Thierry Delmas, chef des urgences du centre hospitalier Emile-Roux (CHER) du Puy-en-Velay, Marc Bouiller, président de la CME (commission médicale d'établissement), Cédric Ponton, directeur stratégie, et Jean-Marie Bolliet, directeur de l’établissement, ont tous les quatre annoncé la mise en route du Plan blanc ce vendredi 16 octobre 2020. « Nous sommes face à une deuxième onde de l’épidémie, déplore le directeur. Pour cela, nous devons non seulement anticiper l’accueil de nombreux malades hospitalisés pour Covid, mettre le personnel nécessaire pour s’occuper d’eux et enfin des mesures pour protéger les patients et les visiteurs. » Une vaste organisation externe à l’hôpital est également à l’œuvre.
Ouverture de lits et achat de respirateurs
Concrètement, le Plan blanc, prévu pour rester plusieurs mois actif, va permettre d’ouvrir plus de lits de réanimation. « Aujourd’hui, nous sommes à 12 lits, précise Jean-marie Bolliet. Dès dimanche, quatre lits supplémentaires seront effectifs. En plus de ça, 10 lits en service médecine et 6 à 8 blocs dans le service des urgences seront dédiés aux patients Covid. En parallèle, nous nous sommes équipés de respirateurs afin que 21 lits en soient pourvus. Les lits restants sont destinés pour les malades moins touchés ou en rémission n’ayant pas besoin d’assistance respiratoire. »
20 % d’opérations chirurgicales en moins
Une large déprogrammation des interventions chirurgicales est étudiée mais la direction veut tirer les leçons de la première vague. « Au printemps, nous avions trop déprogrammé, admet le directeur. Et nous avions eu du mal à les assumer ensuite lorsque la vague s’est calmée. Là, il faudra se focaliser sur la Covid tout en prenant en compte les autres opérations. »
Les interventions repoussées sont, par exemple, celles tournant autour de l’orthopédie et les opérations fonctionnelles. « La semaine prochaine, nous en déprogrammons 10 %, précise Jean-Marie Bolliet. Ensuite, ce sera 20 % ». Il rappelle tout de même qu’il est très important que les patients continuent à venir en consultation. « Surtout les personnes prises en charge en cancérologie », insiste-t-il.
Cette déprogrammation a évidemment pour but de disposer de personnels soignants et l’injecter en réanimation aux côtés des malades infectés par l’épidémie. « On pourra ainsi récupérer une dizaine d’infirmières », table Jean-Marie Bolliet.
Interdiction de visites pour la quasi totalité de l’hôpital
« Nous avons trop vu de visiteurs venir dans l’enceinte de l’hôpital et même dans les chambres sans porter de masques, se désole Marc Bouiller. Or, il faut que tout le monde se protège. Ce comportement est juste inacceptable ! Nous avons non pas décidé de restreindre les visites dans la quasi totalité des services mais de les interdire. » Seuls les soins palliatifs et les services accueillants des enfants seront épargnés par cette mesure sanitaire stricte.
Partenariat avec les autres centres de soins de Haute-Loire et au-delà
En externe, l’hôpital s’est doté d’un outil logistique important pour contenir le prochain afflux de patients. « Nous allons travailler en partenariat avec différents centres de soins et SSR (Soins de Suite et de Réadaptation, Ndlr) du département, explique encore le directeur du centre hospitalier. Ainsi, en cas de saturation du nombre de patients Covid, nous pourrons les transférer selon leur état de santé et d’infection à Langeac, Brioude, Craponne, Yssingeaux, Le Monastier et d’autres. » Comme ce jeudi 15 octobre où un patient a été transporté du CHER au centre de Craponne-sur-Arzon.
En dehors de l’hôpital ponot, il y aura ainsi un total de 15 lits en médecine, 21 lits en SSR, 32 lits en unité spécial Covid et 38 pour les non Covid. À noter également que cette toile logistique dépasse les frontières de la Haute-Loire étant donné que le CHER a récemment pris en charge un patient Covid provenant de l’hôpital de Firminy.
Des cas positifs de plus en plus nombreux
Jean-Marie Bolliet insiste sur la montée de l’infection. « Aujourd’hui, nous avons 20 patients pris en charge à l’hôpital pour Covid. Trois sont en réanimation, douze en service médecine et cinq dans un service dédié à la maladie. Depuis mercredi, deux personnes sont décédées à cause du virus. Et au niveau des 200 tests de dépistages que l’on pratique tous les jours, nous nous approchons à près de 20 % de positifs alors que le ratio n’était que de 5 % il y a quelques jours. »
Du côté des urgences, le DR Thierry Delmas insiste bien sur la sanctuarisation du service qui a été planifiée. « Il y a deux entrées très distinctes, nous apprend-il. Celle pour les personnes Covid ou suspectées de l’être et une seconde pour le tout venant. »
« Continuons dans cette voie et nous courons tout droit vers un nouveau confinement »
Marc Bouiller avertit que si la population ne se mobilise pas plus que ça, le pire est à venir. « On ne cassera pas l’épidémie si certains continuent d’agir ainsi, sans porter de masques et sans respecter les mesures sanitaires. Et ceci même au sein de la cellule familiale. Là, nous allons être confronté à un problème de réalité. Continuons dans cette voie et nous courons tout droit vers un nouveau confinement général et de nombreux morts. »
Thierry Delmas continue en ce sens : « Le problème reste la prise de conscience des gens. Pourtant, la clé réside là. » Jean-Marie Bolliet conclue alors dans la même veine. « On est parti pour vivre avec le Covid. Vivre avec, c’est vivre avec un masque. Vivre avec un masque, c’est continuer à vivre ».
Nicolas Defay
Le Dr Thierry Delmas expose ce qui a changé par rapport à la 1ère vague du printemps à l'hôptial Emile Roux.
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