« Les gens ne se rendent pas compte, mais ce chantier est aussi rare qu’exceptionnel, assure Fabien Michel, patron de l’entreprise homonyme. Reconstruire à l’identique deux tours en pierres massives, voilà le défi que nous et l’entreprise Demars (de Marcilly le Châtel dans la Loire) avons relevé ».
« Chaque tour comporte entre 400 et 500 tonnes de pierres »
Et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Avant de rénover les tours de 27 mètres de haut, il a fallu les déconstruire sur environ 13 mètres. Selon Fabien Michel, chaque tour comporte entre 400 et 500 tonnes de pierres. « Notre entreprise s’est occupée de la tour sud (celle de droite quand on se tient devant le parvis de l’église, Ndlr), précise-t-il. Nous avons quantifié 100 m³ de pierres posées en façade plus le doublage intérieur ».
« La pierre de Turquie a été choisie, car elle est vraiment de très bonne qualité »
D’ailleurs, le sujet des pierres a été l’une des difficultés principales du chantier. « Au moment où le chantier a été lancé (en 2017 avec Les Compagnons, Ndlr), la carrière de Polignac n’était toujours pas ouverte, souligne Fabien Michel. La pierre de Turquie a été choisie, car elle est vraiment de très bonne qualité et s’approche sensiblement de celles utilisées originellement pour l’église ».
À noter que la carrière de Polignac a été exploitée ultérieurement pour la rénovation de la cathédrale du Puy et l’entreprise de maçonnerie Christian Badiou.
« Il y avait une déformation de la tour »
L’équipe de Fabien Michel, constituée de Guillaume Coat au dessin technique, Fabien Liebert, responsable de la taille, Stéphane Bost à la maçonnerie et Luis Geada, responsable des enduits et patines, a utilisé les documents d’archives pour remonter fidèlement l’édifice.
« Tout comme l’entreprise Demars, nous sommes partis sur l’existant, confie Fabien Michel. Nous nous sommes vite rendu compte qu’il y avait une déformation de la tour. Nous avons alors dû travailler au préalable sur la corniche de départ pour rectifier cet écueil et la géométrie ».
Six pinacles de 5,4 mètres de haut
Ensuite, c’est l’énorme assemblage d’un puzzle géant avec des pièces pesant plus d’une tonne pour certaines. « Cet ouvrage est très complexe, car il y a beaucoup de parties moulurées, précise encore le patron de l’entreprise de Saint-Pierre-Eynac. D’autre part, nous avons dû procéder à des assemblages à blanc avant de les sceller définitivement ».
En exemple, les six pinacles qui entourent par trois les deux tours. « Ils mesurent 5,40 mètres de haut et pèsent chacun six tonnes. Partant de là, il nous fallait être certains de leur parfaite réalisation à l’atelier avant de les transférer sur le lieu du chantier ».
La fin du chantier aux alentours de la fin septembre
Concernant l’échéance, Fabien Michel espère que septembre sera le mois de la fin. « Nous avons déjà descendu de quinze mètres l’échafaudage, montre-t-il. Actuellement, nous sommes en train de mettre en place les pinacles. Nous pourrons bientôt sabrer le champagne ».
Dans deux mois, si tout se passe comme prévu, les gens pourront alors admirer l’église des Carmes sans son habit de métal et s’émerveiller devant le travail aussi remarquable que colossal des entreprises participantes.