Il a fallu parcourir une longue route sinueuse pour en arriver là, mais nous y sommes bien parvenus, et ça valait le coup.
Perdue au bout d'un chemin privé et ombragé, l'entrée est réservée aux seuls personnels d'EDF. Rien que pour l'occasion, nous avons eu, ainsi que l'ensemble des membres de la commission InterSAGE Ardèche/Loire Amont, un passe-droit exceptionnel.
Une fois ce portail sécurisé passé, il faut encore poursuivre la route sur quelques mètres pour atteindre un espace dégagé et le barrage du Gage. Se dévoile alors un paysage majestueux, avec une vue dégagée sur cette gigantesque étendue d'eau.
Un aménagement titanesque
L'aménagement, lui aussi est gigantesque et vertigineux... Sensibles s'abstenir ! C'est sur une passerelle suspendue au-dessus du vide que l'on s'avance d'un pas incertain et lourd, pour observer le barrage du meilleur point de vue qu'il soit.
D'un côté, la vaste étendue d'eau, de l'autre, le vide et un trou béant.
C'est à cet endroit précis que tout se joue. En hiver, le barrage est totalement ouvert, laissent l'eau circuler en permanence. L'été, les touches du clavier se relèvent, et nécessite que le barrage soit rempli pour que l'eau "de trop" déborde et soit déversée pour produire de l'électricité.
En bref, le parcours de l'eau :
« On capte l'eau de la Loire et de ses affluents sur le plateau ardéchois, et on la dirige vers deux barrages : celui de Lapalisse et celui du Gage. Mais on capte aussi l'eau du lac d'Issarlès, qui est naturel.
Ces trois lacs sont à la même altitude par rapport au niveau de la mer, et sont tous interconnectés.
Des jeux de vannes situées au fond des lacs donnent la possibilité de faire passer l'eau d'un lac à l'autre.
Une importante galerie va ensuite passer sous la ligne de partage des eaux, pour amener l'eau captée sur le bassin atlantique, vers le bassin méditerranéen.
L'eau est ensuite turbinée à l'usine de Montpezat, et retourne dans le lit naturel de la Fontaulière, affluent de l'Ardèche.
Cette eau va donc servir à la production d'électricité en période hivernale, puis servir aux différents usages de l'eau le reste de l'année : l'eau potable, l'irrigation, la dilution de la pollution et le tourisme », détaille Pierre-Louis Reynaud.
46 étages, près d'un demi-millier de marches
Une fois effectuée cette rapide mais instructive visite, c'est le parcours souterrain de l'eau que nous suivons, depuis la surface, puisqu'il faut encore parcourir quelques kilomètres de route montagneuse pour atteindre la centrale hydroélectrique de Montpezat.
C'est là que la magie opère, là que l'eau produit par sa seule force naturelle une puissance électrique très puissante... Un peu aidée de l'ingénierie de l'Homme tout de même.
Mais pour y accéder, il faut le mériter. Ce n'est pas moins de l'équivalent de 46 étages qu'il faut descendre (puis remonter au retour), qu'il faut emprunter, d'abord dans la forêt, puis dans une galerie souterraine. Mieux vaut-il ne pas être claustrophobe ou même spéléonophobe.
4 turbines, 8 injecteurs, 2 alternateurs
Une fois le pied posé sur terre... ou plutôt sous terre, la lumière au bout du tunnel : une grande salle, remplie de machines en maintenance.
Là, un brouhaha assourdissant, provoqué par les engins en fonctionnement, retentit. Les équipes techniques d'EDF procèdent à la maintenance des turbines, robinets et autres machines à taille XXL.
Ce sont ces turbines justement, qui permettent la production d'électricité. Grâce à la projection de l'eau par des injecteurs, à raison de deux par turbine, c'est leur rotation qui par énergie mécanique crée de la ressource.
22 m³ d'eau turbinés par seconde
L'une des particularités de cette usine est son rendement. Avec une capacité turbinable de 22 m³ par seconde (1 320 000 litres par minute), la centrale hydroélectrique de Montpezat peut produire jusqu'à 131,8 MW. Soit la consommation d'électricité de plus d'un tiers de l'Ardèche. À titre de comparaison, l'eau de votre robinet s'écoule en moyenne à 0,0002 m³ par seconde (ou 12 litres par minute).
« Le rendement est excellent comparé au thermique », assure le responsable de la centrale.
Le parcours de la journée en vidéo ci-dessous ↓↓↓