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Covid : un partenariat inédit entre Bon secours et Émile-Roux

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Ancestrale est la frontière entre les structures privées et publiques de tout ordre et de tout horizon. Et presque comme une tradition qui se perd dans la nuit des temps, ce mur restait là, sans qu’aucune tempête ne vienne l’ébrécher un tant soit peu.
La Covid, dans sa grande laideur, a tout de même réussi à engendrer quelque chose de beau : ébranler cette cloison pour laisser passer les mains tendues. « Il faut faire front ensemble face à cette situation sanitaire », partage Frédérique Talon, directrice de la clinique privée Bon Secours du Puy-en-Velay. Elle précise : « Lors de la première vague de la maladie, nous avions envoyé du personnel dans des établissements de notre réseau sur la Haute-Loire. Aujourd’hui, c’est une première pour nous que d’octroyer des effectifs à l’hôpital Émile-Roux ».

Des renforts sur la base du volontariat
L’urologue et président du conseil de bloc à la clinique Bon secours, Jacques Largeron, explique la genèse de cette coopération inédite. « Suite à la crise sanitaire que nous traversons, la direction de l’hôpital Émile-Roux nous a demandé des moyens humains dans le domaine paramédical, en priorité des infirmiers et des aides-soignants. Et c’est bien entendu que la clinique Bon secours s’est montrée favorable ».

Le centre référent en Haute-Loire pour gérer l’épidémie est le centre hospitalier public. « Le nombre d’hospitalisation est très important pour eux, livre encore Jacques Largeron. Pour contenir cette vague, ils ont dû envisager beaucoup de déprogrammations chirurgicales et armer les services Covid pour s’occuper des patients atteints. Les renforts envoyés sont tous volontaires. Nous les dépêchons en fonction de nos moyens et selon les besoins du centre hospitalier Émile-Roux ».

« La frontière publique/privée n’a plus lieu d’être dans ce genre de situation »
Depuis le vendredi 30 octobre, des infirmier(e)s et aides-soignants(e)s de Bon secours viennent alors, de façon quotidienne, appuyer les services de l’hôpital public.

Mégane, infirmière à la clinique privée, a déjà effectué deux journées de travail chez ses confrères et consœurs : « J’ai été affectée dans les services de pneumologie et oncologie, détaille-t-elle. Les équipes d’Émile-Roux sont très contentes de nous voir arriver car elles sont débordées et réellement fatiguées. Ce week-end, j’y retourne pour deux jours. Il est naturel de se serrer les coudes dans ces moments-là. La frontière publique/privée n’a plus lieu d’être dans ce genre de situation ». Sur place, c’est la direction des ressources humaines de l’hôpital Émile-Roux qui dispatche les renforts sur les services souffrants d’une carence de personnel. Le salaire du volontaire est pris en charge par les deux établissements de soins.

Déprogrammation aussi à Bon secours
Pour s’occuper de ses propres patients, tout en fournissant quelques forces vives à l’hôpital public, Bon secours a également procédé à un certain nombre de déprogrammations en suivant les recommandations de l’ARS (Agence Régionale de Santé). « Il y a trois axes qui ne sont pas concernés par ce problème, souligne Sylvain Lanthéaume, directeur des soins à la clinique privée. Le premier entoure la cancérologie, du diagnostic à l’activité thérapeutique. On continue ainsi à prendre en charge toutes les chirurgies cancérologiques [lire l'appel national de la Ligue contre le cancer, Ndlr]. Deuxièmement, les urgences chirurgicales dans toutes les spécialités que propose la clinique. Troisièmement, les patients souffrants d’une pathologie qui pourrait entraîner une perte de chance à court ou moyen terme. Ces chirurgies sont soumises à une cellule de régulation qui se réunit une fois par semaine avec une décision collégiale de maintenir ou pas telle ou telle intervention ». Pour les consultations, elles sont toutefois conservées dans la quasi totalité.

Nicolas Defay

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