L'économie du sapin tient une place considérable dans l'économie française et aussi dans celles des départements auvergnats. C'est sans doute pourquoi une polémique est née cette semaine sur le caractère de première nécessité du sapin de Noël. Quelque temps plus tôt, des maires écologistes de grandes villes avaient tenté de remettre en cause cette pratique jugée écocide pour une utilisation aussi temporaire que futile.
Il a donc fallu une intervention du ministre de l'agriculture pour que les sapins puissent, par décret officiel, retrouver leur place devant les magasins à partir du vendredi 20 novembre. Curieusement, nos gouvernants interdisent aux commerçants de vendre les artifices qui les décorent.
Une vente uniquement en extérieur mais aucun vendeur vu sur les ronds-points.
Sur le plateau de RMC, le ministre Julien Denormandie avait affirmé que la vente de sapins serait possible à l’extérieur à partir de ce vendredi 20 novembre. Il avait précisé aussi que « La vente serait organisée dans les lieux habituels, dont certains sont déjà ouverts comme les grandes surfaces ou les magasins de jardinage” avant de rajouter que "les fleuristes pourraient également en vendre à l’extérieur ».
Aucun fleuriste ouvert et des grandes surfaces au Puy qui ne proposent pas de sapin naturel.
Ce samedi au Puy, nous n’avons pas trouvé de fleuristes ouverts. Plusieurs arborent un panneau sur leur vitrine proposant d’acheter sur commande téléphonique. Il a donc fallu se retourner vers les grandes surfaces, mais celles-ci n’en proposent pas non plus. Chez Auchan, nous recueillons le témoignage d’un responsable sécurité : “Nous n’avons jamais vendu de sapins naturels ici. Nous proposons des sapins artificiels mais ceux-ci sont des éléments de décoration alors il faut les choisir sur catalogue puis passer par le Drive ou le click&collect comme pour les jouets”.
Les jardineries pas encore opérationnelles.
Il ne nous reste alors plus que la piste des jardineries.
Dans la première, on nous répond avec le sourire (sous le masque s’entend) “que les commandes ne sont pas encore arrivées, qu’il sera possible d’en acheter à partir de mercredi avec un prix de départ autour de 15 € et que; oui, beaucoup de gens sont passés pour en demander ce samedi”.
Dans une deuxième, le dépôt extérieur est bien achalandé avec des arbrisseaux de différentes tailles dont le plus grand risque bien de ne pas tenir sous votre plafond. Une caissière très sympathique là aussi, explique que “chez eux, on a mis en place un système de distribution qui évitera le passage des arbres par l’intérieur avec une livraison par le portail du parking”.
Ok, mais pour ça il faudrait trouver un vendeur or, à l’évidence on tourne ici avec un personnel réduit. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’une bonne moitié des rayons sont bâchés afin d'interdire l’accès aux nombreux produits non nécessaires donc interdits à la vente.
L'espace extérieur où sont disposés, conformément au décret, les arbres naturels, est très bien achalandé (notre photo) mais il n’y a aucun trou dans l'ordonnancement initial du rayon.
Et la décoration alors ? Et bien si, c’est possible, même en magasin !
Pas d’ambiguïté, les radios et télévision s’en sont fait l’écho toute la semaine. “Il n’est pas possible d’acheter des décorations de Noël en magasin”. Explique Bfm Tv qui a fait sa journée dessus tandis que Charline Vanhoenacker ironise dans sa chronique matinale du 19 Novembre sur France Inter.
“Oui c’est officiel, il y aura un sapin : le Gouvernement nous autorise à acheter des sapins dès ce vendredi (essentiel), par contre, on ne pourra pas acheter les décorations (non-essentielles). C’est comme pour tout le reste, c’est une question d’organisation : un jour tu fais l'attestation pour acheter la dinde, le lendemain tu fais l'attestation pour acheter les marrons…” L'humoriste conclut : “Et si on ne peut pas acheter les décos de Noël, au pire on réutilisera celles d'Halloween”.
Et c’est bien vrai qu’acheter un sapin sans sa décoration c’est un peu comme être allé acheter des filtres et d’avoir oublié d’acheter le café ou encore comme d’avoir des cheveux et ne pas avoir de shampooing.
Si dans la plupart des enseignes que nous avons visitées dans la quête de notre sapin naturel, les rayons de décoration étaient interdits, nous avons trouvé au moins deux moyens, au Puy, de se fournir en boules de Noël.
Le premier ne semble pas tout à fait légal. Il s’agit d’une boutique dans laquelle une rubalise destinée à interdire l'accès aux rayons interdits s'est décrochée et traîne à terre. En conséquence, de nombreux clients ont dû se servir puisqu’une vendeuse réassort les rayonnages.
On interroge quelques-uns des clients. Ils sont un peu penauds dans leur réponse : “on a vu que des gens se servaient alors on a fait pareil”, justifient tour à tour deux jeunes couples.
C'est sans doute leur premier Noël en couple, on ne veut pas trop les accabler mais on leur demande quand même s’ils pensent qu’ils pourront passer en caisse. Ils avouent : « qu’ils n’en savent rien mais qu’ils vont tenter le coup ».
Nous les avons devancés et figurez-vous qu'il y a une astuce. À la caisse, on vous donne un bon de commande de click&collect, on le remplit, on paye et c’est tout. Il faut dire que nous avons vu des librairies où on peut faire pareil.
Le deuxième, par contre est parfaitement légal, il suffit juste de ne pas être gourmand et de savoir résister devant la tentation du chocolat. En effet, dans les grandes surfaces, le chocolat reste un produit légal (heureusement !). Deux marques ont créé des chocolats en forme de belles et grosses boules et d'étoiles pour attacher sur son sapin. La première fournit les réceptions de l'ambassadeur en bouchées croustillantes aux éclats de noisettes, la deuxième est spécialisée dans les oeufs-surprises aux enfants.
Pour une surprise, c'en est une. On sera donc reparti sans sapin et sans guirlandes mais avec une belle provision de boules multicolores en chocolat, en attendant la semaine prochaine où, c’est sûr on pourra l’acheter notre beau sapin.
T.C.