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Bas-en-Basset : un promeneur a-t-il entravé les tirs de régulation préfectoraux ?

, Mise à jour le 10/02/2021 à 12:30

Les lieutenants de louveterie de Haute-Loire ont constaté, lors d’une battue administrative en mai 2020, qu’un individu criait en tapant dans ses mains et entravait la bonne marche de la « régulation » du gibier. Selon eux, il essayait d’enlever les colliers GPS des chiens de chasse présents. Les chasseurs ont ensuite constaté la disparition des colliers.

Appelé à la barre en correctionnelle au Puy-en-Velay ce mardi 9 février 2021, le prévenu déclare : « J’avais garé mon 4X4, j’ai pris mon chien, j’ai un croisé un copain cycliste puis j’ai voulu provoquer mon propre chien qui a suivi une trace de sanglier qu’il m’avait indiqué. J’ai alors vu les chiens de chasse et j’ai cru qu’il s’agissait de chiens échappés. Des chasseurs assermentés m’ont dit que j’avais 20 minutes pour rendre les colliers de leurs chiens. Ensuite la gendarmerie est arrivée chez moi pour perquisitionner. Je ne suis pourtant pas en conflit avec la louveterie. Oui, j’avais bien vu une dizaine de chiens mais je certifie n’avoir pas volé de colliers ».

La juge le reprend et lui fait remarquer : « vous aviez dit en audition que vous n’aviez pas vu de colliers. Or, à cette audience, vous dites avoir vu ces colliers ! ». Pour toute réponse, le prévenu bredouille et se perd un peu.

M. Jakubowski, lieutenant de louveterie, est appelé à la barre par la présidente du tribunal judiciaire. Il expose le contexte de la battue et dit qu’il a été fait appel à des chasseurs locaux (les mesures Covid limitent le groupe à dix chasseurs). « Nous ne sommes pas des braconniers, nous sommes bénévoles et intervenons pour régulation sur demande du préfet ».

Me Kathy Breysse, avocate, pose la question de la période de chasse : « étiez-vous en période autorisée ? »

Un autre chasseur est appelé à la barre : « J’ai bien vu que les colliers avaient disparu et je les ai cherchés pendant une heure. On ne recevait plus le signal GPS des colliers. Les recherches sur le bon coin pour retrouver les colliers ont été infructueuses. »

L’avocate, Katy Breysse, est surprise par des déclarations qui semblent fluctuantes entre l’audition des gendarmes et les dires à l’audience. Le chasseur hausse un peu le ton : « on peut relire le PV de gendarmerie ! »

M. Carriot, représentant la préfecture, est appelé à la barre : « la zone est conflictuelle dans le secteur de Bas-en-Basset. Les battues de régulation sont nécessaires et les lieutenants de louveterie sont des auxiliaires de l’État et donc ils sont nécessaires. Les gendarmes interviennent souvent sur le secteur de Bas pour de nombreux conflits. Je rappelle que suivre la trace d’un sanglier avec un chien hors période de chasse, comme l’a fait le prévenu, est considéré comme un acte de chasse ! Je demande l’indemnisation des bracelets et l’euro symbolique pour l’Etat. » L’avocat demande les factures des colliers. Elles ne lui sont pas fournies.

Le prévenu est rappelé à la barre. La juge lui rappelle qu’il a déjà été condamné pour escroquerie en 2019. Il est boucher charcutier, marié, un enfant et chasseur depuis 20 ans.

Me Breysse déplore que le prévenu mente à la barre : « le prévenu minimise sa responsabilité. Ce Monsieur reconnaît tout sauf avoir pris les colliers… Il a dit à son copain de rencontre qu’il y avait une battue administrative. J’ai la crainte que ça aille plus loin. Les chasseurs ont vu une mise en danger d’autrui car les chiens ont dû être recherchés ensuite. Je sollicite 500€ chacun pour le préjudice moral. »

Le procureur évoque le vol des colliers et les victimes qui sont des bénévoles. « Le prévenu a bien été vu à travers les jumelles des chasseurs. Quitte à mentir, allons-y gaiement ! Le prévenu a déjà été condamné il y a deux ans. M. Jakubowski aurait pu l’interpeller sur place mais il a préféré récupérer les chiens. Je requiers contre le prévenu quatre mois d’emprisonnement avec sursis simple. »

L’avocat de l’intéressé plaide : « le prévenu a sollicité l’intervention des chasseurs et lui reprocher d’entraver les chasseurs est contradictoire. Il n’a pas à porter le poids de personnes qui n’aiment pas les louvetiers. On reproche le vol de dix colliers mais je ne vois aucune preuve de ce vol ou de l’existence même des colliers. Est-ce que l’infraction a eu lieu ? Aucune trace GPS ! Et rien dans le dossier. Le prévenu n’a pas vu les louvetiers mais eux disent l’avoir vu… ?! Comment fait-on pour le voir prendre des colliers alors qu’il se promène avec son chien en laisse, sans fusil, qu’il s’agenouille (l’avocat le mime !). Comment fait-il pour prendre dix colliers en si peu de temps ? L’avocat s’agenouille de nouveau ! Il n’est pas possible qu’il y ait deux colliers par chien. Le prévenu n’a rien pour cacher les colliers sur lui. Les jumelles des lieutenants ne portent pas à 800m mais à 340m. Or, le prévenu était à 800m. Il n’a pas volé et je rejette les accusations et les demandes de préjudice moral. »

Le tribunal prononce la décision de mise en délibéré. Décision sera rendue le 2 mars à 8h.

G.R.

Selon Alain Chateauneuf, président des louvetiers de la Haute-Loire, la Haute-Loire compte 21 louvetiers qui sont affectés sur des circonscriptions. En moyenne, ils effectuent sur une année 500 missions pour 35 000 km qui représentent 3 300 heures.
Tous les louvetiers sont nommés par le préfet pour une période de cinq ans et sont assermentés. Ils sont des agents bénévoles de l’État en tant que conseillers techniques pour les problèmes de gestion de la faune sauvage. « Ils effectuent des missions d’intérêt général et donnent beaucoup de temps et le tout à leurs frais », souligne Alain Chateauneuf.
Ils ont un rôle de négociateur dans les conflits opposant souvent chasseurs et agriculteurs. « Leurs expertises sur le terrain, sont très appréciées dans le monde cynégétique », ajoute-t-il. Toutes leurs missions sont encadrées par des arrêtés préfectoraux.

 

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