L’auteur, Jean-Marc Moriceau, professeur de l’université de Caen est devenu un des spécialistes incontestables de la question du loup en France. Il est ainsi l'auteur d'Histoire du méchant loup (2007), L'Homme contre le loup (2011) et de l'atlas Sur les pas du loup (2013).
Il est aussi spécialiste de l’histoire des campagnes et des mentalités de l’histoire moderne.
Le révélateur des mentalités d’une époque et d’un territoire particulier
Dans son avant-propos l'auteur écrit : ”la Bête du Gévaudan offre un puissant révélateur. Sur les mentalités d'une époque, certes, mais aussi sur un territoire particulier, un état de la société, des rapports spécifiques entre l'homme, la faune sauvage et l'environnement. Prisme réflecteur de l'histoire économique et sociale, elle éclaire le fonctionnement de mondes ruraux relégués à l'écart des préoccupations ordinaires et du champ d'exercice du pouvoir".
L'histoire d'un emballement médiatique
Jean-Marc Moriceau a dépouillé la littérature très nombreuse qu’a suscité cette histoire. Il y décortique une sorte d'emballement médiatique qui a saisi la presse de l'époque et qui a largement contribué à la notoriété de cette bête et écrit : “En donnant lieu à des centaines de publications - le millier est atteint depuis longtemps- elle a fait couler plus d'encre que de sang".
L’ouvrage, chronologique et scientifique, se lit comme un roman d’aventure
Décidément, ce n'est pas sur les gros troupeaux ovins, concentrés sur les hautes terres, que l'agresseur jette son dévolu. Mais sur les bovins disséminés que gardent de fragiles enfants.
Les premières lignes donnent souvent le ton du récit "En ce début d'été 1764, alors que les troupeaux de moutons venus du bas Languedoc se rassemblent pour l’estivage au cœur de la montagne vivaraise, s'ouvre le premier acte d'un drame qui va durer trois ans. Les deux témoins qui assistent au convoi du 1 juillet et signent le registre mortuaire de Saint-Etienne-de Lugdarès, commune actuelle de l'Ardèche limitrophe de la Lozère, ne peuvent s'en douter. Ils sont les premiers à venir attester, ce dimanche-là, d'une réalité qui va secouer l'Europe entière bien avant de déchainer, un bon siècle plus tard, les passions jusqu'à aujourd'hui. De quoi s'agit-il au juste?"
Le samedi 30 juin 1764 marque l'ouverture officielle de la série d'attaques
“Dans l'un des hameaux de la paroisse, celui des Hubacs, une fillette qui allait sur ses 14 printemps -on l'a baptisée sur place le 6 octobre 1750 - vient d'être attaquée par un animal sauvage dont la férocité stupéfie les habitants.
“Dès le départ, plusieurs choses intriguent …”
Alors que le soleil se couchait. Jeanne Boulet a été dévorée. Frappée d'une mort atroce et imprévisible, elle n'a pu quitter ce monde dans la communion de l'Eglise, avec les derniers sacrements qui préparent tout chrétien à l'au-delà pénitence, éventuellement lement eucharistie, extrême-onction..."
Un plan de chasse de la bête servira de table d'orientation au sommet du truc de la garde
"Tout au long de la saison d'été 1764, les drames se multiplient entre le sud de la Margeride et le flanc ouest des Cévennes. Au cours de cette première phase, ils se cantonnent à cette zone : les hauts lieux de la transhumance, qui accueillent alors des dizaines de milliers de moutons pour l'estivage, vaste secteur qui s'étend de la forêt de Mercoire au Plateau du Palais du Roi. C'est là le point d'arrivée de la draille de Margeride, l'une des pistes principales qui acheminent les moutons depuis le littoral méditerranéen. Les attaques frappent une aire d'environ 300 km2 sur les hauts plateaux d'estive, entre 1 000 et 1 200 m d'altitude (carte 2, zone I, p. 428). Dans ce foyer de départ, les bergers transhumants semblent immunisés."
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L’ouvrage est disponible depuis le 3 juin en librairie sous le code ISBN 9791021048652 pour l’édition papier au format 12X18 et 9791021048669 pour le format numérique au prix de 11,50 euros