« Tant qu’il y aura des rêves d’enfants... » Tel est le slogan de cette entreprise sigolénoise dont le rêve semble se terminer en cauchemar. Spécialisée dans le marché du jouet depuis quarante ans, la société Harmony joue le rôle d’intermédiaire entre les constructeurs de jouets et les magasins spécialisés et de grande distribution qui les revendent à leur tour. Ils conçoivent et fabriquent également les outils promotionnels de présentation comme les podiums, des étagères en display et toutes sortes d’accessoires de mises en avant. Fin 2013, l'ogre FDG (France Distribution Gestion) acquiert la petite entreprise de Sainte-Sigolène, renforçant ainsi son groupe déjà composé de onze autres structures disséminées à travers l’Hexagone.
En France, les chiffres du jouet s’établissent ainsi (chiffreS 2018)
275 euros de dépenses annuelles par enfants (0-11 ans)
3,4 milliards d’euros pour le marché du jouet
213 millions de jouets vendus
Source : rapport du Marché du jouet France 2018-FJP
« À l’heure actuelle, il n’y a aucun repreneur pour nous »
Aujourd’hui, les 17 éléments œuvrant dans la société Harmony Jouet sont menacés par un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi), en l'occurrence un licenciement généralisé. « C’est plus qu’une menace !, déplore Laurent Audrerie, salarié dans l’entreprise et syndiqué Force Ouvrière. Car c’est ce qui est programmé par la maison mère de FDG. À l’heure actuelle, il n’y a aucun repreneur pour nous. La date de fin est fixée au 31 octobre de cette année. » Pour signifier leur colère, ils ont entamé un « débrayage » devant les portes de leur entreprise en sursis. « Nous n’en sommes plus à espérer une reprise de l’activité mais à négocier nos primes de départ », ajoute-t-il.
Au total, 85 personnes sur le carreau
« Ici, ce sont beaucoup des travailleurs d’une quarantaine d’années, décrit Laurent Audrerie. Mais il y a quelques personnes qui sont à 3 ou 4 ans de la retraite. Que vont-ils faire jusque-là ? Et d’autres ont travaillé durant des décennies au même poste. Il est certain qu’il sera très difficile pour eux d’apprendre un autre métier et de s’y investir pleinement après tant d’années. »
Au-delà du PSE local, ce sont au total 85 salariés qui vont perdre leur emploi sur les 700 que compte le groupe France Distribution Gestion d'après Laurent Audrerie. Ainsi, les entreprises de Sainte-Sigolène, de Saint-Paul-les-Dax (40), de Coulaines (72), de Douai (59), de Belfort (90) et de Brives-la-Gaillarde en Corrèze (19) vont suivre le même épilogue que l’entité altiligérienne.
Partir dans le Loiret... ou au chômage
Mais une solution est tout de même proposée par la direction de FDG. « Ils suppriment tous ces postes pour ouvrir une énorme structure dans le Loiret (45), là où sera d’ailleurs transférée la boite de Malesherbes, précise Laurent Audrerie. Ils nous ont alors suggéré de venir continuer notre activité sur ce nouveau site. Mais aucun de nous ne veut s’expatrier là-bas ! »
Sur les 12 « petits » sites du groupe, seuls trois vont alors survivre à cette concentration des forces vives dans un même lieu. Et pour le moral des personnes concernées : « C’est un véritable coup de massue, livre Laurent Audrerie. Personne ne sait ce que son avenir professionnel deviendra. À Sainte-Sigolène, il n’y a pas beaucoup de travail et moins encore en adéquation avec notre savoir-faire. On est profondément attristés et extrêmement inquiets ».
« FDG a bénéficié d’une évolution positive de son chiffre d’affaires »
À l’angoisse d’un avenir plus que nébuleux s’ajoute l’incompréhension et un sentiment d’injustice. « Durant les confinements, seuls les commerces de grande distribution étaient ouverts avec très peu de restrictions, rappelle Laurent Audrerie. Et FDG a bénéficié d’une évolution positive de son chiffre d’affaires. Tout le domaine de la mercerie a très bien fonctionné aussi, domaine phare du groupe. »
Il termine ainsi : « Nous sommes affligés par ce qu’il se passe et atterrés de voir comment notre sort à tous a été scellé comme ça à Orly (siège social de FDG, Ndlr) ». Si l’entité n’a pas communiqué son chiffre d’affaires sur les années 2019 et 2020, elle a tout de même enregistré une augmentation fulgurante de celui-ci entre 2017 et 2018. Car il est passé de 71 millions d’euros en 2017 à... 125 millions l’année d’après.