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Laurent Wauquiez : 240 millions d'euros "facultatifs" octroyés aux écoles privées

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 25/06/2024 à 16:50

"C’est avec stupeur et colère que la FSU 43 a pris connaissance du courrier envoyé le 3 juin par le Président de la Région AURA aux établissements scolaires privés de la région". Ainsi commence le brûlot partagé par le syndicat majoritaire de l'enseignement. En une poignée de paragraphes, il dépiaute et démonte les arguments tenus par Laurent Wauquiez qui fait l'apologie des écoles privées.

Le 3 juin, les directions de tous les établissements privés de la grande Région ont dû recevoir ce courrier signé par Laurent Wauquiez, Président de la Région AuRa. Cette missive, dont les mots caressent dans le bon sens du poil l'éducation prodiguée dans le privé, a fait au contraire hérisser les poils du public. 

Car, si aucune critique n'est, c'est vrai, accrochée sur le dos des "profs" fonctionnaires, la pommade passée uniquement sur les enseignants du privé a provoqué un urticaire géant chez les premiers. 

Ci-dessous, la lettre adressée aux établissements privés par Laurent Wauquiez ▼

"Une démarche clientéliste, financée par de l’argent public"

Le syndicat Fédération syndicale unitaire (FSU) est la première fédération syndicale de l'enseignement en France. L'antenne altiligérienne a confié un courrier, daté du 18 juin, à tous les médias locaux. "C’est avec stupeur et colère que la FSU 43 a pris connaissance du courrier envoyé le 3 juin par le Président de la Région AURA aux établissements scolaires privés de la Région. Une démarche clientéliste, financée par de l’argent public et qui donne le sentiment que M. Wauquiez favorise clairement l’enseignement privé". 

Après cette introduction, ils poursuivent en ce sens : "Le Président de Région évoque sa consternation face au rapport des députés Vannier et Weissberg et y voit un acharnement contre l’enseignement privé. Pourtant, ce rapport coécrit par deux députés LFI et Renaissance fait globalement les mêmes constats que le rapport de la Cour des Comptes de juin 2023."

"Le contrôle financier des établissements privés sous contrat [...] n’est pas mis en œuvre"

Et que dit la Cour des Comptes ? Que "les contrôles [portant sur l’utilisation de l’ensemble des moyens accordés aux établissements privés sous contrat, y compris le forfait d’externat] ne sont pas ou peu exercés : le contrôle financier des établissements privés sous contrat, qui incombe aux directions départementales et régionales des finances publiques, n’est pas mis en œuvre ; le contrôle pédagogique, réalisé par les inspecteurs d’académie et inspecteurs pédagogiques régionaux, est exercé de manière minimaliste".

Laurent Wauquiez rappelle son attachement aux valeurs portées selon lui par l’enseignement privé : "le travail, le mérite, l’excellence et l’épanouissement de la personnalité". Qu'il se rassure, les établissements publics aussi valorisent le travail, recherchent le meilleur pour tous les élèves ainsi que leur épanouissement.

"La réalité lui donne malheureusement tort"

Usant d'une plume acérée, trempée dans une encre noircie d'amertume, le syndicat FSU 43, continue : "Le Président de Région explique également que « contrairement à ce qu’affirment les députés, [les établissements privés sont] aussi des lieux de mixité sociale ». La réalité lui donne malheureusement tort". 

Toujours d'après le rapport de la Cour des Comptes sur le sujet, parmi les 20 lycées de l'académie de Lyon (généraux et technologiques + professionnels) ayant l’IPS (indice de position sociale) le plus élevé, 15 sont privés. Alors que parmi les 20 lycées ayant l’IPS le plus bas, aucun lycée privé ne s'y trouve. Ce même déséquilibre se retrouve à l'Académie de Clermont où les chiffres sont respectivement de 12 et 1 sur 20.

"L’enseignement privé sous contrat risque désormais de participer à l’aggravation de certaines des faiblesses de notre système éducatif". La Cour des Comptes

La Cour des Comptes fait de ce bilan le constat suivant : "En concentrant une part de plus en plus élevée d’élèves issus des catégories très favorisées, au point que ces dernières représentent désormais plus de 40 % de ses effectifs, l’enseignement privé sous contrat risque désormais de participer à l’aggravation de certaines des faiblesses de notre système éducatif". 

"Il est intolérable que des financements facultatifs soient octroyés aux lycées privés"

Les établissements privés sont des structures privées propriétaires de leurs locaux qui font parfois l’objet de transactions immobilières, rappelle le syndicat. "En conséquence, lorsque la Région finance 240 millions de travaux dans des bâtiments privés alors que ces dépenses sont légalement facultatives, c’est autant d’argent public qui bascule directement dans le patrimoine d’acteurs privés".

Avant de marteler : "Il est intolérable que des financements facultatifs soient octroyés aux lycées privés alors que certains lycées publics sont en attente de travaux depuis des années. Nous appelons M. Wauquiez à cesser tout financement facultatif aux établissements privés et à donner la priorité, dans toute la Région, à l’école publique."

"M. Wauquiez affirme que « tous nos enfants méritent la même attention ». Certes, mais l’école publique a des obligations que le privé n’a pas et les élèves défavorisés qui se trouvent très majoritairement dans le public ont légitimement besoin de plus de moyens". FSU 43

Le rapport de la Mission Lycée menée par les élus d’opposition à la Région et publié le 8 novembre 2023 pointe notamment des problèmes d’isolation thermique récurrents, de fuites d’eau, d’internats ou de locaux vétustes (avec parfois des classes inaccessibles), d’équipements informatiques obsolètes, de cafétérias inadaptées aux effectifs, etc.

 

 

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