"On peut vraiment parler d'une prolifération, d'une population qui explose". Le président de l'Association communale de chasse agrée de Brioude Bernard Courtet ne masque pas son inquiétude face au développement presque inexorable du petit rongeur masqué.
Parti de l'Allier, il suit le fleuve et on le retrouve dans au moins cinq départements
Au début, on l'a vu coloniser les bords de l'Allier car à l'origine, et c'est de là qu'il tire son nom, le rongeur avait besoin de laver ses aliments avant de les mangers, qu'il s'agisse d'une pomme ou d'une souris par exemple. Mais "la nourriture se rarifiant, il a commencé à se déployer plus largement, toujours en suivant le cours d'eau et ses affluents", explique Bernard Courtet, "jusqu'à colonier le moindre petit ruisselet".
Partant du département de l'Allier, il a petit à petit gagné le Puy-de-Dôme et aujourd'hui, il essaime en Haute-Loire (principalement dans le Brivadois, le long de l'Allier, avec une migration du Nord vers le Sud). "On le voit même descendre jusque dans le Cantal et en Lozère", met-il en garde, "si on ne s'en occupe pas rapidement, ça risque d'aller crecsendo".
Une menace pour la faune, pour les particuliers et les professionnels
Car la prolifération de cet animal omnivore n'est pas sans conséquence. D'abord pour la faune locale : il dévore des lapins, des perdrix, des amphibiens ou encore des poussins. Ensuite pour les particuliers car il n'hésite pas à s'aventurer jusque dans les poulaillers des particuliers ou encore dans leurs potagers (il se délecte de pomme, de salade, de fraises...).
Il présente enfin une menace pour les professionnels car il s'attaque aux silos agricoles, qu'il parvient à percer avec ses dents, ou encore aux vignes. "Souvent, ils sont en groupe de trois ou quatre et en une nuit, ils peuvent ravager 150 pieds de vigne", témoigne le président de l'Association communale de chasse agrée de Brioude.
----Impossible de chiffrer la population
"Pour les mesures, on n'en est encore qu'aux balbutiements", explique-t-il, "c'est inchiffrable car les lieux où il réside sont inaccessibles et on a donc un relevé très superficiel". À la louche, il estime qu'ils sont plusieurs centaines.-----Discret, opportuniste et agressif
Si le rongeur se développe aussi vite, outre son importante fécondité (une dizaine de petits par an), c'est surtout qu'il n'a pas de prédateur. Même le renard ne s'y risque pas et seuls quelques rares chiens de chasse lui font face. "Il est capable de tuer des chiens, il est très agressif", explique le chasseur du Brivadois, par ailleurs piégeur agréé, "c'est un animal hyper discret, très opportuniste, qu'on ne voit presque jamais de jour. Il profite de la nuit pour opérer".
Comme l'animal ne se mange pas, il n'attise guère la convoitise des chasseurs, surtout qu'il est très difficile à débusquer et se cache souvent dans des buissons de ronces près des cours d'eau. S'il se sent acculé, il va grimper dans un arbre mais sinon "il attaque les chiens, mais aussi les humains", souligne-t-il, "à la différence d'un renard qui va toujours fuir".
Pour réguler cette prolifération, il propose des battues et des pièges
Les perspectives pour réguler la population de ratons laveurs sont assez limitées : le président de l'Association communale de chasse agrée de Brioude propose l'organisation de battues et de tirs nocturnes encadrées par des agents de l'ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage), "car c'est un animal très craintif et ce serait plus efficace la nuit". Mais pour les mettre en place, il faut d'abord une autorisation du préfet, qui a été sollicité à cet effet, mais dont la réponse n'est pas encore parvenue.
"On organise bien des battues pour le chevreuil ou le renard, il faut en organiser pour les ratons laveurs", ajoute-t-il. Enfin il reste une autre solution, à la portée de tout un chacun : leur tendre des pièges avec des cages de reprise ; "tout le monde a le droit de le faire pour se défendre et ça marche très bien sur cet animal", conclut-il.
Maxime Pitavy