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Quand la glace échauffe les esprits

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/11/2022 à 06:00

La patinoire éphémère, installée comme à l'accoutumée sur la place du Breuil, prend lentement forme. Dans deux jours, le public pourra tracer son sillon sur la glace naturelle jusqu'à la fin de l'année 2022. Entre temps, le sujet de sa présence...ne laisse pas de glace.

Chaque an, la patinoire prend ses quartiers sur la place du Breuil durant sept semaines à l'approche des fêtes de Noël. Mais cette année, pour la première fois, sa durée d’utilisation sera amputée de 15 jours. "Nous avons décidé de réduire la durée du marché de Noël composé de la patinoire et des 41 chalets, avait précisé Michel Chapuis, Maire du Puy-en-Velay, dans un précédent article. Ils seront en place du 1er décembre 2022 au 2 janvier 2023".

Dans un contexte de dérèglement climatique de plus en plus prononcé, les dispositifs énergivores tels que la patinoire ou les parasols chauffants sur les terrasses de café, ou les événements comme le Mondial du foot au Qatar ou les futurs Jeux asiatiques d'hiver en Arabie Saoudite, déchainent passions et joutes d'arguments contraires.

Photo par Nicolas Defay

"Qu'ils aillent aussi enterrer les champs de lixiviation de lithium"

"Marre de tous ces donneurs de leçons qui veulent que le monde s'arrête !, partage Christian, habitant au Puy et impatient de chausser ses patins. Franchement, c'est pas une patinoire qui va détruire la planète. Si les écologistes veulent vraiment s'attaquer aux causes de la pollution, qu'ils aillent bloquer les aéroports et les ports de chalutiers. Qu'ils aillent aussi enterrer les champs de lixiviation de lithium qui détruisent des milliers de km² d'espace en Australie ou en Amérique du Sud pour alimenter les batteries de voitures électriques !"
À la question, au passage, de ce qu'il pense du Mondial au Qatar, il envoie : "Je regarde, c'est vrai, mais pas chez moi"

"On ne sait plus ce qu'il faut faire"

Romain, brivois trentenaire, est quant à lui partagé. "Je n'irais pas à la patinoire dans un esprit de boycott, affirme-t-il. Et je ne regarde aucun match du Qatar pour la même raison. Mais je comprends aussi les gens qui veulent s'éclater un peu sur la patinoire. Depuis des années, nous sommes tous sous pression. On nous culpabilise sans arrêt pour telle ou telle chose, bien mettre les bons déchets dans la bonne poubelle, se chauffer le moins possible, bien isoler la maison, etc."

Il continue : "En plus de tout ça, on nous donne des infos dont personne ne comprend. D'un côté, il faut une voiture électrique, d'un autre côté on nous dit que les batteries sont extrêmement nocives pour la nature. Dans le même temps, l'essence et le gasoil deviennent inabordables ou en pénurie. On ne sait plus ce qu'il faut faire".

Il termine en ce sens : "Pour la patinoire du Puy, je pense que les gens sont conscients de son impact néfaste. Mais tant que le message ne sera pas clair en général, il est difficile d'en vouloir à tous ceux qui l'utiliseront".

Un offense de plus à la nature pour les uns, un loisir convivial pour les autres.
Un offense de plus à la nature pour les uns, un loisir convivial pour les autres. Photo par Nicolas Defay

La pilule rouge ou la pilule bleue ?

Durant le conseil municipal ponot du 20 octobre, Jean-Williams Semeraro, élu de l'opposition, avait souligné la consommation énergétique d'une telle patinoire. "Ce type d’installation consomme 60.000 kilowatts pendant un mois, l’équivalent de la consommation de 200 frigos pendant une année entière. Beaucoup plus s’il fait doux ou qu’il pleut".

Dur de combiner réalité écologique, intérêt économique et soupape populaire. Si les années qui suivent se dirigent inexorablement dans un dérèglement climatique de plus en plus prononcé, provoqué par les actions et les non-actions de l'Homme, ce triptyque sera sans cesse plus insoluble à résoudre. L'humanité se devra alors de choisir entre la pilule rouge ou la pilule bleue...

Photo par Nicolas Defay

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