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Un plogging géant qui se termine en un succès malheureux

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 06/03/2021 à 06:30

Un succès pour sa réalisation. Un malheur pour le constat dévoilé. 900 élèves au Puy ont effectué cette discipline consistant à faire du sport en extérieur tout en ramassant les déchets trouvés par terre. En une semaine, la masse des détritus récoltés donne le tournis.

De la primaire à la terminale en passant par les lycées générales et professionnels, ce ne sont pas moins de 900 élèves de l’ensemble scolaire Saint-Jacques-de-Compostelle qui se sont lancés dans un plogging colossal. Durant une semaine, supervisés par le coach sportif Baptiste Massin et les professeurs d’EPS (Education Physique et Sportive), les jeunes ont nettoyé les rues du centre-ville ponot et ses alentours tout en appliquant des postures physiques et d’étirement.

Une partie des élèves et des professeurs ploggeurs devant leur récolte. Photo par Nicolas Defay

« Les gens nous félicitaient pour cette action »

« On a associé une action citoyenne avec le fait de faire une activité sportive, explique Philippe Guillot, professeur d’EPS. Les élèves devaient ramasser les déchets en faisant par exemple des squats pour renforcer les muscles des jambes et ne pas se faire mal. Durant nos différents passages dans la ville du Puy, les gens nous félicitaient pour cette action au profit de la planète. »
Il continue : « L’opération a aussi fait prendre conscience aux élèves que la Terre n’est pas une poubelle. Et peut-être que ceux qui fument ne jetteront plus leurs mégots n’importe où à présent. »

Le trio gagnant

Karine Daemen, responsable du collège et du lycée sur le site de Saint-Joseph, partage son enthousiasme suite à ce plogging XXL. « C’est une opération réussite car elle a permis aux jeunes de faire du sport, de réaliser un geste pour l’environnement et de leur faire prendre conscience de la montagne de détritus récoltée en une semaine. C’est un trio gagnant en quelque sorte. Les élèves étaient interloqués par l’amas recueilli. Ils ont fait des photos qu’ils ont mis sur leur Instagram et les réseaux sociaux. Ils sont fiers de leurs participations ! »

Des masques sanitaires dans la nature, un nouveau fléau écologique. Photo par Nicolas Defay

« Nous avons collecté 22 kilos de mégots ! Soit près d’un 1/2 m³ ! »

Devant les participants s’aligne alors le résultat de leur pêche inédite. Marianne Rochette-Mouyren, directrice déléguée au lycée professionnel et technologique Anne-Marie-Martel décrit la liste ahurissante des détritus exposés dans la cour du site Saint-Joseph. « Les jeunes ont ramassé 132 kilos d’ordures ménagères et 119 kilos de déchets à recycler. 62 kilos de verres ont été récoltés et 10 kilos de cartons. D’innombrables masques de protection font aussi partis de la liste. Et surtout, nous avons collecté 22 kilos de mégots ! Soit près d’un 1/2 m³ ! C’est à la fois incroyable et dramatique ! »

Elle ajoute : « Cela éveille vraiment au fait que nous sommes dégueulasses ! » Pour les objets insolites ? Un parasol, des morceaux de trottinettes, un cadre de vélo... « Des élèves ont même retrouvé un néon avec le danger que cela représente notamment avec le gaz stocké à l’intérieur », déplore Marianne Rochette Mouyren.

« Clairement, on ne s’attendait pas à ramasser autant de déchets ! Les mégots, c’est le pire. 22 kilos de mégots ! Si on n’y retourne la semaine prochaine, on récoltera la même quantité. Il devrait y avoir une amende pour tous ceux qui jettent leurs mégots comme ça ». Philippe Guillot.

Près d'1/2 m3 de mégots ramassés par les élèves en quelques jours. Photo par Nicolas Defay

Et les secteurs les plus sales sont...

Pour la zone couverte, ils ont quadrillé les rues et ruelles du centre ville ponot mais pas que. « Ils sont descendus jusqu’à la Borne, au stade Massot, aux alentours de l’hôpital Sainte-Marie ou encore vers l’immeuble interconsulaire », précise Marianne Rochette Mouyren. Philippe Guillot apporte des éléments sur les zones les plus impactées. « Beaucoup de mégots ont bien sûr été retrouvés en vieille ville du Puy, coincés entre les pavés. Pour la municipalité, je pense que c’est un vrai fléau, très dur à ramasser. Nous l’avons bien compris car, même avec des gants, c’est loin d’être évident à ramasser. »
Sa collègue complète : « Autour du Quick et de Simone Weil, là aussi, sont des secteurs très sales ! Avec le Drive, certaines personnes mangent sur le parking du Quick et jettent ensuite les sacs sur la pelouse. Ceci, malgré la présence des poubelles à proximité ».

Baptiste Massin est l’instigateur de la discipline du plogging dans l’agglomération du Puy-en-Velay. Depuis 2018, année de la première édition, il invite toutes personnes de 3 à 103 ans à venir le rejoindre une fois par mois pour faire du sport tout en nettoyant la planète. « Ce plogging d’envergure est un succès mais il nous fait voir à quel point certains n’ont aucun respect de la nature et des autres, se désole-t-il. Un mégot, en soi, c’est pas grand-chose. Mais au bout d’une semaine, ça fait 22 kilos ! » 

Prochain rdv à Polignac samedi 6 mars

De plus en plus de communes ou de structures font appel aux dévouements des ploggeurs. « On a eu dernièrement le Monteil qui nous ont contacté pour un plogging dans leur commune. Vals-près-le-Puy aussi. Et également Décathlon. Samedi 6 mars, c’est à Polignac à 10h45 devant la salle communale que nous nous retrouvons. À chaque fois, nous sommes entre 5 et 30 à nettoyer une zone que nous avons choisi au préalable ».

Une opération sans précédent renouvelée l'année prochaine

Face à ce succès clair-obscur, la direction et les professeurs de sports ont décidé de renouveler l’évènement dès l’année scolaire prochaine. « À cause de la crise sanitaire, nous n’avons plus d’installation sportive, explique Philippe Guillot. Nous faisons donc du sport dehors mais il est difficile parfois de motiver des jeunes à courir par moins 4 degrés. Cette opération de plogging géant avec Baptiste Massin, l’éducateur sportif de la Ville, s’est révélée idéale. Alors, oui, nous renouvellerons cette action sans hésiter ».

Mais que vont devenir à présent les déchets récoltés ? « On va les répartir dans les poubelles qui correspondent à leur destination, livre Philippe Guillot. Nous avons une remorque pour amener les objets en fer à la déchetterie. Les verres vont être déposés dans les conteneurs adéquats. Idem pour les cartons ». Quant au 1/2 m³ de mégots, ils seront confiés à l’entreprise Vacher pour qu’ils soient détruits et partent finalement...en fumée.

Photo par Nicolas Defay

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