Tout ce qui n'a pas de valeur peut être détruit.
Et ce qui n'est pas célébré n'a pas de valeur.
C'est donc un devoir de célébrer ce qui doit être sauvé.
Je crois au pouvoir de la célébration.
Les bonnes destructions se font dans le silence.
Le silence de ceux qui détruisent.
Le silence de ceux qui laissent faire.
Alors chantons, déclamons, dessinons et peignons, dansons ce qui doit être sauvé.
Chantons les abeilles sauvages et nourricières, déclamons, un par un, les arbres généreux, dessinons les prés vivants et peignons les animaux, dansons les vieux chemins sous les pas des chevaux et des femmes, les vieux chemins des hommes et leurs murets complices.
Nous ne nous lasserons pas.
Nous dirons, un par un, les fruits noirs de la ronce, nous guetterons la martre et le hérisson brun, nous prendrons dans nos mains les blés de l'ancien monde, et nous les sèmerons.
Nous ne nous lasserons pas.
Nous dirons la rudesse du pays de nos mères, la puissance des herbes qui soignent, le secret des ruisseaux.
Nous avons notre langue.
Nous avons notre langue d'amour qui parcourt les vallées, qui vante les plateaux, qui courbe doucement le sommet rond des sucs.
Nous ne nous lasserons pas.
Nous dirons tout ce qui est beau.
Nous ne cacherons rien.
Nous mettrons sous les yeux des hommes tant de beauté de notre monde que plus un seul n'aura le cœur de l'abîmer.
Quel amant peut jamais balafrer son aimée ?
Et nous proclamerons l'âge de la merveille
Qui est celui des cœurs ouverts sur la beauté d'ici.
Nous ne nous lasserons pas.
Chloé Landriot