La direction de Géant Casino ne change pas son cap, malgré les inquiétudes et réactions hostiles que la première tentative a généré en Haute-Loire.
C'était le 15 décembre et de nombreux manifestants (syndicalistes, gilets jaunes, salariés d'autres enseignes de la grande distribution et même quelques élus) s'étaient réunis devant les portes de l'hypermarché avant de bloquer les entrées avec des chariots.
Les clients (plusieurs avaient reçu un SMS de Géant pour leur annoncer cette ouverture exceptionnelle), qui n'étaient pas légion, étaient contraints de faire demi-tour. Il en faudra manifestement plus pour que la direction suive la même direction.
Un appel au soutien des élus
Dans un tract syndical, estampillé CFDT, CGT et FO, un nouvel appel à la mobilisation est lancé pour ce dimanche midi. Avec l'espoir de cette fois-ci rassembler davantage les élus. "Nous interpellons le Président de région", peut-on lire dans le tract, "mais aussi Messieurs les sénateurs, députés, maires, nos élus pour la défense de nos emplois et de l’évolution de notre société. Monsieur le Préfet, nous en appelons à votre humanité, vos prérogatives vous permettent de mettre fin à ce type de commerce". Les voir, en nombre, soutenir le mouvement en brandissant leurs écharpes : tel est le souhait de Chrstophe Romeuf, délégué du personnel CGT chez Géant Casino de Vals-près-le-Puy.
La question du modèle de société que l'on veut pour demain
La principale crainte, c'est de voir ce système (ouverture avec des caisses automatiques et seulement quelques vigils) généralisé, avec en perspective "la mort annoncée des caissières", mais aussi du petit commerce de centre-ville qui ne pourra pas s'aligner sur de telles amplitudes horaires.
En toile de fond, c'est la question du modèle de société que l'on veut pour demain qui est posée, comme l'avait souligné le maire du Puy Michel Chapuis au moment d'adopter la motion proposée par le conseiller municipal d'opposition Laurent Johanny. Une motion qui, quelques jours avant cette première ouverture le dimanche après-midi, n'avait pas pu être adoptée par le conseil d'agglo. "Aujourd'hui, c'est nous qui sommes impactés par ces ouvertures [...], demain c'est vous !", peut-on lire dans le tract intersyndical.
La balle dans le camp du législateur
Chaque maire doit déterminer, à l'échelle de sa commune, le nombre de dérogations au repos dominical pour l'année 2020, dans la limite de douze. Si la commune veut ouvrir plus de cinq jours, elle a besoin de l'aval de l'agglo. Après concertation avec les communes de la couronne du Puy, "dans le respect des équilibres commerciaux au sein du bassin", il a été proposé de porter les ouvertures dominicales en 2020 à cinq, comme l'an passé.
Géant profite en fait d'un vide juridique dans cette affaire et le maire n'a aucun levier pour empêcher cette ouverture dominicale. "Qu'ils ouvrent le dimanche matin ou même le dimanche après-midi avec des caisses automatiques, je n'y peux rien, c'est la loi", nous avait répondu le maire de Vals Alain Royet, alors que le bruit courrait que sa municipalité allait demander une dérogation pour davantage d'ouvertures. Pour freiner le mouvement enclenché par la grande distribution, la balle est désormais dans le camp du législateur.