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Les pharmaciens, kiné et orthophonistes de Haute-Loire sur le pont

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

« La Haute Autorité de Santé nous a demandé de fermer nos cabinets au début du confinement, explique Laëtitia Bordet, porte-parole des kinésithérapeutes libéraux de Haute-Loire, nous pouvons encore intervenir à domicile pour les patients qui en ont le plus besoin, mais notre activité est largement réduite ; alors nous avons proposé notre aide. » Depuis le 27 mars, 30 kiné et sept orthophonistes volontaires livrent des médicaments aux patients atteints ou suspectés d’être contaminés par le Covid-19.

Ces volontaires interviennent en partenariat avec les pharmacies de la Haute-Loire (qui elles aussi assurent certaines livraisons). L’objectif est donc de limiter la propagation de l’épidémie en évitant au patient de devoir se rendre en officine. Un système a été réfléchi et mis en place dans le cadre de l’ouverture du centre de consultation Covid du Puy-en-Velay ce vendredi 10 avril. « Le médecin, au niveau du centre, nous envoie l’ordonnance par voie sécurisée (fax ou messagerie sécurisée) et l’équipe officinale assure la livraison du patient ou confie la tâche aux kiné et orthophonistes volontaires que nous remercions chaleureusement », explique Caroline Perrazi, pharmacienne à Vals près le Puy et porte-parole de tous les pharmaciens de Haute-Loire en tant que membre du bureau du syndicat USPO (Union des Syndicats des pharmaciens d’Officine).

Les 86 pharmacies de Haute-Loire ouvertes et sécurisées
Pour ce qui est des patients hors Covid, ils peuvent toujours se rendre dans leur pharmacie locale de manière sécurisée. En effet, la totalité des 86 pharmacies de la Haute-Loire restent ouvertes en cette période d’épidémie, y compris dans les zones rurales. Quant à la sécurité sanitaire, chaque officine a mis en place une organisation qui lui est propre « en fonction de sa situation géographique, avec ses possibilités et ses contraintes mais toutes avec un seule mot d’ordre : la mise en place du maximum de services pour nos patients / clients en cette période de crise », insiste Caroline Perrazi.

Ainsi, les pharmacies font respecter les espaces de sécurité de 1m50, les gestes barrières, le filtrage à l’entrée pour limiter le nombre de personnes présentes en même temps. Certaines ont installé des plexiglass sur les comptoirs pour une protection mutuelle. Certaines ont fait le choix de fonctionner avec leur guichet de garde, les patients restant ainsi à l’extérieur « mais avec des zonages différents pour remettre sa commande / ordonnance, puis ensuite récupérer ses médicaments ; tout ceci en limitant l’attente », souligne Caroline Perrazi. Certaines pharmacies avaient également des sites marchands avec système de click and collect. Des systèmes de drive existent aussi. D’autres proposent également d’envoyer les ordonnances par email afin que l’équipe officinale puisse préparer la commande en amont.

Ne pas reporter des soins indispensables
« Nous avons également un rôle important de mise en garde face à la crainte des patients justement de se rendre chez leurs médecins, remarque Caroline Perrazi. Le risque aujourd’hui serait de ne pas consulter son médecin et de laisser se dégrader certaines situations pathologiques. » Les pharmacies ont ainsi la possibilité, jusqu’au 31 mai, de renouveler les ordonnances pour les patients atteints de maladies chroniques, même si leur ordonnance n’est plus valable. Ceci afin de limiter les consultations en médecine de ville pour les traitements chroniques.

----Faire remplir son flacon de gel
Les pharmacies ont de nouveau reçu du gel hydro-alcoolique. Mais elles sont confrontées à une rupture nationale de flacons. Elles invitent les patients à ramener leurs flacons vides afin de pouvoir les remplir.-----Quant aux masques de protection FFP2, les pharmacies en ont reçus récemment de la part de l’État. « Nous en assurons la distribution aux professionnels de santé selon des règles et un système de dotation bien défini, détaille Caroline Perrazi, mais nous n’avons pas de masques pour les patients ». C’est pourquoi les pharmaciens de la Haute-Loire se sont mobilisés pour obtenir des masques en tissu pour les patients potentiellement atteints pour freiner la propagation de l’épidémie. « L’idée était de pouvoir distribuer un masque à chaque patient sortant d’un cabinet médical, avec les bonnes conditions d’utilisation, le bon usage de ces masques faits maison étant un facteur déterminant de la non contamination », prévient la pharmacienne valladière. Et de remercier chaudement les couturiers et couturières à domicile qui ont confectionné plus de 6 000 masques en tissu grâce à la logistique mise en place par la mairie du Puy et le tissu fourni par les entreprises locales.

« De notre coté nous avons eu un don de 6 000 masques supplémentaires par l’entreprise Interstyl des Ateliers de Boissiers à Malrevers », se réjouit Caroline Perrazi. Ils ont été distribués aux quelque 180 généralistes et 50 spécialistes libéraux de Haute-Loire. Chaque médecin a reçu une dotation de 30 masques en petits paquets scellés à récupérer dans sa pharmacie référente. « Pour la livraison de toutes le pharmacies de Haute-Loire, nous avons eu la grande aide d’AltiLabo », salue Caroline Perrazi. En effet, la flotte de coursiers du laboratoire d'analyses médicales parcourt environ 2 500km par jour. « Sans ça, certains patients ne se déplaceraient pas », glisse Hassan Mahfoudi, biologiste d’AltiLabo.

De l'efficacité des masques en tissu
« Ces masques alternatifs ont été testés et ont une efficacité similaire à celle des masques chirurgicaux » affirme Caroline Perrazi. Et même s’ils présentent une couture verticale le long du nez et de la bouche (un risque de fuite selon l’AFNOR), ceux de l’entreprise Interstyl ont été approuvés par la Direction générale de l’Armement (DGA) comme aussi efficaces que les masques chirurgicaux. « Cela signifie qu’ils ne protègent pas celui qui le porte d’une éventuelle contamination (contrairement aux FFP2) mais ils sont très efficaces pour limiter la propagation de l’épidémie en protégeant l’entourage du porteur », précise Caroline Perrazi citant une étude britannique de 2013 publiée dans le journal scientifique « Disaster Medicine and Public Health Preparedness comparant l'efficacité des masques chirurgicaux et des masques en tissu. Leurs conclusions suggèrent qu' « un masque fait maison ne devrait être considéré qu'en dernier recours pour empêcher la transmission de gouttelettes par des personnes infectées, mais est mieux que pas de protection du tout ».

« Un masque mal porté est inefficace et dangereux ! prévient la pharmacienne, c’est pourquoi avec chaque masque nous distribuons les bonnes pratiques d’utilisation. » Ainsi, l’organisation Mondiale de la Santé souligne que « le masque n’est efficace que s’il est associé à un lavage des mains fréquent avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon ». Le masque doit recouvrir le nez et la bouche. Il faut donc veiller à l’ajuster au mieux sur son visage. Mais une fois posé, « il ne faut absolument pas toucher le devant quand il est porté », poursuit Caroline Perrazi. L’OMS préconise de le porter 4 heures maximum consécutives puis de le laver à 60°C. Enfin, il faut se laver à nouveau les mains, avec du savon ou une solution hydroalcoolique après l’avoir quitté et mis en machine.

Annabel Walker

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