguilhe, je réalise notamment le perroquet ». Véritable passionné, il se confie encore : « Le graffiti est en train de se démocratiser de plus en plus. Partout en France et au-delà, nous sommes demandés que ce soit par des mairies, des galeries, lors d’appels à projet ou pour un festival...Pour moi, c’est un mode de vie. Je vis pour le graf. D’autre part, on peut être très éloignés géographiquement, nous sommes une grande famille. Presque tout le monde se connaît dans le milieu »
« Je réalise surtout des animaux car je suis très sensible à l’écologie »
Le lyonnais Kalouf, mentor de Dege selon les propos de Camile Alberni, peint depuis 2003. De ses mains sort un iguane stupéfiant de réalisme. « C’est la première fois que je viens au Puy-en-Velay, livre-t-il. Et je trouve que l’ambiance est vraiment à la cool, ici. Ma spécialité ? Je réalise surtout des animaux car je suis très sensible à l’écologie et la faune animale ». À la question de savoir comment a été décidé le sujet de la fresque, Kalouf répond : « En fait, sur groupe de discussion Facebook, on a parlé un peu de ce qu’on voudrait y mettre. Nous étions tous d’accord sur ce côté tropical et coloré. Mais ce n‘est qu’en face du mur ce matin que nous avons partagé nos idées de dessin ».
« On est une grande famille »
Thomas ou Zen One vient de Cap Breton, Il a 20 ans de bombes entre les doigts. « Ma technique est plutôt dans le réalisme, dit-il en montrant l’énorme mygale représentée. Quand Dege m’a parlé du projet, j’ai tout de suite répondu à son appel. Comme les autres l’ont dit, on est une grande famille. Et on est là pour s’aider et graffer ensemble ».
« Le graffiti n’est plus une mode. Il fait parti à présent de la culture »
Quant à Möka, bordelais comme Lüle, il est graffeur professionnel depuis une dizaine d’année. « Je suis en train de faire ce qu’on appelle un portrait graphique dégradé à plat, décrit-il. Je suis super content d’être ici ! Toute cette effervescence autour du graffiti rappelle que ce n’est plus une mode. Il fait parti à présent de la culture. C’est terminé cette image de quartier où cet art en serait issu et confiné. D’ailleurs, je ne connais aucun graffeur professionnel qui vient des cités des grandes métropoles ».