Elles sont huit femmes, ce mardi 10 septembre 2019 devant la mairie du Puy-en-Velay, à s’être mobilisées pour demander l’annulation des représentations de l’ours Valentin aux Fêtes Renaissance du Roi de l’oiseau. Mais elles l’assurent, les multiples commentaires sur Internet prouvent, selon elles, qu’un grand nombre de personnes partagent leur opinion. Quant à ceux qui n’auraient pas d’opinion sur la question, le collectif Animalistes 43, à l’initiative du rassemblement de ce mardi, espère leur transmettre un message en marge des représentations du 19 au 21 septembre prochain : « Nous ne voulons pas que le public soit dans l’illusion que l’ours et le dresseur sont complices, que l’ours s’amuse ».
----La pétition contre les représentations de l'ours Valentin au Puy-en-Velay a recueilli plus de 18 400 signatures à ce jour.-----Cette complicité, en revanche, ne fait aucun doute aux yeux de Gérard Langrené, le président de l’association du Roi de l’oiseau. « J'ai vu le spectacle sur plusieurs fêtes historiques, la fusion qui unit l’ours et son maître est visible, se souvient-il, bien sûr que cela reste un animal sauvage, mais un animal qui a été adopté tout petit » (voir la polémique sur l’origine de l’ours Valentin).
D’après celui qui se définit lui-même comme un défenseur de la cause animale, l’ours Valentin ne saurait pas se débrouiller et mourrait s’il était relâché dans la nature. Mais le collectif Animalistes 43 ne propose pas cela, il suggère des sanctuaires spécialisés. « Quand l’ours est à domicile, c’est comme un sanctuaire, il évolue dans un grand espace, il n’est pas attaché », réagit Gérard Langrené.
"À ce moment-là, on interdirait tout"
Mais quand l’ours voyage ? L’association AVES a calculé que Valentin a parcouru 17 000km de route en 2018 pour se rendre sur ses différents lieux de spectacle. « Et les chevaux quand ils font des courses hippiques ? À ce moment-là, on interdirait tout », rétorque Gérard Langrené qui a vu la remorque de Valentin : « une grande remorque climatisée ».
Pour le président des Fêtes Renaissance, le spectacle de Valentin n’est pas un numéro de cirque : « Il s’agit d’une animation culturelle destinée à un public enfantin ». Quant à la notion de maltraitance, Gérard Langrené assure qu’il n’y en a absolument aucune. Ce n’est d’ailleurs pas le créneau du collectif Animalistes 43. C’est bien de la captivité même d’un animal sauvage qu’il s’agit.
Contacté par nos soins, le maire du Puy, Michel Chapuis, a déclaré ne pas avoir de réaction à apporter dans ce dossier.
Questions à Valérie, membre du collectif Animalistes 43 :
Zoomdici : Pourquoi pensez-vous que l’ours Valentin est malheureux et quelles actions avez-vous entreprises ?
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Zoomdici : Comment vous situez-vous par rapport à des associations anti-spécistes qui mènent des actions coup de poing ? Y a-t-il un fossé grandissant entre les ruraux et les urbains qualifiés de « bobo » ?
(Cliquer sur 'Listen in browser' pour une écoute sur mobile ou tablette)
Parmi les sympathisantes venues en soutien au collectif ce mardi devant la mairie du Puy, Catherine Roche n’est pas une urbaine. Elle habite le village de Montbonnet à Bains. C’est une anti-corrida, anti-chasse (notamment au renard) qui a été adhérente de la SPA et qui a adopté le chien Diabolo, tristement célèbre pour avoir été abandonné dans d’horribles conditions.
Géraldine Michaud, elle, habite Vals près Le Puy. Elle s’oppose aussi aux chasseurs « qui viennent tirer tout près des chevaux et ne respectent rien ».
Quant à Emilie Vidal, du Puy, elle est venue avec sa chienne Beagle sauvée d’un laboratoire. « Elle a passé deux ans et demi en cage, elle ne savait ni boire ni manger, elle est traumatisée, elle n'a aucun instinct de chasse, depuis quatre ans que je l'ai elle se socialise un peu mais elle n'est pas tranquille quand il y a du monde et du bruit autour d'elle ».
Annabel Walker
Depuis sa création il y a un an, le collectif Animalistes 43 a déjà mené plusieurs actions :
Des dégustations d'alternatives végétales au foie gras en décembre au Puy
Un village vegan en mai au jardin Henri Vinay
Une pétition pour l’interdiction de la chasse le dimanche en Haute-Loire qui a recueilli plus de 21 000 signatures
Un rassemblement pacifique lors de la venue d’un cirque avec animaux sauvages en juillet à Chadrac
En mars, le collectif a été reçu par le maire du Puy, Michel Chapuis, pour lui demander de prendre position contre la présence de cirques avec animaux sauvages comme l’ont fait 262 communes de France symboliquement (car cela n’empêche rien). Michel Chapuis a semblé attentif pendant une heure de discussion mais n’a pas souhaité se prononcer.
> En 2009, le dresseur Frédéric Chesneau avait rencontré un grand succès auprès du public du Roi de l'oiseau avec son ours de l'époque, Julia :
Roi de l'Oiseau : le dresseur d'ours (édition 2009) from Zoomdici Haute-Loire on Vimeo.
Reportage : Maxime Pitavy