Pour un département comme la Haute-Loire, posséder un service de transport aérien peut être qualifié comme un sacré atout de poids. Parmi les quatorze points de chute que dessert Twin Jet, il y a entre autres Paris/Orly, Lyon, Marseille, Stuttgart, Zurich et…Loudes. Pour les puristes, 13 avions de type Beechcraft 1 900D assurent ainsi 200 vols réguliers par semaine au total pour 80 000 passagers par an. Depuis et vers l'aérogare de Loudes, la compagnie propose des allers/retours Loudes-Paris deux fois par jour, prenant en charge 16 000 personnes annuellement. Des chiffres témoins d'une santé de fer. Mais depuis le début du confinement, les avions sont cloués au sol, entrainant une chute d'activité à zéro pendant des mois normalement à très fortes affluences. Guillaume Collinot, Directeur Général de Twin Jet, partage son ressenti quant à ce contexte particulier.
----Twin Jet, c'est :
-En France et Europe, 9 lignes régulières, 12 500 heures de vol par an, 200 vols par semaine, 80 000 passagers.
-En Haute-Loire, deux rotations régulières journalières Loudes-Paris-Loudes, 220 jours par an, 16 000 personnes transportées.-----Cause confinement, vous avez décidé de rembourser tous les clients ayant annulé leurs vols. Cela représente combien d'annulation jusqu'à présent et pour quel préjudice financier ?
"Tous nos clients ayant fait une demande de remboursement ont été remboursés, ceux ayant décidé de modifier leur voyage peuvent le faire sans frais. Il est important de noter qu’avant que les compagnies ne soient rappelées à l’ordre par le gouvernement, seule notre compagnie a remboursé ses passagers. De la même façon nous avons été la première compagnie a arrêter une desserte pour cause de Covid fin février 2020, et encore une fois nous avons été les premiers à proposer une solution de désinfection à chaque vol pour nos clients Charter/Vol sanitaire pendant le confinement. Le préjudice financier n’est pas lié à l’annulation et au remboursement qui s’ensuit car nous remboursons une prestation non réalisée, donc nous ne sommes pas spoliés, contrairement à ce qui peut être dit… En revanche avec 13 avions à terre depuis mi mars nous souffrons d’une chute immédiate de nos revenus qui tombent presque à 0 pendant près de 4 mois, et les 4 mois les plus forts en terme de fréquentation, c’est presque 50% de nos revenus annuels qui ont disparu…"
Est-ce que ce préjudice a fragilisé votre entreprise ?
"Une chose est certaine, cela n’a pas renforcé l’entreprise ! Nous étions dans une dynamique de croissance avec la livraison d’un 13ème appareil, là notre développement programmé prend un coup d’arrêt. Twinjet est une compagnie sérieuse, créée en 2001 et toujours bénéficiaire depuis sa création. Les temps sont durs pour tous et seuls les plus organisés et les plus réactifs passeront la crise. Nous voulons croire que nous faisons partie de ceux-là grâce à l’implication des équipes qui savent pouvoir compter sur leur actionnaire si nécessaire devant un sentiment d’abandon face aux aides publiques pour les petits acteurs de la filière. Nous avons éliminé le mot "risque" de notre vocabulaire. Si Twin Jet devait disparaître de Haute-Loire ce serait parce que les clients auraient disparus, donc souhaitons nous réciproquement que cela ne soit pas le cas !! Nous sommes attachés à notre implantation locale et nous ferons le nécessaire pour développer l’activité lors de la reprise des vols la première semaine de septembre".
----Quelle est la différence entre :
Aérodrome : Surface sur l'eau ou sur terre qui permet d'assurer l'atterrissage et le décollage des avions. Souvent à proximité sont implantés des bâtiments servant au stockage et à l'entretien des aéronefs.
Aéroport : Ensemble des bâtiments et des installations qui servent au trafic aérien. aérogares, aires de transit.
Aérogare : Désigne l’ensemble des bâtiments d’un aéroport destinés aux passagers et comportant tous les locaux nécessaires au trafic (les salles d’attente, les bureaux de la sécurité, de la douane et les boutiques).-----Quel est l'avenir pour Twin Jet dans le département ?
"L’avenir ne peut se concevoir qu’avec des clients, donc la bonne santé et le dynamisme des entreprises altiligéroises est la clé de l’avenir de notre compagnie en Haute-Loire".
Les restricitions sanitaires se relachant un peu, avez-vous repris votre activité actuellement ?
"Non. À la date 12 juin nous n’avons pas repris nos vols. Une tentative de reprise à compter du 10 juin a été abandonnée, le courant d’activité étant trop faible avec toujours des tensions sanitaires sur Paris qui pourraient être à la source du ralentissement.
Quelles sont, selon vous, les leçons à tirer d'un tel contexte économique ?
"La bonne gestion et la réactivité des entrepreneurs ont été mis en avant dans cette crise ! Les montages financiers alambiqués reposant sur des courbes de croissance montant aux arbres ont trouvés leur limite. La capacité d’autofinancement pourra désormais aussi bien être destinée à l’investissement qu’au possible financement d’une chute soudaine et imprévisible de l’activité. Cela va exiger des sacrifices de la part des entreprises, peut être ralentir leur développement, mais nous serons sur des modèles économiques moins "à la limite" et donc moins sensibles à des cas de figures type Covid".
Avez-vous des projets quant à l'avenir de Twin Jet en Haute-Loire ?
"Des projets nous n’en manquons pas ! Des faits marquants sont à mon avis tout aussi importants pour vos lecteurs comme le maintien de l’activité du Puy-en-Velay avec des équipes conservées malgré la crise. Pour les projets, tout est question d’adaptation… Nous avons opéré jusqu’ici dans un cadre très strict d’aménagement du territoire, peut-être ce cadre réglementaire évoluera t’il permettant des liaisons transversales au départ du Puy-en-Velay. Nous savons que certains y travaillent car plus qu’auparavant cela donnera du sens avec un possible remaniement du ciel français suite aux annonces gouvernementales".
Nicolas Defay