Ce vendredi 21 mai, le Conseil constitutionnel a censuré partiellement la loi sur la promotion des langues régionales adoptée le 8 avril dernier. Plus exactement, il a censuré l’enseignement immersif de ces langues et l’utilisation de signes diacritiques comme le tilde dans les actes de l’état civil. En revanche, il a validé la possibilité de prise en charge financière par les communes de la scolarisation des enfants qui suivent un enseignement de langue régionale.
> Voir la décision du conseil constitutionnel
Mais coup de théâtre ! Ce mercredi 26 mai, le président de la République Emmanuel Macron est allé à l'encontre du conseil constitutionnel et de son ministre de l'Éducation nationale sur Facebook :
Ce mercredi 26 mai au Sénat, le premier ministre Jean Castex a assuré que la rentrée « s’effectuera tout à fait normalement » pour les établissements « sous contrat d’association avec l’Etat ».
Le communiqué du Collectif Pour Que Vivent Nos Langues le 10 mai dernier, avant la décision du conseil constitutionnel :
« Depuis sa création à l’automne 2019 face au danger représenté par les réformes de l’actuel ministre de l’Éducation nationale, notre collectif d’associations de promotion des langues régionales Pour Que Vivent Nos Langues a mené plusieurs actions publiques (rassemblement le 30 novembre 2019 à Paris, renouvelé sur tous les territoires le 10 octobre 2020). Leur objet : alerter l’opinion sur les conséquences de ces réformes pour l’enseignement de nos langues, mais aussi mettre en lumière la force vitale de ces langues, leur créativité, leur apport à la diversité culturelle du pays et de l’Humanité, alors même que leur danger de disparition est pointé par l’UNESCO.
En parallèle à ces actions unitaires de nos associations, le travail de l’Assemblée nationale et du Sénat a débouché, pour la première fois depuis 1951 (loi Deixonne), sur l’adoption le 8 avril 2021, à une très large majorité transpartisane, de la loi sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion déposée par le député Paul Molac. Ce vote, arraché contre l’opposition farouche du ministre Blanquer, a suscité un immense espoir et des débats publics d’une ampleur et d’une qualité sans précédent.
Or, juste avant la date où elle aurait dû être promulguée, 61 députés* ont saisi le conseil constitutionnel contre cette loi. Au moment où nous lançons cet appel, nous ignorons ce que sera le résultat de cette peu glorieuse manœuvre, à l’origine de laquelle se trouve le même ministre.
C’est là le dernier acte en date de l’entreprise de destruction de l’enseignement de nos langues par ce ministère, après
➢ les effets néfastes d’une réforme du lycée qui a entraîné une baisse moyenne de 50 % des effectifs d’élèves
➢ l’élaboration d’un soi-disant « Plan Langues » qui ignore les langues régionales
➢ le blocage de l’inscription du flamand occidental et du franco-provençal à la circulaire 2017-072, circulaire que nous souhaitons voir complétée également des autres langues régionales qui en font la demande tel le picard
➢ le refus obstiné de recevoir une délégation du collectif Pour Que Vivent Nos Langues. Tout cela au nom d’une politique générale d’économies budgétaires et de casse des services
publics.
Contre un ministère en décalage avec les aspirations d’une opinion publique fière de sa diversité culturelle et linguistique, nous marquerons, le 29 mai, notre détermination à créer, à écrire, à lutter pour nos langues et à les enseigner au plus grand nombre. Nous serons nombreux à nous réunir le 29 mai dans toutes nos régions pour que vivent nos langues ! »
* Les députés altiligériens Isabelle Valentin et Jean-Pierre Vigier avaient voté pour la loi Molac ce jeudi 8 avril. Ils ne font pas partie des 61 signataires de la saisine du Conseil constitutionnel.
> Lire le courrier du collectif au ministre de l'Éducation nationale
Lettre a JM Blanquer du Collectif Pour Que Vivent Nos Langues.pdf