Dans le cadre des 36èmes Journées Européennes du Patrimoine, le parc du chateau du Thiolent à Vergezac, au sud du Puy-en-Velay, a ouvert ses grilles aux visiteurs. Durant deux jours, les propriétaires actuels, Anne et Emmanuel de Veyrac, agriculteurs cultivant la perle verte du Velay, la lentille, ont proposé une visite guidée de leur domaine.
Cinq hectares à 1 000 mètres d'altitude
En arrivant du parking, un immense cadre doré est disposé à l'entrée d'une des somptueuses allées, invitant ceux qui le veulent à immortaliser leur passage devant l'imposant château du XIIIème siècle. Le parc de 5 hectares, situé à 1000 mètres d'altitude, est classé aux Monuments Historiques. Des hêtres, des chênes, des tilleuls invitent à la promenade et à la rêverie. Les murs, les grilles sont d'époque, du début XVIII ème. Sur celle ouvrant sur la façade principale du château, on peut s'émerveiller des armoiries du domaine. Les parterres sont conçus à la Française. Devant la façade de l'antique bâtisse, trône une terrasse abritant des tilleuls taillés en chandeliers. "Certains sont âgés d'au moins 250 ans", avance fièrement le propriétaire.
La lentille, apportée par les Romains
De terrasse en terrasse, d'allée en allée, les visiteurs se laissent séduire par la sérénité des lieux. A gauche en contre-bas du château, l'on peut se balader dans le vivier, une ancienne pièce d'eau. "L'eau est située à 1,50 mètre en-dessous, c'est important pour les tilleuls qui consomment entre 800 et 1 000 litres par jour chacun", explique le châtelain, à l'intention des visiteurs étonnés d'une telle quantité d'eau nécessaire aux arbres. Plusieurs points de vue s'offrent depuis le parc, sur le plateau de la Chaise-Dieu, sur les bois de Noiretable, sur le massif du Mézenc. L'agriculteur revient sur l'origine de la culture de la lentille, "elles auraient été apportées par les Romains de Syrie, la Mésopotamie à l'époque de la Bible, et se sont adaptées facilement aux conditions climatiques. On n'est quand même qu'à deux heures de la Méditerranée", rappelle-t-il. Des jeux de quilles et de croquet disposés de part et d'autres appellent les familles à se divertir un moment. Un jeu de devinettes leur propose également de tester leurs connaissances sur l'histoire du domaine et ses habitants.
Bienvenue au château
A l'issue de la déambulation dans le parc, une surprise royale attend les visiteurs, ravis. Ils peuvent pénétrer dans quelques salles du château, et profiter de la visite toujours agrémentée d'anecdotes historiques par le propriétaire. "A l'époque de sa construction en 1350, c'était une maison seigneurale. Elle a été fortifiée en 1450 pour mettre une famille et ses biens à l'abri pendant une période troublée. On y a construit des douves. Puis des travaux énormes ont été entrepris entre 1650 et 1750 avec notamment l'ouverture des fenêtres. La famille De Veyrac est présente, elle, depuis 1807", introduit-il.
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Une chapelle aux mystérieux reflets colorés
Dès l'entrée, on est saisi par la majesté des lieux. Un clavecin, une tapisserie géante, l'arbre généalogique de la famille attirent tout de suite l'attention. En haut d'un imposant escalier orné de sa rampe forgée, on peut admirer une chapelle et ses mystérieux reflets colorés. Là encore, sur ses murs, trônent les noms de quelques ancêtres lointains. Puis les visiteurs passent de salon en salon, admirent au passage les commodes anciennes, les fauteuils d'époque. Emmanuel de Veyrac s'attarde sur les portraits d'illustres personnalités accrochés au mur. Dans un des salons, un papier peint trompe l'oeil attire justement tous les regards. Dans la pièce voisine, "la tapisserie plutôt sombre fait écho à la période troublée du jansénisme", commente le propriétaire. En sortant du château, les visiteurs peuvent encore découvrir les écuries et les étables.
"Un patrimoine privé mais aussi commun"
Danièle et Germain, 70 ans, sont venus du Puy-en-Velay. "Nos ancêtres ont vécu par ici. On effectue un retour à nos racines et on essaie d'imaginer la vie des gens à l'époque", expliquent-ils, visiblement émus. Solange, Jeannot, Aline et Alain, moyenne d'âge 65 ans, ont aussi vivement apprécié la visite. Solange commente : "on découvre l'histoire des prédécesseurs des actuels propriétaires. On essaie de se projeter dans les époques, comme sur les vieilles photographies. Pouvoir visiter quelques salons du château, c'est vraiment une bonne surprise. Les pièces sont vivantes, il y a beaucoup de mobilier. On aurait aimé en voir plus." "En tous cas, ça fait vraiment plaisir d'être accueillis si gentiment par les propriétaires. Comme Emmanuel de Veyrac l'a dit, ce patrimoine est privé mais il est aussi commun, par toutes les personnes qui y ont oeuvré", conclut son amie.
M-A.B.