Les Chibottes, ça vous parle ?
Là-haut, sur la vallée du Dolaizon, entre Vals-près-le-Puy et Saint-Christophe-sur-Dolaizon, se trouvent une trentaine de huttes en pierre sèche, qui s'avèreraient former un village. Gérard Challet, conseiller municipal à Vals depuis l'an dernier, souhaite valoriser ces petites habitations cachées. Il y a 40 ans, il avait déjà trouvé le site inspirant.
"Ma conviction, c’est que les Chibottes sont bien des habitations, plutôt que des maisons de vigne ou des cabanes de berger. Et il a pu y avoir un village."
Avant de poursuivre : "Comme dans tout village, des habitations ont pu être démolies, tombées en ruine, reconstruites, restaurées. Il n’est pas impossible qu'à l'emplacement du premier village de Chibottes, la vie ait continué dans celui-ci".
« Quand j’ai eu l'occasion de m’occuper plus des Chibottes, je l’ai fait ! »
Après avoir mené des recherches sur la Haute-Loire à la bibliothèque du Puy-en-Velay, consulté des archives départementales datant du 17e siècle et s'être promené, Gérard Challet en est venu à quelques hypothèses. Principalement seul dans sa recherche, il a pu rencontrer certains propriétaires de Chibottes et écrire quelques articles pour y relater ce qu'il y avait trouvé.
"J’ai consulté beaucoup d’extraits de livres et d’articles de différents auteurs. Une partie d’entre eux pensent que les Chibottes sont des habitations et que plusieurs ont été habitées pendant longtemps. Une Chibotte de la vallée du Dolaizon était encore habitée jusque dans les années 1960, et en Ardèche au début du 20e siècle." Avant d'ajouter : "Dans le premier cadastre de Napoléon de 1807, il y a seulement 30 Chibottes, alors qu'après fin du 19e et au début du 20e, plusieurs centaines sont recensées. " détaille Gérard Challet.
Il précise : "les Chibottes ont été plus ou moins abandonnées pendant le 19e siècle : des Chibottes ont été démolies, certaines ont servi à construire, soit des maisons de vigne rectangulaire, soit des immeubles du Puy."
A l'époque, les géomètres privilégiaient des bâtiments "utiles", donc il n'est pas impossible selon le passionné qu'elles aient été détruites.
Des hypothèses vérifiables
Toutes ces hypothèses se vérifieraient, selon le passionné, par des recherches plus approfondies.
"Par des possibilités de trouver des traces de vie"
Ces recherches sont justifiées, selon Gérard Challet. Il explique: "Sur la commune du Chambon, il y a la falaise du Blot, qui est un site archéologique remarquable de niveau européen. En bas de la falaise, il y a des abris roche. Du côté de Vals, il y aussi une falaise, des abris sous roche, une rivière, des cavernes creusées par l'Homme, des grottes naturelles et des chibottes."
Quelques indices d'habitat
Au beau milieu des herbes hautes, une Chibotte cachée dévoile quelques indices d'habitation.
Dans le mur en pierres se trouvent des solives. Celles-ci auraient sans doute servi à tenir un plancher, formant ainsi un étage. Les inscriptions en latin dateraient du 16e siècle.
Simples constructions en apparences, les Chibottes sont en fait très bien pensées. Conçues en basalte compacte (pierre volcanique), les habitations sont composées de deux murs, avec un positionnement spécifique des pierres (à 15 degrés) pour éviter que l'eau ne rentre. Un "sacré travail de construction", selon le passionné.
Sur les traces de la Préhistoire
D'ailleurs, en parlant de vie, il évoque certaines découvertes juste un peu plus loin du parking des Chibottes, avant Saint-Christophe-Sur-Dolaizon. Des fragments de poterie et des petits bouts de silex ont notamment été retrouvés et témoignent de l'existence d'une vie à la Préhistoire.
"Par ailleurs, il y a un propriétaire d'un terrain privé qui a une Chibotte enterrée sous plusieurs mètres de roches et de terres et accessible par un sous-terrain. Il y a un deuxième sous terrain qui part de cette Chibotte et qui semble aller vers une cavité. On ne sait pas encore trop ce que c'est. Cet ensemble pourrait être un tombeau préhistorique. A l'entrée, on a retrouvé des ossements d'un cheval." L'étude faite en 2005 par Frédéric Lacombat, archéologue, précise qu'ils proviendraient de la période néolithique.
Tout part d'un curieux randonneur
En 1974, alors qu'il faisait une randonnée, l'homme qui trouva le sentier en fit un tracé. Dix ans plus tard, c'est le maire de la commune de Vals-près-le-Puy, André Reynaud, qui décida d'inscrire une des Chibottes dans le patrimoine historique et de mettre en valeur le site.
Des projets pour 2022
La création d'un deuxième parking et l'agrandissement du sentier qui passera par la "Chibotte du chef" sont prévus pour l'an prochain. Pour anecdote, celle-ci tient son nom de l'écrivain et archéologue Albert Boudon-Lashermes, à l'origine de plusieurs découvertes de sites en Haute-Loire.
"Le retour du sentier se fera en traversant le Dolaizon et en passant par l'ancien barrage hydroélectrique en pierres."
Clara Duchêne