Fabienne, 36 ans, est chargée de mission en économie circulaire au Puy-en-Velay. Jean-Michel, 56 ans, est gérant d'entreprises dans l'yssingelais. Quant à Alexandra, 38 ans, elle est agricultrice à Tence. Trois personnes différentes, trois lieux différents, mais un point commun. Tous trois sont catholiques et fervents pratiquants. En cette époque particulière où l'épidémie a verrouillé tous les espaces de prières en communion, compliqué est ainsi de pratiquer sa religion comme avant le confinement. Mais à travers leurs témoignages, leur foi semble au contraire s'être renforcée durant cette privation. Privation physique mais pas spirituelle.
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----La Pentecôte célébrée dans les églises ?
D'après les dernières annonces gouvernementales, les portes des églises ne devraient ouvrir qu'à partir du 2 juin. "Mais si nous pouvions célébrer la Pentecôte, le 31 mai 2020, en proposant aux fidèles des messes avec peu de monde ce serait un beau symbole", espère l'évêque du Puy-en-Velay Luc Crepy à travers un communiqué du diocèse. La fête de la Pentecôte célèbre l’anniversaire de l’Eglise. En ce sens, cela serait beau de pouvoir se retrouver, même en petit nombre, à ce moment là".-----Faire une croix sur les dimanches en communion
"Avant le confinement, je me rendais à la messe tous les dimanches, confie Fabienne, pratiquante catholique depuis son enfance. Si j’ai une intention de prière particulière et que mon emploi du temps le permet, je m’y rends également en semaine. Sinon je participe à un groupe de prière une fois par mois et, bien sûr, je prie chez moi. Mon mari et moi faisons partie de l’Hospitalité Notre Dame du Puy qui, chaque année, accompagne des malades en pèlerinage à Lourdes."
Jean-Michel est pratiquant depuis son baptême et lui aussi consacrait une partie de son dimanche aux célébrations liturgiques et eucharistiques lorsque que les églises accueillaient encore. "Ce qui m'affecte le plus aujourd'hui c'est l'absence de communion physique et rassemblée en église, partage-t-il. Les rencontres avec les proches et la communauté locale, dont les prêtres, sont limitées ce qui est dur à concevoir".
"Nous sommes encore plus reliés les uns aux autres, et ceci par la prière"
En dépit de cette individualisation forcée pour pratiquer leur foi, tous les trois ont réussi à la renforcer en se concentrant uniquement sur le domaine spirituel. "Ce qui me manque le plus, c'est de ne pas pouvoir communier, explique Alexandra. Lorsqu'on communie au corps du Christ, on communie avec le reste de l'humanité. Et bien aujourd'hui, je me sens paradoxalement encore plus en communion avec les autres. Au lieu de se confiner à sa seule paroisse, aujourd'hui c'est tous les chrétiens du monde qui sont en communion. Nous sommes encore plus reliés les uns aux autres, et ceci par la prière." Un ressenti partagé par Fabienne et Jean-Michel. "Le confinement est privatif puisque limitatif en termes de déplacements mais offre un temps de réflexion personnelle et de recentrage sur soi, sur la personne, le vivant, l'existence, la spiritualité quelle qu'elle soit et la plénitude", assure l'Yssingelais. "L’annonce de la fermeture des églises m’a profondément attristée et surtout le fait de ne plus recevoir le sacrement de l’Eucharistie, admet Fabienne. Puis, j’ai pris rapidement conscience que Dieu est partout et que ce temps pouvait me permettre de vivre ma foi différemment et, quelque part, de l’éprouver".
Le confinement comme une opportunité à renforcer sa foi
À la question de savoir comment ils vivent cette période au quotidien, tous sont unanimes. "Bien et avec une belle opportunité à me concentrer sur l'instant présent, l'ici et maintenant, l'essentiel et non le superficiel, affirme Jean-Michel. C'est une opportunité d'élévation et de conscience, y compris spirituelle pour celles et ceux qui s'y reconnaissent et s'en nourrissent." Fabienne s'exprime en ce sens : "J’ai vécu cette période sereinement, peut-être justement grâce à ma foi qui fait que, même en ce temps de confinement, je ne suis jamais seule. Dieu est avec moi et je sais qu’il est aussi avec tous ceux que j’aime." Quant à Alexandra, elle y voit une preuve de l'existence de Dieu. "Je vis ma foi autrement mais je suis heureuse de voir la fraternité qui se révèle chez les Hommes. C'est pour moi une belle preuve que Dieu existe car il est présent dans tous les gestes d'amour".
"Il est certain que je ne vivrai pas ma prochaine messe comme celles d’avant"
Si l'instant reste tout de même une épreuve pour tous les chrétiens pratiquants du monde, ceux-ci tirent de cette affliction une nourriture bienfaisante. "Cela m’a permis de reprendre conscience de la grâce que l’on a de pouvoir partager l’Eucharistie et de la partager ensemble à chaque messe, certifie Fabienne. Il est certain que je ne vivrai pas ma prochaine messe comme celles d’avant. Je suis sans paroisse fixe et je ressens désormais le besoin d’appartenir à une paroisse et de m’y ’investir." Jean-Michel y voit une définition plus précise du sens de la foi. "Le confinement a limité la pratique religieuse pour certains, permis son développement à distance pour d'autres, ou encore développé d'autres moyens de communication et d'écoute. Il aura également permis la prise de conscience de l'importance du Sens et de l'Existence".
----Les réseaux sociaux, messagers de la parole de Dieu
Au siècle de la communication à distance en temps réel, vous pouvez assister à la messe tous les jours à 10h30, en direct de la cathédrale du Puy-en-Velay. Cette communion virtuelle est visible sur la page Facebook et la chaîne Youtube de la cathédrale.-----Les technologies du XXIème siècle comme vecteur de la parole divine
Alors quelles leçons à tirer de ce confinement ? "Encore plus montrer notre joie de partager notre foi ensemble mais surtout revenir à l’essentiel, c'est-à-dire l’Autre avec un grand A, témoigne Fabienne. On entend beaucoup qu’il faut prendre soin de soi et de son couple. Mais est-ce-que ce n’est pas en se souciant des autres, des plus malades par exemple, que justement on prend soin de soi ?" Un point de vue partagé par Alexandra : "La leçon à tirer serait d'avoir encore et toujours plus confiance en Dieu. Je pense également que nous nous rendons compte que nous avons vraiment besoin des autres pour former nos communautés." Jean-Michel y voit, quant à lui, une occasion d'adapter ses pratiques religieuses avec l'époque et les technologies d'aujourd'hui. "Il faut retenir que nous pouvons développer les moyens de communication à distance pour mieux s'adapter, non seulement à la vie actuelle des concitoyens, de nos déplacements et nos modes de vie, mais aussi accéder à un nouveau mode de communion et de communication au sein des communautés religieuses".