Depuis mai, le téléphone ne cesse de sonner au centre Pajemploi du Puy-en-Velay: "On n'arrive plus qu'à répondre à 20 % des appels, et encore" se désole Céline Lioutaud, représentante syndicale de la CGT. Les 140 agents qui, depuis leurs locaux installés en face de la gare, servent d'intermédiaires administratifs entre assistantes maternelles et gardes d'enfants et parents employeurs à l'échelle de la France, n'en peuvent plus. Pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail, ils ont décidé de faire grève une heure par semaine. Une réforme souhaitée mais mal appliquée Le motif de cette mobilisation est lié à la réforme du complément mode de garde (CMG), intervenue en mai. Par le biais de cette aide, l'Etat prend en charge une partie de la rémunération que reçoivent les assistantes maternelles. Elle était auparavant reversée par la CAF aux parents employeurs, après qu'ils ont avancé la totalité du salaire. Depuis la réforme, ils n'ont plus qu'à payer le reste à charge car, leur déclaration faite, le Pajemploi s'occupe de toute la transaction, en ajoutant lui-même le CMG au revenu des nourrices. Les salariés du Pajemploi ne sont pas opposés à cette évolution, bien au contraire: "C'est une très bonne chose sur le principe car cela permet de simplifier les démarches et de gagner du temps"estime Céline Lioutaud. Mais sa mise en oeuvre s'est accompagnée d'un important bug informatique, à cause duquel près de 10 000 familles (sur les 850 000 inscrites à Pajemploi) ne bénéficient plus du CMG et/ou paient des cotisations dont elles ne sont pas redevables. Inertie des instances dirigeantes "Qu'il puisse y avoir des problèmes le premier mois du déploiement d'un nouveau système, ça s'entend, estime Céline Lioutaud, secrétaire syndicale CGT organismes sociaux. Mais nous en sommes désormais au troisième mois, et rien ne bouge. Nous essayons donc d'alerter les instances, nationales pour qu'elles prennent conscience de l'urgence de la situation." Embauche de CDD et commission d'urgence Au total, près de 10% des assistantes maternelles inscrites à Pajemploi seraient pénalisés par ce problème informatique. En l'absence de réaction de la part de la direction de l'Ursaff, dont dépend Pajemploi, les employés n'ont d'autre réponse à apporter aux personnes qui les appellent qu'un "On ne sait pas.". Ils s'exposent ainsi à l'exaspération, pouvant aller jusqu'aux larmes et à la colère, de certains parents et salariés. Une commission d'urgence a été mise en place pour les particuliers employeurs en difficulté, ceux qui disposent des plus faibles revenus (le CMG peut représenter jusqu'à 85 % du salaire dû). "Pour ça, il faut qu'ils se manifestent à nous ou à la CAF, explique Céline Lioutaud. Le nombre de demandes est monté à plus d'une centaine en quinze jours." De plus, une trentaine de CDD ont été embauchés au niveau de Pajemploi et de l'Ursaff. Trop peu pour traiter l'avanlanche de mails et d'appels. Eddie Rabeyrin