En 2020, le Covid aura soufflé le chaud et le froid pour les producteurs de miel qui profitent de la foire au miel d'Aiguilhe pour clôturer la phase de récolte et inaugurée celle de la commercialisation. D'un côté, le confinement aura profité à la sérénité des abeilles et à une bonne production (d'aucuns disent exceptionnelles) , d'autre part la foire d'Aiguilhe sans toutes ses animations n'a pas été tout à fait la même fête. Une bonne année de production de miel.----Portrait d'une jeune apicultrice: Charlotte Bompard s'est d'abord installée à Chilhac et dorénavant à Mazérat d'Aurouze. Elle est arrivée là 10 ans plus tôt depuis l'Isère avec 80 ruches après sa formation. Elle en exploite désormais 180. Elle est en bio, labélisée Nature et Progrès depuis un an. C'est aussi une élève d'Alain Condom chez qui elle s'est perfectionnée dans la transformation du miel en nougat, et en pain d'épices.
-----Charlotte Bompard, apicultrice à Chilhac explique que « dans l’ensemble la récolte a été bonne ». Elle précise « c’est globalement une bonne année, peut-être pas de ces années mémorables dont on évoque le souvenir dans les histoires qu’on se raconte entre apiculteur et dont on se demande la dimension légendaire, mais une vraie bonne année de production … pour l’époque ».
De fait, les étals des producteurs qui ont été espacés tout autour du centre du village sont chargés des productions mellifères. On trouve des pots de miels de toutes sortes et de toutes couleurs, Montagne, Eté, Châtaignier, Ronce de Framboisier et aussi des bonbons au miel ou à la propolis, du nougat, du pain d’épice.
A l’entrée du marché, un marchand de crêpe fait saliver le chaland et ouvre les papilles pour préparer à l’achat. De fait, si l’affluence n’est pas celle des autres années, il n’y a personne qui ressorte les mains vides.
« Je viens chaque année pour faire des réserves de miel en prévision de l’hiver » avoue Marie Claire qui habite Aiguilhe même. Elle achète une part du pain d’épices géant que propose Hélène Perrin dont c’est la 35ème et dernière foire au miel d’Aiguilhe. « J’ai 62 ans, je prends ma retraite, il faut bien laisse la place aux jeunes. Ils sont nombreux »."Cette foire, c’est un peu notre roi de l’oiseau à nous"----Cérémonie pour honorer H. Perrin: Hélène Perrin est apicultrice et productrice de petits fruits à St Victor d'Arlempdes. Elle est aussi présidente du GD Civam.
Elle était là, il y a 35 ans pour la 1ère foire au miel d’Aiguilhe qu’elle a œuvré à mettre en place.
"Le maire de l’époque nous a demandé si on pouvait organiser quelque chose à l’occasion de la fête votive du village".
La St Michel est le 29 Septembre.
-----Le nouveau maire de la ville d’Aiguilhe dresse un premier bilan. « On a pas mal réfléchi avec la nouvelle équipe municipale et puis on s’est dit qu’on ne pouvait pas ne rien faire, cette année. Et surtout, on a aussi répondu aux demandes nombreuses des gens qui nous appelaient pour savoir si la fête aurait bien lieu. Cette foire, c’est un peu notre roi de l’oiseau à nous. C’est un temps fort de la fête votive d'Aiguilhe. Il était impossible de ne rien faire. Et puis il fallait être solidaire des apiculteurs, ils nous sont fidèles depuis 35 ans. On voit bien aujourd’hui que pour de nombreuses personnes, c’est un rendez-vous incontournable. Bref, on ne regrette pas du tout d’avoir maintenu cette édition ».« A la St Michel, Goûte ton miel » Hélène Perrin tente une explication de ce dicton connu de tous les apiculteurs. « C’est vrai que c’est avec l’automne que se termine le travail de production de l’apiculteur et donc le début de l’hivernage pour les rûches. Il est temps de vendre la production. Ca tombe à peu près pour la St Michel et c'est même pour ça que ça a commencé ici».
Un apiculteur ne compte pas en heures de travail C’est un travail constant que celui de l’apiculteur. Charlotte Bompard reconnait que « si elle ne décompte pas vraiment les heures de travail, elle n’a aucun jour de repos à partir du printemps et ce, jusqu’à fin Septembre. On y est tous les jours. Je dois faire garder ma fille très souvent ». Ses abeilles hivernent à Chilhac, le micro-climat de la vallée de l’Allier en aval de Langeac permet ça.
Au contraire, Gulali Delidag des Ruches du Velay explique que pour lui, il est temps de déplacer ses ruches pour les faire hiverner en basse Ardèche du coté d’Alba ». Lui aussi est un de ces nouveaux apiculteurs. Il était dans le bâtiment et s'est reconverti. Il reconnait que c'est un métier difficile et très technique mais il vit son rêve, celui de vivre au plus près de la nature, à son écoute, ... à sa merci, aussi. Il y a donc bien comme le disait Hélène Perrin, une relève chez les apiculteurs dans un métier qui a beaucoup changé et qui essaye de se structurer pour lutter contre une concurrence pas toujours honnête.
C’est en partie cette question de la sécurité qui a poussé une famille de Coubon à venir au marché du miel ce dimanche. Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent, ce sont des habitués de longue date.Un public d’habitués venus pour le choix, la qualité et aussi découvrir de nouveaux miels C’est d’ailleurs cette question de la sécurité pour le consommateur qui a poussé cette famille de Coubon à venir au marché du miel ce dimanche. Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent, ce sont des habitués de longue date. « Nous, on est des fidèles, on vient depuis des années ici pour voir et tester de nouveaux miels » raconte Jean-Pierre de Coubon « et, avec le temps, on s’est fixé sur une ou deux sortes de miels et même sur un ou deux producteurs. Pour nous c’est plutôt miel de châtaignier et plutôt aussi celui de Gérard Fargier des Estables mais on en profite aussi de venir à Aiguilhe pour voir et découvrir d’autres producteurs et d’autre miels ».
« Effectivement » reprend Laurène qui a les bras chargés de pots de miels. « En général je prends à peu près toujours le même miel d’année en année depuis 4 ans que je viens ici pour faire mes réserves annuelles mais cette année je me suis laissée tenter par quelques écarts. C’est pour ça que c’est bien d’avoir plusieurs récoltants côte à côte. »
« De toute façon, une chose est certaine c’est qu’on n’achètera jamais en grande surface. Ici au moins on sait ce qu’on achète » conclut Jean-Pierre.T.C.