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Le Pertuis

Déviation St-Hostien/Le Pertuis : '''Pour l'environnement et l'agriculture, c'est un désastre total'''

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

Des dizaines de panneaux accusant les effets néfastes du projet routier, tenus par autant de personnages costumés, endimanchés ou endeuillés. Des enfants, des parents, des anciens, alignés deux heures durant le long de la route pour faire connaitre aux automobilistes leurs positions quant à cette déviation tant décriée, financée à la très grande majorité par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. La FNE 43, la Fnaut (Fédération nationale des associations d'usagers des transports), Nature et Progrès, EELV 43 (Europe Écologie Les Verts) et bien d'autres associations et collectifs ont, semble-t-il, réussi leur opération visuelle, le tout dans une ambiance des plus pacifiques.

Développer les transports en commun plutôt que le goudron
"Ce projet a 30 ans, il faut voir les choses différemment aujourd'hui, partage Renaud Daumas, président de la FNE 43. Que les gens du Pertuis et de Saint-Hostien aient un meilleur cadre de vie, tout le monde peut le concevoir. Mais il peut y avoir des projets alternatifs comme des petites déviations et le développement des transports en commun qui sont les vraies compétences du Conseil régional. La Région s'est concrètement trompée d'outils et on sent bien son président à la recherche d'un électorat en Haute-Loire."
Celline Gacon, d'Europe Ecologie-Les Verts, appuie les arguments de Renaud Daumas. "Le projet qui est présenté par le président de la Région AuRa nous apparaît totalement surdimensionné en ne tenant absolument pas compte de la qualité environnementale qu'il y a sur place. Il faut savoir qu'ici est la plus grande concentration de volcans au monde. Les travaux vont détruire des points de nidification du Milan Royal et d'autres espèces protégées".

Marier l'écologie et l'accidentologie
D'après Celline Gacon, ce sont environ 14 000 véhicules par jour qui traversent les villages du Pertuis et de Saint-Hostien. "Donc oui, nous sommes pour une déviation mais pour une simple 2 fois 1 voie avec des limitations de vitesse à 80 km/h, indique-t-elle. Nous entendons très bien le fait que les riverains souhaitent sortir les voitures de leurs villages et les dangers inhérents. Mais le projet actuel est un projet du passé."

> Lire aussi : Déviation de St-Hostien : Vivre et Conduire y est favorable (17/06/2020)

Jean-Jacques Orfeuvre, de France Nature Environnement, parle du rapport accidentologie/écologie. "L'accidentologie sur cette route est forte pour les petits accidents communs mais plus faible que la moyenne nationale pour les accidents graves et les décès. Ce sont des chiffres officiels et indiscutables. Notre combat n'est pas une question d'une vie humaine contre des hectares à préserver. Il est clair que plus les routes sont petites moins les accidents sont graves, donc moins de morts sur les routes. Et je rappelle que la pollution atmosphérique due à l'utilisation de la voiture, ce sont 67 000 morts par an en France selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé, Ndlr)".

Des agriculteurs expropriés d'une partie de leurs terres
Présents sur place aux côtés des associations de défense de l'environnement, des agriculteurs se tiennent discrètement à l'arrière, hésitants à partager leur ressenti par peur de représailles. "Il y a beaucoup de résidents qui sont opposés au projet, assure Renaud Daumas. Cette affaire, qui provoque beaucoup de clivages dans les villages concernés, fait que l'on n'entend pas beaucoup les principaux intéressés." Comme Xavier Maleysson, agriculteur à Saint-Etienne-Lardeyrol, qui a bien voulu se confier sur le sujet. "Je suis directement impacté car j'ai été exproprié de 10 hectares de terres agricoles sur les 85 en ma possession. Cela va compromettre gravement mon exploitation. Je détiens un troupeau de vaches allaitantes et de chèvres que je vais devoir réduire à cause de ça. Je vais aussi perdre mes deux sources d'eau qui permettaient d'alimenter mon cheptel. Pour l'environnement et l'agriculture, c'est un désastre total".

Nicolas Defay

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