Ils étaient une cinquantaine de salariés (soit 95% des personnels en CDI, selon le syndicat Force Ouvrière) à se mobiliser ce mardi 18 mai, lors d'un débrayage d'une heure organisé à l'entrée du parking d'AltiLabo de Taulhac, au Puy-en-Velay.
Qu'ils soient techniciens, secrétaires, préparateurs ou autres, ceux qui étaient présents souhaitaient une reconnaissance morale et salariale. Et pour appuyer leur mobilisation, on pouvait lire des pancartes rédigées et tenues par quelques salariées : "Sans nos analyses, impossible de gérer la crise", "Premiers pour dépister, derniers à être augmentés", ou encore "Des journées d'enfer, rien de plus pour les salaires, labo en colère";
Pour Karine Ginter, déléguée syndicale Force Ouvrière, "nous sommes nous aussi des oubliés du Covid. Nous avons une surcharge de travail énorme depuis plus d'un an maintenant. Nous voulons donc une revalorisation salariale. Il y a eu le Ségur et finalement, nous avons aussi été oubliés puisqu'on dépend de la Sécurité sociale et on n'a pas eu nos 183 €."
Une demande de reconnaissance pour un travail sous pression
Un oubli qui ne passe pas pour le syndicat FO, lequel regrette la non-considération de la direction par rapport au travail effectué : "Quand on parle de surcharge de travail, pour donner un exemple, il y a des jours où l'on a 1500 dossiers Covid, voire plus, en plus des dossiers que nous faisons habituellement chaque jour dans notre travail. Donc cela se traduit par des heures en plus, beaucoup d'investissement personnel, la venue de CDD.", donne pour exemple Karine Ginter.
"C'est une forte charge pour les nerfs, puisqu'il faut rendre le travail en temps et en heure et qu'en face, nous avons des malades. La pression est énorme." Karine Ginter, déléguée syndicale FO 43
La revendication passe donc par une hausse des salaires, en guise de reconnaissance, pour les techniciens, les secrétaires, les préparateurs et autres. "Lorsque dans une école, il faut faire les tests Covid, il faut aussi préparer le matériel adéquat. Donc on est tous logés à la même enseigne, autrement dit une surcharge de travail énorme. Nous demandons donc 183 € net par mois pour tout le monde, à notre direction qui peut le faire économiquement.", poursuit la déléguée syndicale.
Si le dialogue n'a pas encore eu lieu avec la direction, la demande aurait quant à elle été faite : "Mais nous n'avons pas été entendus", assure Karine Ginter. Avant de poursuivre : "Ils nous ont répondu que l'on ne dépend pas du Ségur, ce qui est vrai. Mais la Sécurité sociale nous fait vivre et nous impose aussi le point."
La question des primes d'ancienneté et sans cotisations
Concernant la prime Covid, ces derniers l'ont obtenu au bout de négociations : "On a bien eu les 1000 € de la prime Covid, mais il a fallu négocier pour les obtenir. Mais ces 1000 € sont désociabilisés comme on dit, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune cotisation dessus.", développe Karine Ginter. Avant de poursuivre : "Donc ça ne compte pas pour une maladie, une retraite. C'est ponctuel."
Cette prime Covid n'est pas la seule à avoir été demandée : "Nous avons une prime de participation et une prime d'ancienneté qui, au bout de 15 ans, s'arrête.
"Il y a des personnes ici qui ont 20 ans d'ancienneté et qui ont toujours la même prime". Karine Ginter
A ce sujet, "la fédération FO, qui négocie à Paris avec la fédération des patrons de labos, voudrait aussi une réévaluation de cette grille pour la prime d'ancienneté.", explique la déléguée syndicale.
LA RÉPONSE D'ALTILABO
Du côté de la direction, pour le gérant d'Altilabo, Hassan Mahfoudi, ce débrayage "suit le mouvement d'appel national à la grève. Nous sommes conscients que tout le personnel médical a connu une année difficile et qu'il a été mis à rude épreuve. Pour l'heure, nous ne nous sommes pas encore prononcés sur cette problématique, mais nous devons nous réunir demain pour apporter une réponse collégiale"
Pourtant, dans ce nuage noir de contestations, quelques améliorations ont été constatées : "Nous avons eu une prime de fin d'année, à hauteur de 450 € qui là, est assujettie aux cotisations. Et puis l'année dernière, nous avons eu 1% d'augmentation.", finit par nuancer Karine Ginter. "Mais nous ne voulons pas nous contenter de primes et on nous dit non à toutes nos revendications salariales".
Axel Poulain