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Quand l'assemblée de Bourgeneuf devient " Le Gratte Cieux " une oeuvre d'art conceptuelle

Par . . , Mise à jour le 24/06/2024 à 06:00

Le début de la période estivale 2024 marque le début d'une vie nouvelle pour l'assemblée du petit hameau de Bourgeneuf à Saint-Julien-Chapteuil. Dans le cadre du projet " Fenêtre sur le paysage", une aventure artistique et culturelle qui cherche à faire un lien entre le  patrimoine et les  problématiques du monde moderne tout au long du chemin de Saint-Jacques, l'ancienne maison de la béate s'est transformée en oeuvre d'art éphémère, originale et insolite. Nous avons assisté à son inauguration.

Retracer l'histoire de l'assemblée de Bourgeneuf à Saint-Julien-Chapteuil tout en interrogeant le rôle et la place de ce type de "tiers-lieu" dans les mobilisations présentes et les enjeux sociétaux à venir c'est le pari artistique parfaitement réussi de deux jeunes artistes issues toutes deux de l'Ecole des Beaux-arts de Paris : Alice Lescanne et Sonia Derzypolski. 

Alice Lescanne et Sonia Derzypolski en compagnie du maire de Saint-Julien-Chapteuil Photo par jfp

Un projet artistique et culturel "décalé" sur le parcours du Saint-Jacques...

Leur "installation" en lieu et place de la maison de la béate de Bourgeneuf est éphémère. Vouée à disparaître en fonction du sort que le temps et les aléas de la nature lui réserveront. Son nom, " Le Gratte-Cieux" , volontairement décalé et provocateur, a été choisi par les deux artistes " en référence à la religion qui a beaucoup marqué l'histoire du bâtiment et celle de la Haute-Loire, mais aussi en référence à ces immenses immeubles que sont les gratte-ciel".

" Transformer symboliquement cette petite bâtisse rurale (...) en une immense tour urbaine " 

Insolite? Les deux jeunes femmes trouvaient intéressant de " transformer symboliquement cette petite bâtisse rurale de quelques mètres carrés en une immense tour urbaine dotée de plusieurs étages". Et ceci, par le biais d'un simple objet, vu comme un symbole de la ville moderne : un interphone.  Pas n'importe lequel pourtant. Un interphone digne d'un immeuble de trente étages. Grâce à lui et rien qu'à lui, la petite bâtisse en pierre est devenue un monstre de verre et d'acier. 

Le projet est porté par l'association " Derrière le hublot" basée dans le département de l'Aveyron, en association avec l'Agence des chemins de Compostelle et soutenu à la fois par la communauté de communes Mézenc-Loire-Meygal, celle des Sucs ainsi que les mairies de Queyrières et de Saint-Julien-Chapteuil. Il s'inscrit, d'après Fred Sancère, directeur de l'association, dans une volonté plus générale " d'apporter la culture mais aussi de faire venir des artistes ayant le vent en poupe dans les espaces ruraux, même les plus reculés".

" Se réapproprier les chemins de Saint-Jacques par le biais de l'Art ou de la fantaisie

Pour le maire de Saint-Julien-Chapteuil, André Ferret, il s'agit également de " réveiller et de mettre en valeur les chemins de Compostelle en les rendant festifs, en invitant les marcheurs ou les habitants du lieu à se les réapproprier d'une autre manière, par le biais de l'Art et de la fantaisie".

Transformer une petite bâtisse en gratte-ciel par le simple biais d'un interphone Photo par jfp

... pour raconter l'histoire et se projeter dans l'avenir

Et de la fantaisie justement, il y en a à Bourgeneuf. Le "Gratte Cieux" mêle l'histoire de l'assemblée du hameau avec la grande Histoire. Avec beaucoup d'humour. Anticlérical et politique ( l'une des deux artistes est également diplômée de Sciences Po Paris). Il parle des assemblées de la béate, revisite à sa manière l'histoire de la guerre " entre les curés et les instits", évoque les justes du plateaux tout en interrogeant  l'avenir d'un petit écosystème alitiligérien jusqu'ici préservé mais en proie lui aussi aux changements climatiques et à la crise écologique.

"Rendre hommage à un monde perdu mais qui à vocation à être reconquis

Pour Alice Lescanne, " l'installation, à cheval entre les arts visuels et les arts du vivant, manie l'humour ou le détournement pour rendre hommage à un monde perdu mais qui à vocation à être reconquis, celui des assemblées, des biens de section et des organisations collectives ". Elle conclut : " L'art, c'est un moyen comme un autre de traiter des sujets sociaux ou politiques contemporains". 

Grâce à ce miraculeux interphone, posé contre le mur en pierre de l'Assemblée, les randonneurs du GR 65 pourront donc remonter les années et se projeter dans l'avenir. Depuis le 17è siècle jusqu'au ... 44è siècle. D'une simple pression de l'index sur une sonnette ils pourront " entendre des voix". 

Les  voix de toutes celles et de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l'histoire du lieu, de manière réelle ou fictive. Les voix de toutes celles et de tous ceux , qui au présent, ont choisi de rejoindre quelque chose de collectif " comme cela se faisait à l'époque des assemblées". Les voix de toutes celles et tous ceux  qui ont un message à donner depuis l'avenir qui s'annonce "apocalyptique" pour les deux artistes. Les voix de M. SFR (pour Saint-François-Régis), des Septs nains, de Jules Ferry, de la béate, de M. ZAD,  des époux Klarsfeld,  de M. Gilles est Jaune ou Mme Apocalypse... 

Une autre oeuvre d'art, pérenne cette fois ci, a également été inaugurée ce samedi sur le GR65 au col de Raffy à Queyrières: il s'agit du " Suchaillou" , sorte d'abris troglodyte imaginé par la designer Constance Guisset. Cliquez ici, pour en savoir plus. 

 

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