Comme chaque année, l'annonce du lancement de la nouvelle campagne hivernale des Restos du Coeur s'accompagne d'un bilan sur l'année précédente, dans ce cas hiver 2018 et été 2019. Les 250 bénévoles répartis sur les 20 centres de la Haute-Loire ont accueilli 3 866 personnes et servi 330 015 repas, ce qui représente une hausse de 7,2% par rapport à la campagne 2017-2018. Au niveau local comme au national, la majorité des bénéficiaires a moins de 26 ans. Marc Lavergne, le nouveau président des Restos du Coeur Haute-Loire, a observé une recrudescence du nombre d'étudiants. Un phénomène de cause à effet lié au logement expliquerait cette situation. "Ce sont des jeunes qui ne gagnent pas ou peu d'argent et qui vivent dans des logements sociaux ou en tout cas peu chers, mal isolés et donc énergivores. L'argent part dans les factures et ils n'ont plus de quoi se nourrir, explique Marc Lavergne, 67 ans, sapeur-pompier à la retraite, il a été le chef du centre de secours de Brioude puis de la caserne du Puy-en-Velay. Et d'ajouter : "Il y a aussi de nombreux jeunes en errance ainsi que des familles monoparentales."
Un budget divisé de moitié ?
Sur le seul centre du Puy-en-Velay, situé chemin du Fieu, environ 46 tonnes de produits alimentaires et d'hygiène ont été distribués l'an passé. Ces produits proviennent de diverses sources : de dons, de négoces, de ramasses dans les supermarchés, de la collecte nationale qui a lieu au mois de mars ainsi que du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). Cette dernière aide précieuse est au coeur de toutes les discussions en cette fin d'année, car son budget pour la période 2021-2027 sera renégocié début 2020.
Pour la période 2014-2020, les Etats européens ont bénéficié d'une enveloppe globale de 3, 8 milliards d'euros, dont 500 millions distribués à la France et consacrés à financer l'aide alimentaire de la Croix Rouge, de la Banque alimentaire, du Secours populaire ainsi que des Restos du Coeur. Mais, à la demande de l’Union européenne, il est question d’intégrer le FEAD dans un fonds plus large, le Fonds social européen (FSE+), qui englobe l’aide sociale et l’accès à l’emploi. Une diversité dans les exercices qui inquiète les associations humanitaires. Craignant une diminution de moitié du budget actuel dédié à l'aide alimentaire, elles ont transmis un message d'alerte aux élus nationaux et européens.
----Rappelons que l'action des Restos du Coeur ne se résume pas à l'aide alimentaire. Ce sont aussi des chantiers d'insertion sociale et économique ainsi qu'une structure spécifiquement adaptée aux jeunes enfants et à leurs parents, les Restos Bébés. La section ponote recherche par ailleurs des bénévoles pour renforcer l'équipe d'accueil le vendredi après-midi.-----Aller à la rencontre des plus démunis
Malgré cette crainte, le nouveau président départemental veut rester optimiste. D'ailleurs, en Haute-Loire, la création d'une nouvelle activité accompagne le lancement de la 35e campagne hivernale des Restos du Coeur : un service d'aide à la personne. "Au-delà de l'aide alimentaire, on constate que certaines personnes sont désemparées, désorientées, qu'elles n'ont plus ou pas de repère dans leur vie. Grâce à cette cellule, ces personnes seront écoutées, accompagnées et orientées vers des structures pouvant répondre aux problématiques identifiées", se satisfait Marc Lavergne. Enfin, et là il ne s'agit pas d'une création mais d'une réflexion qui sera prochainement menée pour venir en aide "aux personnes qui échappent à l'aide alimentaire, celles qui sont isolées, qui connaissent des soucis de mobilité. Il ne faut pas les oublier et nous allons réfléchir aux moyens à mettre en place pour aller à leur rencontre", promet le président des Restos du Coeur Haute-Loire.
Stéphanie Marin