Le préfet de Haute-Loire, la région et le secrétaire général de la COP (conférence des parties) ont ouvert et mené la deuxième réunion de la COP départementale, qui se déroulait à la préfecture du Puy-en-Velay jeudi 17 mai. Après l'annonce de la planification écologique voulue par le président de la République en France, des déclinaisons adaptées au département ont été exposées lors de cette deuxième réunion de concertation.
Plusieurs objectifs :
Pour " Territorialiser et décliner les objectifs de la transition écologique donnés par le président" comme l'a expliqué Yvan Cordier, le préfet de la Haute-Loire, il faut se concentrer sur trois axes : la réduction des Gaz à effet de serre (GES), la lutte contre la pression sur la biodiversité et la préservation des ressources.
"Atteindre la neutralité carbone en 2050"
"L'objectif fixé sur le long terme, d'ici à 2050, est d'atteindre la neutralité carbone", indique le préfet de Haute-Loire. Mais d'autres engagements, avec une temporalité moins lointaine ont aussi été pris pour encourager la protection et la conservation de la planète.
L'objectif pour 2035, fixé par l'Union européenne, est "une réduction de 55% des gaz à effet de serre", rappelle Yvan Cordier. En 2023, la France a réduit de 4,8% ses émissions : " Une trajectoire intéressante" selon Christophe Merlin, le directeur adjoint de la Direction Départementales des Territoires ( DDT). Mais pour que ces objectifs soient atteignables, des mesures locales doivent être mises en place. Chacune de celles-ci sont dictées par les leviers de décarbonation fixés par la région :
( Le dossier complet de la territorialisation de la planification écologique régionale est consultable en cliquant >ici<)
"On peut choisir en Haute-Loire de plus développer un levier, mais il faut agir sur tous les leviers en même temps", a indiqué Julien Lahaie, secrétaire général de la COP.
Pour le département, les priorités iront à la décarbonation de l'industrie et du bâtiment, au stockage de l'eau ainsi qu'à la production d'énergies renouvelables.
Le défi énergétique de la Haute-Loire : les énergies renouvelables
"Il y a une mixité énergétique en France avec du nucléaire et des énergies renouvelables.", précise le préfet. " On aura toujours besoin de l'énergie, notamment d'énergie électrique, mais décarbonisée". Pour cela, différents projets ont été évoqués :
- Le secteur éolien : "L'objectif est d'atteindre les 150 mégawatts ( MG) en 2035", indique Yvan Cordier. " On sera en mesure d'atteindre notre objectif, on ne cherche pas à augmenter le nombre de sites, on est confiant", continue-t-il.
- Le secteur photolvoltaïque : en 2023, 126 MG ont été produits en Haute-Loire. L'objectif pour 2030 est d'atteindre les 495 MG, soit environ de multiplier la production de 2023 par 4. Pour cela, l'exemple d'un projet a été présenté lors de la réunion. "Une grande surface grande unité va se créer autour de l'entreprise Fareva à Saint-Germain Laprade. Trente hectares de panneaux photovoltaïques permettront d'assurer la moitié de la consommation électrique de cette entreprise au plan national" a indiqué Yvan Cordier.
- Le secteur de la méthanisation : Pierre-Anthony Jabot, le délégué territorial Puy-de-Dôme Sud - Cantal - Haute-Loire a tiré la sonnette d'alarme " On pourrait penser que la décarbonation ne passe que par l'électricité, mais le gaz aussi a son rôle à jouer. Il y a 58 unités de méthanisations dans la région et une seule en Haute-Loire, à Saint-Laurent-Chabreuges. 100% du gaz pourrait être produit localement.", indique-t-il. Cette unité de méthanisation permet l'apport d'environ 11% (et jusqu'à 70% l'été) de besoins énergétiques de la ville de Brioude située juste à côté de l'unité. Un projet de mise en place d'unité de méthanisation est en cours à Sainte-Florine. " La méthanisation peut aussi se faire en ville, avec les stations d'épuration", mentionne-t-il. Les boues d'épuration permettent de produire du biométhane, et c'est d'ailleurs ce que s'engage à faire la station d'épuration du Puy-en-Velay pour répondre à la hausse de production d'énergies renouvelables.
"Ça suppose de créer des nappes collinaires"
La question de l'eau a aussi été évoquée "puisqu'on ne peut pas parler d'écologie en Haute-Loire sans penser à l'agriculture", selon le préfet. "Dans un contexte où les températures vont augmenter, il faudra apporter plus d'eau à la plante sans toucher aux nappes phréatiques, ça suppose de créer des nappes collinaires." Pour le moment, ces aménagements ne restent que des projets.
"Ce qui compte pour les clients, c'est le prix. Alors c'est compliqué d'avancer"
Plusieurs sociétés de plasturgies interviennent en Haute-Loire. "On aura toujours besoin de plastique, pour l'alimentaire, le médical, le transport. C'est pour cela qu'il faut adapter les filières plastiques", a exprimé le préfet.
L'entreprise SEDEM, un centre de recyclage et Fontanille, fabricant de ruban élastique et de textile ont présenté fièrement leur activité ce jeudi, mais ont aussi fait part de leur inquiétude : " Il y a une compétition entre le plastique recyclé et le plastique vierge, qui est moins cher. Ce qui compte pour les clients, c'est le prix. Alors c'est compliqué d'avancer". Guillaume Mourot, le directeur général de SEDEM finit par lancer : " Le recyclage en France est en grande difficulté, d'autant plus qu'il est non délocalisable."
"Quand on fait le bilan carbone, on se dit qu'on est mauvais"
Pour répondre à la décarbonation des industries, les entreprises ont appuyé sur la nécessité des bilans carbone : "Quand on fait le bilan carbone, on se dit qu'on est mauvais, mais ça permet de se construire et d'entamer de nouvelles démarches", explique Philippe Ribeyre, membre de la société Fontanille.
Des mesures concrètes seront annoncées pour agir en faveur de la transition écologique en Haute-Loire après avoir reçu la feuille de route de la région, qui devrait être communiquée durant la période estivale.
Marie Gardès