Le projet « Nouveau Poutès » vise à reconfigurer en profondeur cet aménagement sur l'Allier avec le remplacement du barrage de 18 mètres de hauteur par un ouvrage de quatre mètres, réduisant ainsi de 80 % les nuisances écologiques, tout en conservant plus de 80 % de la production d'électricité renouvelable. Après des années et des années de conflit autour de l'actuel barrage de Poutès, EDF, élus, riverains et associations se sont accordés autour d'un projet aux enjeux croisés soit environnementaux, économiques et touristiques... Francis Rome, président de la commission locale de l'eau du Haut-Allier revient sur les débats autour de ce projet, mais aussi les évolutions et les enjeux.
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"C’est vrai que ça s’est étalé dans le temps, ça a nécessité de nombreuses discussions et ça continue d’ailleurs à susciter des discussions", concède Sylvain Lecuna, chef de projet Nouveau Poutès chez EDF. Et d'ajouter : "L’essence même de ce projet, c’est qu’il est construit avec le territoire, ce n’est pas un projet EDF. Et c’est ensemble que nous avons cherché la meilleure solution qui nous permettait de concilier la préservation de l’environnement avec le passage des saumons mais également la production d’énergie puisque cet aménagement produit une énergie renouvelable qui est importante pour le département. Elle représente la consommation d’une ville comme celle du Puy-en-Velay."
(Sur le chantier du barrage de Poutès avec l'équipe d'EDF, les élus et les représentants d'associations. Photo © Zoomdici - SMa)
Les contraintes techniques d'un tel chantier
Ceux qui s'affrontaient autrefois se sont donc retrouvés ce jeudi 29 août 2019 sur le chantier du barrage de Poutès pour découvrir l'avancement des travaux qui ont débuté il y a presque un an. La phase actuelle consiste à l'enlèvement de trois vannes dont chacune pèse 30 tonnes et qui seront découpées puis évacuées pour pouvoir en recycler la matière. "Les difficultés techniques d’un tel chantier, déjà en termes de phasage, c’est d’arriver à caler les travaux en prenant en compte tous les éléments du milieu, que ce soit la reproduction des oiseaux, la circulation des poissons, mais aussi l’hydrologie. On travaille dans la rivière uniquement quand les conditions d’hydrologie sont suffisamment bonnes, c’est-à-dire quand on n’a pas trop d’eau, pour nous permettre d’amener les engins au plus près de l’ouvrage, explique Sylvain Lecuna. Il y a une certaine prudence à avoir qui nécessite de bien réfléchir et d'anticiper les travaux. C’est pourquoi notre calendrier s’étale sur trois ans."
"On a espoir que ce projet-là libérera le Haut-Allier pour notre poisson emblématique"
Lionel Martin, président de la Fédération de pêche de Haute-Loire, était présent lors de cette visite de chantier. Le projet tel qu'il est défini aujourd'hui (pour le découvrir en détail cliquez ici) permettra une totale transparence de l'ouvrage pendant 91 jours et ainsi aux saumons de franchir l'obstacle sans encombre. "On a espoir que ce projet-là libérera le Haut-Allier pour notre poisson emblématique de Haute-Loire, le saumon du Haut-Allier, confie Lionel Martin. Les meilleures frayères à saumons étaient sur le très Haut-Allier, mais elles étaient sclérosées et donc annulées par ce barrage-là. Et ce même si à la fin des années 80, l’aménagement avait été fait pour permettre le franchissement. En fait, en 2018, 18 saumons sont passés, donc peu avait accès au très Haut-Allier."
Sur le chantier du barrage de Poutès en vidéo
Stéphanie Marin